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Du jamais vu. Trois jours avant son investiture, Donald Trump lance une nouvelle cryptomonnaie baptisée $TRUMP. “Il est temps de célébrer tout ce que nous représentons : la victoire ! ” proclame-t-il sur X. Ce “meme coin”, ces devises numériques fondées sur une image virale sur la Toile (en l’occurrence celle du président), n’a pas de valeur intrinsèque et son prix fluctue en fonction de l’engouement généré via les réseaux sociaux et les médias. Il est donc sujet à une énorme volatilité et très spéculatif. La monnaie Trump a rapidement grimpé à 75 dollars, une hausse de 760 % par rapport au prix de départ, valorisant l’ensemble des jetons à 74 milliards. Une fortune, du moins sur le papier, pour le président et ses partenaires qui détiennent 80 % du stock.”Il semble que Trump ait accumulé plus de richesses ces dernières vingt-quatre heures que pendant toute sa vie”, a résumé dans la foulée Jon Christian du site Futurism. Le jeton a perdu, depuis lors, les trois quarts de sa valeur, notamment après le lancement trois jours plus tard par Melania, son épouse, de sa propre cryptomonnaie. La valorisation de l’ensemble de la Trump coin atteint aujourd’hui 17 milliards de dollars, nettement plus que celle de la devise de sa femme (1,2 milliard). Le couple a également touché, selon une enquête du New York Times, près de 100 millions de dollars en frais de transaction.Une cascade de produits dérivés TrumpLors de son premier mandat, Donald Trump a exploité ouvertement sa position à la Maison-Blanche pour s’enrichir, au mépris de toutes les règles. Huit ans plus tard, “les efforts pour monétiser sa présidence sont bien plus vastes et bien plus hardis”, estime Richard Painter, ancien responsable des questions d’éthique dans l’administration George W. Bush. Tout est bon pour gagner de l’argent. La campagne électorale a beau être terminée, il continue à lancer une multitude de produits dérivés hétéroclites qui lui rapportent des millions.Dans sa boutique en ligne, on trouve ces jours-ci un soutien-gorge de sport tricolore, une raquette de pickleball (variante du tennis), un plateau de charcuterie, une “pochette bling” incrustée de cristaux pour 550 dollars… Depuis son élection en novembre, quelque 168 nouveaux articles ont été mis en vente d’après Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (Crew), une organisation de lutte contre la corruption publique. Le milliardaire en fait la promotion tous les jours en bombardant ses partisans de courriels. Pour la Saint-Valentin par exemple, il a proposé, moyennant 75 dollars, une photo de lui dédicacée et un mug pour 40 dollars avec le slogan : “J’♥️ me réveiller en sachant que Trump est de nouveau mon président”. Il a profité de son succès aux élections pour gonfler le tarif d’adhésion à son club de golf de Mar-a-Lago : il s’élève désormais à 1 million de dollars contre 200 000 en 2017.Surtout, il peut se targuer d’avoir bénéficié des largesses de grands patrons américains prêts à tout pour le courtiser. Selon le Wall Street Journal, depuis son élection, ils ont donné quelque 80 millions de dollars au couple présidentiel. Melania, aux abonnés absents en 2017, semble avoir décidé de tirer un maximum de profit du retour de son mari au pouvoir. Juste avant le scrutin, elle a publié un livre de mémoires, s’est fait payer 237 000 dollars pour une allocution devant une association conservatrice pendant la campagne et a demandé 250 000 dollars pour une interview à CNN qui a refusé. Après la victoire de son époux, elle s’est mis en tête de vendre un projet de documentaire sur son arrivée à la Maison-Blanche. Les studios Paramount et Disney ont proposé respectivement 4 et 14 millions de dollars pour l’achat des droits. Mais en décembre, à la suite d’un dîner à Mar-a-Lago avec Jeff Bezos, Amazon a annoncé qu’il allait payer 40 millions de dollars, un record absolu. Plus de 70 % du montant devrait revenir à Melania, promue productrice