Par les hasards du calendrier et des soubresauts de la politique française, la période d’enquête s’est révélée particulièrement défavorable. C’est entre le 5 décembre 2024 et le 20 janvier 2025 que la chambre de commerce franco-américaine (AmCham) et le cabinet de conseil Bain & Company ont pris la température auprès des entreprises américaines présentes en France. Autrement dit, au lendemain de la chute du gouvernement Barnier et avant que le budget Bayrou ne soit enfin voté, cette phase de flottement succédant à celle des débats parlementaires de l’automne dont la créativité fiscale a effaré plus d’un décideur économique. Pas étonnant, dans ces conditions, de voir les investisseurs internationaux gagnés par une certaine fébrilité, visible dans les chiffres du baromètre “AmCham-Bain”, le 25e du genre. Seulement 39 % des dirigeants de filiales françaises de sociétés américaines sondés estiment “excellente” ou “bonne” la perception de notre pays par leur maison mère. Soit un décrochage de 13 points par rapport à l’an dernier. Certes, ce résultat reste très supérieur aux 11 % des débuts du quinquennat de François Hollande, “l’ennemi de la finance”. Mais l’on s’éloigne un peu plus des 64 % de 2021, pic de la dernière décennie.Cette détérioration inquiète d’autant plus qu’elle se double d’un accès de défiance vis-à-vis des perspectives tricolores. Pour choisir un film, un restaurant comme pour décider d’un investissement, le bouche-à-oreille a son importance. Or la moitié des sondés confient qu’ils ne recommanderaient pas la France à leurs compatriotes comme destination d’implantation – encore une fois, l’intermède d’instabilité durant lequel l’étude a été conduite n’est pas étranger à ce mauvais score. Le pessimisme des dirigeants américains risque, lui, d’être plus durable. Près de la moitié d’entre eux s’attend à une dégradation de l’économie française dans les deux ou trois prochaines années.Une chute sévère des investissements américainsLe coup de froid perceptible au travers de ce sondage transparaît déjà dans les données bien concrètes des investissements directs étrangers. Les chiffres de Business France sont venus confirmer notre perte d’attractivité, avec 1 688 projets recensés en 2024, soit 7 % de moins qu’en 2023. La première baisse depuis 2020 et la crise sanitaire. Pour les seuls Etats-Unis, premier pays investissant dans l’Hexagone, la chute est particulièrement sévère : -17 % en un an. En nombre d’emplois aussi : alors que les plans américains auguraient de la création de 17 000 postes en 2023, moins de 7 300 sont prévus sur la base des annonces de 2024.Pour redorer le blason français, nos partenaires d’outre-Atlantique ne sont pas en panne d’idées. Dans le top 3 des pistes poussées par les dirigeants interrogés par l’AmCham et Bain figurent la simplification administrative et réglementaire, la réduction des charges fiscales et sociales et… la réduction de la dette publique. Les agences de notation américaines sont au diapason. Standard & Poor’s a récemment mis un bémol à son “AA-“, en abaissant sa perspective à “négative”. Sa consœur Fitch, elle, actualisera la note de la dette française dans la soirée du 14 mars. Avec le risque, cette fois, d’une dégradation, qui écornerait un peu plus l’image de la France.
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Author : Muriel Breiman
Publish date : 2025-03-06 05:30:00
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