Une fois passé l’effet de sidération provoqué par la scène dantesque d’humiliation infligée par Donald Trump à Volodymyr Zelensky le 28 février – qui donne une petite idée sur la forme de ce que le chancelier autrichien Kurt von Schuschnigg a dû subir de Hitler en 1938 – le message maintenant est parfaitement compris de tous : les Etats-Unis abandonnent l’Ukraine et se rapprochent sans contrepartie de la Russie, alors même que celle-ci est beaucoup plus affaiblie qu’on ne le croit économiquement et militairement. Il n’y a hélas, plus de doute possible sur ce renversement historique de l’axe géopolitique mondial.Certains commentateurs cherchent à rationaliser le comportement du président américain et veulent y voir une approche inversée de la doctrine Kissinger adoptée dans les années 1970 : diviser l’axe Pékin-Moscou en se rapprochant de l’un de ses pôles. Contrairement au siècle dernier, Washington miserait cette fois-ci sur Moscou dans l’objectif d’affaiblir Pékin. Quelle erreur de jugement ! Ce désengagement américain offre au contraire à la Chine une victoire supplémentaire dans une guerre où elle n’a jamais eu à combattre mais dont elle a su exploiter chaque phase à son avantage.L’immense risque pris par WashingtonLe premier succès chinois est évident : avoir réussi à renforcer son emprise sur son voisin russe dès le début de la guerre. En effet, le 4 février 2022, quelques jours avant l’invasion russe, Xi Jinping et Poutine proclamaient leur “amitié sans limite”. Trois ans plus tard, la guerre n’a pas affaibli leurs liens. Bien au contraire, elle les a consolidés. Sur le plan économique, face aux sanctions occidentales, les échanges bilatéraux ont bondi à 240 milliards de dollars en 2023, une hausse de 26,3 % en un an. La Chine sert désormais d’intermédiaire pour contourner les restrictions européennes et “l’usine du monde” peut ainsi s’appuyer sur le plus grand réservoir énergétique mondial : un gaz russe massivement redirigé vers la Chine. Officiellement, celle-ci promeut une “neutralité constructive” et ne livre pas d’armes à la Russie. Mais tout le monde sait qu’elle alimente son industrie de défense en biens à “double usage” pouvant aussi bien servir à l’industrie civile que militaire.Et c’est dans ce contexte que Donald Trump offre une nouvelle victoire à la Chine en cisaillant l’axe transatlantique, matrice majeure du monde démocratique depuis cent cinquante ans ! Washington, sous l’impulsion d’un petit groupe de théoriciens dont nous découvrons chaque jour les visages et les propos revanchards, totalement déconnectés des réalités du monde, promet un “règlement” du conflit en contournant ses alliés historiques. Une rupture de plus entre Occidentaux après les menaces de guerre commerciale et le chantage concernant le financement de l’Otan. A juste raison, nous évoquons la menace immense qui plane sur la paix en Europe. Mais nous n’insistons pas assez sur le fait que les Etats-Unis prennent pour eux-mêmes un immense risque : pousser leurs propres alliés marginalisés diplomatiquement, affaiblis économiquement et menacés commercialement dans les bras de Xi Jinping.Les prochaines semaines pourraient bel et bien marquer une nouvelle victoire chinoise. Car la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine et du partage de renseignements par les Etats-Unis rend incertaine la poursuite du conflit. Dans de telles conditions, Volodymyr Zelensky n’a en réalité pas d’autre choix que d’accepter de négocier. C’est la fin d’un tabou : une grande puissance peut désormais s’emparer de territoires par la force. Pékin, qui considère Taïwan comme une province rebelle, n’est pas près d’oublier la leçon. Désormais, sous couvert d’un rapprochement avec Moscou censé affaiblir Pékin, Trump lui offre sur un plateau un précédent inespéré. Il faut cesser d’imaginer un calcul fin là où il n’y a qu’une lecture idéologique et simpliste de l’état du monde : Trump a commis une erreur stratégique monumentale. Non seulement il redonne du souffle à la Russie, qui reprendra son expansionnisme une fois ses forces retrouvées, mais il ouvre surtout la voie à une Chine plus puissante, plus influente et plus déterminée que jamais face aux Etats-Unis.Jean-François Copé, ancien ministre, est maire (LR) de Meaux
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Author : Jean-François Copé
Publish date : 2025-03-10 11:00:00
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