“Un désastre à la Maison-Blanche pour Volodymyr Zelensky… et pour l’Ukraine”, désespère The Economist. Même désarroi chez le journaliste du New York Times, Peter Baker : “Je couvre la Maison-Blanche depuis 1996, et je n’ai jamais vu ça.” Vendredi 28 février, la visite du président ukrainien à la Maison-Blanche – dont le but initial était de signer un accord sur les minerais – a tourné à l’empoignade géopolitique, sous les yeux du monde hébété. Le président ukrainien a claqué la porte sous les cris de Donald Trump.”Les échanges houleux constituaient une violation frappante de la courtoisie du Bureau ovale, où même les échanges difficiles se sont généralement déroulés avec des voix calmes et un langage diplomatique”, commente le Washington Post. Pourtant, tout n’avait pas si mal commencé. Si l’accueil n’est pas d’une ferveur excessive sur le perron de l’aile ouest, au 1600 Pennsylvania Avenue, le président Donald Trump sert la main de son homologue ukrainien. Il le taxe même d’une blague sur la désormais célèbre tenue aux accents militaires de son invité : “Il s’est fait très élégant”, lance-t-il aux journalistes.La tension gagne un peu quand Donald Trump déplore la “haine” de Volodymyr Zelensky pour Vladimir Poutine. Pour l’instant, le chef d’Etat ukrainien se contente de s’agiter dans son fauteuil mais ne dit rien. Puis, c’est J.D. Vance, le vice-président américain, qui lance les hostilités, en appelant à miser sur la “diplomatie” pour mettre fin à la guerre déclenchée il y a trois ans par l’invasion de la Russie. Volodymyr Zelensky, aussi calmement qu’il le peut, exprime son désaccord et fait valoir que le chef du Kremlin, après avoir annexé la Crimée en 2014, n’avait ensuite jamais tenu parole concernant l’Ukraine. “J.D. Vance a tendu un piège au président ukrainien, qui a refusé de flatter Donald Trump”, expliquent nos confrères de The Economist.”Zelensky aurait peut-être dû cajoler Trump”En effet, l’exposé hérisse J.D. Vance qui accuse son interlocuteur de “manquer de respect” à Washington. Devant un Donald Trump en retrait, le vice-président lui reproche de “forcer des conscrits” à aller se battre. De quoi tendre le chef d’Etat ukrainien. “Avez-vous déjà été en Ukraine ?”, demande-t-il. J.D. Vance réplique qu’il ne fera certainement pas une visite “de propagande”. Volodymyr Zelensky, bousculé, essaie de se défendre. Il prédit que les Etats-Unis, bien que séparés de l’Europe par un océan, finiront bien par “sentir” les effets de la guerre. Et c’est là que le piège se referme. “À ce stade, Zelensky aurait peut-être dû cajoler Trump, une ligne de conduite privilégiée par d’autres visiteurs récents à la Maison-Blanche, notamment Emmanuel Macron de France et Keir Starmer de Grande-Bretagne”, continue The Economist.Car, c’est à ce moment-là que Donald Trump s’emporte : “Ne nous dites pas ce que nous allons sentir !” Le chef d’Etat de la première puissance mondiale gesticule, sa voix ne cesse de gonfler. Volodymyr Zelensky se tient raide dans son fauteuil, pieds plantés dans le sol, les bras croisés. À côté, l’ambassadrice ukrainienne aux Etats-Unis peine à dissimuler sa consternation. “Vous vous êtes mis dans une très mauvaise position. Vous n’avez pas les cartes en main […]. Vous jouez avec la troisième guerre mondiale et ce que vous faites est très irrespectueux envers notre pays”, enfonce le président américain. L’échange se poursuit, pendant une poignée de minutes, devant des journalistes médusés.”Il ne s’agissait pas d’une scène finale de ‘The Apprentice'”Donald Trump, de plus en plus énervé, va jusqu’à poser la main sur l’épaule de Volodymyr Zelensky pour le pousser. J.D. Vance, lui, remet de l’huile sur le feu : “Avez-vous seulement dit merci ?” Le président ukrainien peine à se faire entendre. Quand Donald Trump assure que sans aide militaire américaine la guerre serait finie “en deux semaines”, le chef d’Etat ukrainien, que l’on sent excédé, lance cette pique : “En trois jours. C’est ce que j’ai entendu de Poutine. “Mission réussie pour la Maison-Blanche qui a réussi à faire sortir le chef de guerre de ses gonds. Le président américain porte le coup final en menaçant son invité : “Concluez un accord ou nous vous laissons tomber”. Il met fin à la réunion, au moins dans sa partie publique, en renvoyant la presse du Bureau ovale. “Je pense que nous en avons vu assez. Cela va faire un grand moment de télévision”, se félicite Donald Trump.”Il ne s’agissait pas d’une scène finale de ‘The Apprentice’, mais d’une discussion qui pourrait déterminer le sort de millions de personnes, l’existence d’une nation souveraine et la sécurité d’un continent. Et elle a complètement déraillé”, réagit le New York Times. Peu après, le départ de Volodymyr Zelensky, Donald Trump assène sur son réseau Truth Social : “Il pourra revenir quand il sera prêt à la paix.” Toujours dans la provocation, un conseiller du président américain y publie le menu du déjeuner de travail prévu avec la délégation ukrainienne, en précisant que le poulet rôti et la crème brûlée ont finalement été dégustés par des officiels américains. “Des places se sont libérées”, ironise-t-il.Interrogé quelques heures plus tard sur Fox News sur le fait de savoir si sa relation avec Donald Trump pouvait être réparée, Volodymyr Zelensky a répondu “bien sûr”, même s’il a aussi affirmé ne pas devoir d’excuses au dirigeant américain. Affirmant qu’il ne “voulait pas perdre” le soutien crucial de Washington, il a souhaité que Donald Trump se place “vraiment plus” de son côté, par rapport au président russe, dans les négociations pour mettre un terme au conflit en Ukraine, envahie par la Russie il y a trois ans. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio l’a ensuite appelé sur CNN à “s’excuser de nous avoir fait perdre notre temps pour une réunion qui allait se terminer de la sorte”. Plus qu’une violente altercation, c’est l’avenir de l’Europe qui se joue.
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Publish date : 2025-03-01 10:21:00
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