du documentaire. Apparemment, cela ne lui suffit pas. Son impresario propose des “parrainages” tarifés 10 millions de dollars à des PDG de multinationales : en échange, leur nom apparaîtra au générique et ils pourront assister à la première du film.Certains démocrates dénoncent des “pots-de-vin”Ces derniers mois, Donald Trump a aussi récolté une véritable manne financière de la part de groupes de média désireux de rentrer dans ses bonnes grâces. La chaîne ABC de Disney, contre laquelle il avait intenté un procès en diffamation, a accepté de payer 15 millions de dollars de dommages et intérêts. Mark Zuckerberg, lui, a déboursé 25 millions pour mettre fin aux poursuites. Le nouvel occupant du bureau Ovale l’accusait de censure pour avoir suspendu son compte Facebook, après l’assaut du Capitole en 2021. Ça “a tout l’air d’un pot-de-vin”, a résumé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. Même Elon Musk y est allé de son obole pour stopper une action en justice contre Twitter, poursuivi également pour l’avoir banni du réseau en 2021. Il vient de verser au chef de l’Etat 10 millions de dollars. Une grande partie de ces sommes est censée financer la future bibliothèque présidentielle.Traditionnellement, les locataires de la Maison-Blanche, une fois élus, cèdent leurs actifs ou les transfèrent dans un trust géré de manière indépendante. A son arrivée en 2017, Donald Trump a organisé une conférence de presse avec son avocat fiscaliste devant des piles de documents. Il s’agissait de montrer qu’il travaillait dur à mettre en ordre ses affaires pour éviter qu’on l’accuse de corruption. Mais il est le premier leader américain à avoir refusé de se séparer clairement de ses intérêts financiers : il s’est contenté de placer ses actifs dans un fonds géré… par ses enfants. Ce n’est pas tout : lors de son premier mandat, l’organisation Crew a recensé près de 4 000 conflits d’intérêts. Le président a par exemple collecté des centaines de milliers de dollars du contribuable en faisant payer au Secret Service, chargé d’assurer sa sécurité, les chambres à Mar-a-Lago et dans ses clubs de golf !Le chef de l’exécutif américain est exempté des règles fédérales qui limitent ce type de conflits. La Constitution, en revanche, lui interdit de recevoir des “cadeaux” de puissances étrangères. Qu’importe ! Donald Trump a continué à toucher en toute impunité les revenus de ses hôtels fréquentés par les Qataris, les Roumains, les Chinois, à la recherche de faveurs. Il avait même pensé organiser un sommet du G7 dans son club de golf à Miami. Il y a renoncé devant le tollé.Les projets sans limite de la Trump OrganizationHuit ans plus tard, le 47e président semble plus que jamais déterminé à gonfler son compte en banque, profitant d’un Congrès républicain servile qui lui laisse les mains libres. Les risques de conflits d’intérêts se sont multipliés du fait de la considérable expansion de son empire ces dernières années. La Trump Organization a promis, dans le cadre de son plan éthique, de ne pas accepter de nouveaux contrats avec des gouvernements étrangers. L’argent dépensé dans les hôtels par des dignitaires d’autres pays sera reversé au Trésor. Le groupe “s’attache, non pas juste à appliquer, mais à largement dépasser ses obligations légales et éthiques pendant la présidence de mon père,” a assuré Eric Trump, chargé de l’entreprise familiale. Il n’écarte cependant pas la possibilité d’accords avec des partenaires étrangers privés ni la poursuite de nouveaux projets aux Etats-Unis. “Devrais-je stopper toute expansion ? Je ne sais pas quelle est la réponse. J’ai essayé de bien faire en 2016 et j’en ai retiré peu de reconnaissance”, a-t-il déclaré dans une interview.La Trump Organization est déjà en partenariat avec LIV Golf, la ligue créée par l’Arabie saoudite, qui organise un tournoi en avril au club de Doral, en Floride. Elle a aussi signé toutes sortes de projets immobiliers au Moyen-Orient, au Vietnam, en Serbie…. Parallèlement, Jared