Les forces ukrainiennes pourraient-elles en venir à perdre leur plus importante prise de guerre – la région russe de Koursk – au cours des prochaines semaines ? Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a annoncé, lundi 10 mars, “renforcer” son contingent militaire dans l’oblast, où Moscou a revendiqué d’importantes avancées ces derniers jours, à mesure que les Etats-Unis lâchent leur allié ukrainien.Selon l’agence de presse britannique Reuters, les forces russes ont continué d’avancer lundi dans l’oblast, “dans le cadre d’une vaste opération d’encerclement visant à forcer des milliers de soldats ukrainiens à fuir ou se rendre”. Moscou a lancé ces derniers jours une offensive de parachutistes “afin de couper les lignes d’approvisionnement de l’Ukraine et les voies potentielles de retrait”.Les troupes ukrainiennes occupent en effet depuis cet été plusieurs territoires de la région frontalière de Koursk, où ils ont lancé en août 2024 une large offensive, visant à faire pression sur Moscou, en cas de futures négociations territoriales. Des 1 300 kilomètres carrés conquis par l’armée de Kiev, 800 avaient été récupérés à la mi-février par les forces russes, qui semblent poursuivre leur avancée de manière fulgurante. “Au cours des quatre derniers jours, les troupes russes ont repris dans la région autant de territoires qu’en quelques mois”, estime le milblogueur russe Rybar, proche du ministère de la Défense.Le soutien des soldats nord-coréensLe groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), qui produit régulièrement des analyses sur l’état du champ de bataille, confirme une “intensification de l’activité russe dans la région”, et la prise de plusieurs localités autour de Soudja. Une avancée permise par le soutien des forces nord-coréennes, qui y ont déployé 12 000 hommes à partir d’octobre 2024. Selon le média ukrainien Suspilne, cité par l’ISW, deux bataillons des forces nord-coréennes opéreraient près de Soudja. Paraissant être mieux entraînés, ils “agissent de manière plus cohérente”. Une référence aux témoignages de soldats nord-coréens dénonçant d’importantes pertes, après avoir été envoyés sur le front sans préparation.NEW: Russian forces are collapsing the northern part of the Ukrainian salient in Kursk Oblast following several days of intensified Russian activity in the area.
The temporal correlation between the suspension of US intelligence sharing with Ukraine and the start of Russia’s… pic.twitter.com/kmvrBihrg9— Institute for the Study of War (@TheStudyofWar) March 10, 2025″L’offensive russe met sérieusement en difficulté l’Ukraine, au moment où le dégel printanier transforme les routes en pistes boueuses. Doit-elle se retirer de Koursk, et si oui, peut-elle le faire sans se précipiter en désordre vers la frontière sous le feu intense des Russes ?” analyse Reuters.En parallèle, les forces russes maintiennent leurs efforts en Ukraine orientale, pour repousser les troupes ukrainiennes de la frontière avec l’oblast russe de Belgorod, et afin de se rapprocher à portée d’artillerie de la ville de Kharkiv. Moscou projette également de capturer le reste des régions séparatistes de Lougansk et Donetsk. Les forces ukrainiennes y ont récemment avancé, près de Toretsk et Pokrovsk. Enfin, au sud, la Russie maintient ses positions, progressant dans l’ouest de l’oblast de Zaporijia.Pénalisée par le retrait américainEn mauvaise position, l’Ukraine se voit fortement pénalisée par le désengagement des Etats-Unis. “La corrélation temporelle entre la suspension du partage de renseignements américains [le 5 mars, NDLR] et le début de l’effondrement du saillant ukrainien à Koursk est remarquable”, note l’ISW. Tandis que la Russie n’obtenait que des gains progressifs depuis plusieurs mois, les renseignements ukrainiens ont commencé à signaler des avancées rapides au cours de la semaine dernière.La suspension de l’aide militaire affecte par ailleurs la défense aérienne ukrainienne, les Etats-Unis permettant l’action des brouilleurs de radars utilisés par les avions pour se défendre contre les frappes dans l’arrière-pays. Le rapport de force menace d’être de plus en plus inégal : jusqu’ici, l’artillerie ukrainienne tirait en moyenne un obus, contre trois du côté des Russes.L’Ukraine se prépare à des pourparlers avec de hauts diplomates américains en Arabie saoudite mardi, le président américain Donald Trump faisant pression pour une fin rapide de la guerre. De leurs côtés, les alliés européens tentent de continuer à fournir une aide matérielle et financière à Kiev. Dimanche, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, a annoncé que Paris utiliserait les intérêts sur les avoirs russes gelés pour fournir une aide de 195 millions d’euros à l’Ukraine.Les partenaires européens cherchent également une solution pour fournir à l’Ukraine des images satellites disponibles dans le commerce, pour compenser les renseignements que les Etats-Unis ont cessé de fournir.
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Publish date : 2025-03-10 17:32:00
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