James Bond est finalement bien le produit de son époque – ou en tout cas, de son industrie. Enfant chéri de la MGM – un des géants du cinéma du XXe siècle –, l’agent secret le plus célèbre de l’Histoire est définitivement passé en février entre les mains d’Amazon. La plateforme avait déjà acquis la franchise en 2022, en ayant raflé les studios et le catalogue MGM. Sans pour autant pouvoir l’exploiter comme elle le souhaitait. Une partie du “contrôle créatif” de la saga était toujours détenue par les ayants droit de la famille Broccoli, producteurs historiques du personnage. La situation était une épine dans le pied de Jeff Bezos, patron d’Amazon et grand fan de James Bond. Comment concilier la gestion familiale des Broccoli, capables de donner le rôle à un acteur quasi inconnu sur la base d’une “intuition”, avec l’aversion au risque d’un géant numérique comme Amazon ? La réponse est simple : c’est impossible.Après trois ans de guerre de tranchées, James Bond connaît sa plus longue pause depuis la création de la franchise. En décembre, le Wall Street Journal décrivait avec force détails les différends irréconciliables entre les deux camps. Au point de manier l’insulte, Barbara Broccoli décrivait, selon des propos rapportés, les créatifs d’Amazon comme des “imbéciles”. La productrice désapprouvait le projet de la firme de décliner Bond en multiples séries et films – un peu à la manière dont Disney a pu se saisir de Star Wars. “La spécificité de la franchise James Bond est sa capacité de réinvention tous les quinze ans. Cette fois, elle est concomitante à un changement dans l’économie du cinéma : le passage du règne des studios à celui des plateformes”, note Matthieu Letourneux, professeur de littérature à l’université Paris-Nanterre, spécialisé dans la littérature de genre.Perdu dans les limbes depuis le départ de sa dernière incarnation, Daniel Craig, l’espion de Sa Majesté n’a ni scénariste, ni réalisateur, et surtout aucun nouvel acteur. Son passage complet dans le giron d’Amazon devrait rapidement relancer la machine. Peu après l’annonce de sa prise de contrôle créatif total, Jeff Bezos a questionné les fans sur les réseaux sociaux : “Qui choisiriez-vous pour le prochain Bond ?” La démarche a de quoi faire s’étrangler les puristes. Il faut imaginer les sueurs froides – une 26e itération du personnage, choisie par algorithme ! Les parieurs s’affolent. Un temps favori, Aaron Taylor-Johnson, abonné aux rôles de super-héros, a perdu sa place au profit de James Norton – une autre belle gueule à la prestance très aristocratique. A moins que le jeune Harris Dickinson, héros de la Palme d’or Sans filtre, ne vienne mettre sa beauté délicate au profit du MI6. Il serait un contraste saisissant avec le Bond de Craig, viril, sombre, hanté par les fantômes du passé. Un homme d’action avec ses fêlures, taillé pour coller aux obsessions des blockbusters actuels. A de rares exceptions – on pense facilement à George Lazenby – les Broccoli ont su manier la plasticité du personnage pour éviter qu’il ne sombre trop longtemps dans la ringardise. Avec eux, tout était question d’instinct. Bezos et ses algorithmes en auront-ils ?
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Author : Alexandra Saviana
Publish date : 2025-03-04 10:30:00
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