“Tu quoque mi fili” (Toi aussi, mon fils). Cette phrase, attribuée selon la légende à Jules César peu avant qu’il ne soit poignardé par Brutus résonne en quiconque a déjà vécu une trahison dans le domaine professionnel. Mais cette douleur est ressentie au plus profond de son être lorsque c’est un collègue de travail qui, dans la dernière ligne droite, ravit ce fameux poste tant convoité, là où tel un imperator, on avait déjà posé ses chaussons. La douleur vexatoire, fille de l’orgueil et de la vanité, passe en mode XXL lorsque le nouvel élu est un collaborateur que l’on a soi-même recruté et formé, ou pire, son propre subordonné. Est-ce vraiment être nombriliste que d’y voir une triple peine : digérer l’affront, être dirigé par le félon qui nous a doublé et affronter le regard des autres ? Le coup de grâce est asséné par David Guillocheau, directeur général de Zestmeup (cabinet d’expertise en management et RH) : “On rencontre tous, à un moment de sa carrière, une incompétence, un principe de Peter”. Selon cette loi développée par Laurence J. Peter et Raymond Hull dans leur ouvrage The Peter Principle (1969), tout employé trouvera dans sa vie professionnelle un poste qui marquera son incompétence.Cependant, sans qu’un déclassement hypothétique n’entrave l’action, il faut garder en tête que nul n’est propriétaire de son poste et qu’une telle décision de la part de l’employeur fait aussi partie des aléas d’une carrière et du “pouvoir de direction”. C’est brutal, certes. “Il faut regarder la situation, faire son introspection. Ensuite, quoi qu’il arrive et même si c’est injuste, conserver une attitude professionnelle. Enfin, il faut éviter de contre-attaquer, d’organiser une révolte”, conseille David Guillocheau. Il s’agit de faire preuve de flegme dans la tempête et ne pas céder à la vengeance frontale ou fomentée à chaud avec des complices. La meilleure des solutions est de “monter au balcon pour voir la pièce de théâtre”, à savoir ne pas prendre en pleine face cette décision. C’est s’élever pour vérifier si on a bien atteint les limites de sa compétence ou s’il s’agit d’un choix injuste pour soi, mais utile pour l’employeur.Autre conseil : confirmer cette analyse par une discussion dépassionnée avec son N + 2 afin de mieux comprendre cette décision. “Il est important de savoir ce que l’on a manqué, les signaux avant-coureurs que l’on n’a pas vus”. Accepter, sans se braquer. En passant le relais, laisser la charge mentale et les responsabilités que l’on avait. Revenir à son métier peut être agréable et certains managers peuvent même, une fois l’émotion passée, se sentir soulagés.”C’est la vie des entreprises…””On peut aussi se dire que c’est illégitime, injuste et avoir la tentation de partir”, analyse David Guillocheau. Pourtant, ce serait une erreur de ne rien apprendre de cet épisode. Il faut comprendre les raisons de cette éviction et prendre du recul, pour se remettre en selle. Partir sur un coup de tête risquerait d’être encore plus destructeur. Dans un premier temps, mieux vaut rester et appréhender cette nouvelle situation. “On respecte la décision de manière affichée, sans excès de zèle ni attaques, car on est en position de faiblesse”. Si l’entreprise se montre correcte, les deux parties doivent sortir par le haut. Pour la personne évincée, penser à soigner sa communication en mode storytelling, histoire de ne pas ressasser. Ne pas montrer qu’on est fragilisé et rebondir. Sublimer avec classe cette défaite pour transformer le traumatisme en victoire. Se dire qu’on va collaborer avec ce nouveau supérieur, tout en organisant dès à présent la suite de sa carrière. Un mal pour un bien, notamment si l’on se place sur le terrain de l’équilibre vie privée-vie professionnelle.Le moral (ou l’ego) est toujours atteint ? “C’est la vie des entreprises, beaucoup de choses évoluent et les organisations sont toujours à la recherche de la meilleure personne au meilleur endroit”. Si elles se trompent, tant pis. Et si on a l’impression d’avoir été trompé, il reste la solution de partir, sans aigreur. On peut candidater, être embauché et apprécié ailleurs. Et pourquoi pas, cette fois, devancer quelqu’un d’autre sur la ligne d’arrivée.
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Author : Claire Padych
Publish date : 2025-02-18 11:00:00
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