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Faudrait être sur Mars pour ne pas avoir entendu parler de La Femme de ménage de l’Américaine Freida McFadden ou bien de La Sage-femme d’Auschwitz de la Britannique Anna Stuart, véritables tsunamis dans nos librairies depuis plus d’un an. En revanche, City éditions, la bienheureuse maison d’édition française de ces deux best-sellers, vous est peut-être moins familière, sans parler de Frédéric Thibaud, son patron, d’une discrétion légendaire.A tel point que lorsque vous tapez son nom sur Internet et les réseaux sociaux, vous trouvez un directeur administratif et financier à Orléans, un câbleur mécanicien à Toulouse ou encore un responsable commercial chez Groupama Centre-Atlantique, etc. Il y a bien, sur Facebook, un éditeur, mais il habite à… Montréal. “Je n’aime pas me mettre en avant”, concède, sourire en coin, Frédéric Thibaud, qui n’appartient à aucun des cénacles de l’édition et fuit les cocktails germanopratins. Raison de plus pour rencontrer cet éditeur à qui aujourd’hui tout semble sourire.Ex-journaliste à RTLC’est ainsi qu’on apprend que ce natif de Bourges de 52 ans a accumulé les diplômes (Ecole supérieure de commerce, maîtrise en lettres modernes, école de journalisme de Strasbourg, maîtrise en histoire de l’art), avant de s’adonner au journalisme, notamment à RTL, où il se lie d’amitié avec Christian English. Une bonne paire, qui va bien bientôt aligner les ouvrages à quatre mains, dont quelques succès, chez First, comme Mardi 11 septembre 2001 ou Affaires non classées. En 2005, tiraillé par le besoin d’être dans le feu de l’action, Frédéric Thibaud saute le pas, et crée City éditions avec son compère. “De mon premier métier, j’ai gardé l’envie de transmettre, simplement, du contenu au plus grand nombre”, nous confie-t-il. Dont acte. Il publie de la non-fiction, puis bientôt des romans grand public et des polars, crée des labels, Terres d’histoires, Ideo, Eden (romance), Korrigan (fantasy), laisse tomber les deux premiers, pas assez rentables. Arrive 2015. Toujours aussi réactif, il publie le premier roman de Virginie Grimaldi, Le Premier Jour du reste de ma vie – “à l’époque, il n’y avait que mépris pour le feel good”, puis se fait piquer son auteure par une grande maison, “c’est le jeu terrible de l’édition”.Frédéric Thibaud, le patron de City éditions.Accélérons. En 2022, il reçoit un mail du chargé de droits de Bookouture, l’éditeur anglais qui a repéré Freida McFadden – autoéditée durant des années -, qui lui vante les mérites de The Housemaid. “Le thriller domestique ou psychologique étant passé de mode, je l’ai ouvert sans enthousiasme, mas l’ai lu d’une traite, séduit par ses rebondissements et son écriture, bon équilibre entre le glauque et l’humour, avec des touches de féminisme. Je n’étais pas le seul récipiendaire, j’ai fait une offre dès le lendemain. Pas très élevée, ce n’était pas encore un phénomène.” Deux mois plus tard, échaudé par “le jeu terrible de…”, il achète trois autres titres puis tous ses romans. Entre-temps, il contacte les éditeurs de poche. “J’ai lu” remporte la mise – Anne Maizeret, la directrice de la littérature étrangère a tout de suite accroché et persuadé sans difficulté sa présidente, Hélène Fiamma. C’est “J’ai lu”, d’ailleurs, qui joue, dans un premier temps, le rôle de caisse de résonance. “C’est normal, à l’étranger, ce type de livres se vendent majoritairement en format poche”, explique Frédéric Thibaud.”Je n’ai jamais vu cela de ma vie, déclare Hélène Fiamma. On a publié La Femme de ménage en octobre 2023, et les ventes ont doublé de mois en mois à partir de mai 2024, on en est au million d’exemplaires ; c’est que les jeunes et les non-lecteurs usuels ont suivi le mouvement.” Effet d’entraînement, alors que chez City, ce premier tome s’était vendu à 35 000 exemplaires, le troisième, La femme de ménage voit tout, publié fin 2024, a dépassé les 150 000, tandis que La Psy, de cette même McFadden, approche les 110 000 (et que La Prof, programmé en avril bénéficiera d’un premier tirage de 180 000 exemplaires !). Il est vrai que la vengeance de ses héroïnes, un peu bizarres et pas forcément touchantes, sur des hommes épouvantables est des plus jouissives.Un éditeur qui a du flair et de… la chanceAutre pépite dans l’escarcelle de City, la Britannique Anna Stuart, passionnée par le sort des femmes durant la Deuxième Guerre mondiale. Là encore, il est question de flair, “mais aussi de chance”, tient à préciser Frédéric Thibaud. “Quand son agent m’a fait parvenir La Sage-femme d’Auschwitz, j’ai tout de suite apprécié ce roman bien écrit et émouvant tiré d’une histoire vraie.” J’ai lu est de nouveau de la partie, tout comme les influenceurs, qui, d’Instagram à Facebook, s’enflamment pour ce roman historique grand public.Résultat, L’Orpheline d’Auschwitz, troisième opus d’Anna Stuart qui vient d’être publié par City, s’installe dans les meilleures ventes – et La Sage-femme… dépasse les 600 000 exemplaires en format poche. “Frédéric sait repérer la très bonne littérature populaire, souligne Hélène Fiamma, et là encore, parmi les acheteurs, nombre de non-lecteurs et d’ados.” Il y a fort à parier que son ascension ne s’arrête pas là, Frédéric Thibaud plaçant “beaucoup d’espoir dans de nombreux titres à venir”. On n’en saura pas plus, c’est que la concurrence rôde, et la discrétion plus que jamais de mise.



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Author : Marianne Payot

Publish date : 2025-02-28 06:00:00

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