Kushner, le gendre du chef de l’Etat, a fondé un fonds d’investissement financé en grande partie par les Saoudiens. Car tout le clan exploite financièrement la célébrité du patriarche. Don Jr., le fils aîné, est associé à une série de sociétés dont un fabricant de drones, une firme de capital-risque… Eric, son frère, cherche à racheter l’hôtel à Washington qu’il avait revendu en 2022, sa femme Lara va animer une émission sur Fox News…Plus inquiétant, la famille a investi dans de nouveaux secteurs. La plus grosse partie de sa fortune, du moins sur le papier, ce sont ses 53 % dans Trump Media & Technology Group, la maison mère de Truth Social, son réseau social. Après son introduction en Bourse l’an dernier, l’action s’est envolée de manière spectaculaire avant de chuter. Truth Media a perdu 400 millions en 2024, son nombre d’utilisateurs reste maigre… ce qui ne l’empêche pas, curieusement, d’être valorisée à 6,2 milliards de dollars.Ces derniers mois, les Trump, y compris Barron, le benjamin (18 ans), se focalisent sur les cryptomonnaies. Outre le lancement d’un “meme coin” avant l’investiture, ils sont impliqués dans World Liberty Financial, une autre start-up, qui a levé 300 millions de dollars pour vendre des jetons. De son côté, Trump Media a annoncé qu’il allait créer TruthFi, une plateforme de produits d’investissement et de services financiers. Dès son arrivée au pouvoir, le dirigeant américain a signé un décret visant à assouplir la réglementation de l’industrie des cryptomonnaies.Un président soumis aux influences étrangères ?Les observateurs mettent en garde contre les conflits d’intérêts évidents mais aussi les risques de manipulation et de trafic d’influence. “Tout gouvernement étranger peut arranger un accord en coulisses pour gonfler la valeur du jeton au bénéfice [de Trump]”, résume Puja Ohlhaver, une avocate spécialiste de technologie. Depuis les élections, l’entrepreneur chinois, Justin Sun, sous le coup d’une enquête de l’Autorité des marchés financiers, a acheté pour 75 millions de jetons de World Liberty Financial dont il est maintenant conseiller. La Banque centrale suisse, selon l’ONG Crew, a pris une participation l’an dernier dans Truth Media.”Le système a marché jusqu’ici car tous les présidents ont fait passer la fonction avant leur enrichissement personnel”, poursuit Richard Painter. Il reconnaît toutefois que les lois, qui reposent sur la bonne foi de l’occupant de la Maison-Blanche, n’ont pas été écrites pour un individu peu soucieux d’éthique, à la tête de sociétés cotées, évaluées à des milliards de dollars. Donald Trump, à peine en place, a démantelé le système de contrôle. Il a limogé une vingtaine d’inspecteurs généraux chargés de déceler la corruption, ainsi que les directeurs de deux agences fédérales responsables des questions d’éthiques. Il a également fait suspendre la loi qui interdit aux entreprises américaines d’offrir des pots-de-vin à des gouvernements étrangers pour obtenir des contrats. Ces actions “vont faciliter ses efforts actuels et ceux de son administration pour tirer un profit personnel et éviter de rendre des comptes. On ne peut pas le laisser faire”, a réagi sur X Noah Bookbinder, le président de Crew.Mais il n’y a guère de parade possible. En minorité, les démocrates, ne peuvent pas diligenter d’enquêtes au Congrès comme en 2017. La Cour suprême a accordé au président une vaste immunité dans l’exercice de ses fonctions. Et les poursuites intentées lors de son premier mandat pour avoir reçu des paiements de pays étrangers ont traîné, avant d’être abandonnées à son départ en 2020. Lorsqu’on lui a demandé récemment s’il comptait continuer à vendre ses “meme coins”, Donald Trump a répondu : “Je ne sais pas grand-chose là-dessus à part que je les ai lancés. On m’a dit que ça marchait très bien.”



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Author : Hélène Vissière

Publish date : 2025-02-25 07:00:00

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