Une Côte d’Azur du Moyen-Orient ou l’enfer sur Terre ? Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, le 19 janvier, le sort des 2,1 millions de Palestiniens qui peuplent cette enclave palestinienne agite le monde entier. Chacun avance son plan, des propositions extrêmes de Donald Trump aux promesses en dents de scie des pays arabes. Mais personne, ou presque, ne s’intéresse à l’avis des premiers concernés : les Gazaouis.Evidemment, recueillir cette opinion ressemble à une mission impossible, puisque la bande de Gaza reste fermée aux journalistes internationaux et que ses habitants vivent dans une précarité absolue, au milieu d’un territoire détruit à plus de 70 % par quinze mois de guerre. Mais début janvier, avant le cessez-le-feu, l’université d’Oxford a réussi à conduire, avec Artis International et l’institut de sondage palestinien PSR, une étude inédite sur l’état d’esprit des Gazaouis.Au milieu des ruines, les chercheurs ont sondé en tête-à-tête un échantillon représentatif de 500 Gazaouis, pour un exercice riche en enseignements. “Les observateurs extérieurs pourraient penser qu’après autant d’épreuves, les Gazaouis seraient prêts à accepter des compromis sur les questions politiques afin d’avoir accès à leurs besoins humains les plus urgents, écrivent les auteurs de l’étude dans Foreign Affairs. Notre sondage raconte une histoire plus complexe.”Le Hamas impopulaireTrois points se dégagent de cette étude inédite. Un : le Hamas n’incarne plus l’avenir. Après un bond de popularité post-7 octobre, où il était vu comme la seule organisation capable de “résister” à Israël, le groupe terroriste n’est plus soutenu que par 20 % des Gazaouis. En charge de la bande de Gaza depuis 2007, le Hamas est tenu en partie pour responsable de la violence de la riposte israélienne depuis le 7 octobre, alors que ses capacités militaires ont été réduites au minimum. “Le Hamas est très, très affaibli, nous disait récemment un diplomate de la région. Ce n’est plus l’organisation paramilitaire qu’elle a pu être dans le passé, elle n’est plus capable de menacer Israël comme auparavant.”Malgré cette faiblesse du Hamas, les autres organisations politiques palestiniennes n’ont pas pour autant gagné en popularité : seuls 18 % des sondés disent soutenir le leader Marwan Barghouti, emprisonné en Israël pour terrorisme depuis 2002, et 13 % seulement défendent l’Organisation de libération de la Palestine. En réalité, un Gazaoui sur trois dit se sentir représenté par aucune des options politiques actuelles, ce qui illustre l’impasse dans laquelle se trouve la bande de Gaza. “Même très affaibli, le Hamas travaille rapidement pour combler ce vide de leadership à Gaza”, alertent les auteurs de l’étude.La souveraineté nationale avant la sécuritéDeuxième leçon : les Palestiniens rejettent tout déplacement de leur territoire. “En majorité, les sondés affirment que la souveraineté nationale est bien plus importante que la sécurité et le bien-être de leur famille”, relatent les auteurs de l’étude, qui comparent ce sentiment à celui qui animait à la fois ceux qui combattaient pour et contre Daech en Irak en 2015-2016. “Les Gazaouis estiment qu’abandonner leurs terres, comme Trump l’a suggéré, reviendrait à cesser d’être Palestinien, poursuivent les chercheurs. Sans concessions israéliennes sur ces valeurs cardinales palestiniennes ni volonté américaine de les respecter, notre sondage laisse penser que les Gazaouis continueront de se battre.”En présentant son plan de déplacement des Gazaouis, Donald Trump assure qu’il garde leur bien-être en tête et qu’un tel transfert de population leur permettrait “de vivre dans des endroits sûrs, sans guerre”. Une illusion que les Palestiniens rejettent massivement. “Cette solution prônée par Trump pose en réalité de multiples problèmes, soutient Andrew Fox, ancien haut gradé britannique et spécialiste du Moyen-Orient à la Henry Jackson Society. Le principal consiste à faire bouger plus de 1,5 million de personnes sans qu’elles soient volontaires… Puis comment persuader les pays voisins de les accueillir, comme la Jordanie qui a connu une guerre civile avec les Palestiniens en 1970 ou l’Egypte qui refuse d’ouvrir ses frontières depuis le début du conflit ?”Quel avenir pour les relations avec Israël ?Troisième enseignement : la haine l’emporte. Avant le 7 octobre, une majorité de Gazaouis se disait favorable à une solution à deux Etats, Israël d’un côté et la Palestine de l’autre. A l’époque, 20 % prônaient la destruction de l’Etat hébreu. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 48 % à préférer la solution à deux Etats, quand 47 % des sondés opteraient pour une disparition pure et simple d’Israël, seul moyen selon eux d’aboutir à une paix durable… 5 % des Gazaouis jugent une troisième alternative crédible : la création d’un Etat binational avec des droits égaux pour les Arabes et les Juifs.En tout état de cause, les atrocités du 7 octobre et la destruction de la bande de Gaza auront abîmé pour longtemps tout espoir d’une paix solide.
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/proche-moyen-orient/hamas-deplacement-des-palestiniens-paix-avec-israel-que-pensent-vraiment-les-gazaouis-YRN2GDP4NVH6PLT4IQRBJUG6BU/
Author : Corentin Pennarguear
Publish date : 2025-02-19 04:45:00
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