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C’est une affaire portant sur des faits d’il y a plus d’une trentaine d’années dans les Pyrénées-Atlantiques, mais qui est en train de fragiliser jusqu’au sommet de l’Etat. François Bayrou est accusé par la gauche d’avoir menti à propos d’une affaire de violences physiques, d’agressions sexuelles et de viols sur mineurs au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans le Béarn. Alors que le parquet de Pau mène l’enquête depuis près d’un an sur plus d’une centaine de plaintes, le Premier ministre assure n’avoir jamais été mis au courant, à une époque où il occupait les postes de ministre de l’Education nationale ou de député des Pyrénées-Atlantiques. Des affirmations contredites par des révélations de la presse, ainsi que des témoignages de témoins et victimes. L’Express fait le point.Le résumé de l’affaireLe parquet de Pau mène l’enquête depuis plus d’un an sur plus d’une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram entre les années 1970 et 1990. Le chef du gouvernement, originaire de la région, a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cette institution et son épouse y a enseigné le catéchisme. Mais il affirme ne jamais avoir eu connaissance de telles accusations, affirmant auprès du Parisien en mars 2024 que “la rumeur, il y a 25 ans, laissait entendre qu’il y avait eu des claques à l’internat”, ajoutant n’avoir “jamais entendu parler […] de risques sexuels”.La semaine dernière, une enquête de Mediapart, corroborée par des témoignages auprès de l’AFP, a cependant affirmé que le Premier ministre avait eu connaissance dès la fin des années 1990 d’accusations d’agressions sexuelles. En avril 1996, alors que François Bayrou était ministre de l’Education nationale (entre 1993 et 1997), une plainte avait ainsi déjà dénoncé les violences physiques d’un surveillant à Bétharram sur un enfant de la classe d’un de ses fils, condamné par la suite. Puis en mai 1998, alors que François Bayrou était redevenu député des Pyrénées-Atlantiques et président du Conseil général, un ancien directeur de l’institution avait été mis en examen et écroué pour viol.Selon les journaux Le Monde et La République des Pyrénées, l’actuel Premier ministre avait également rencontré en 1998 le juge chargé d’instruire le dossier de viol à Notre-Dame-de-Bétharram. Cet ancien magistrat affirme qu’ils avaient évoqué l’affaire et a dit à Mediapart ne pas comprendre pourquoi François Bayrou le “dément aujourd’hui”.Dans un article publié ce mardi soir, Mediapart a réitéré ses accusations de mensonges, en dévoilant notamment une lettre d’un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), qui accompagne les personnes abusées dans des congrégations catholiques. Adressée avec accusé de réception en mars 2024 à François Bayrou à la mairie de Pau, la missive, qui raconte des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950 par cet ancien pensionnaire de Bétharram, est restée sans réponse selon Mediapart.Comment François Bayrou s’est justifié”Je récuse les polémiques artificielles sur ce sujet”, a affirmé le Premier ministre ce mercredi lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. François Bayrou assure que “lorsque la première plainte est déposée”, selon lui “en décembre 1997”, il a “quitté déjà le ministère de l’Education nationale depuis des mois”, et qu’il n’aurait pas scolarisé ses enfants dans un établissement visé par de “tels soupçons”. “Jamais je n’ai été, à cette époque, averti en quoi que ce soit, […] des faits qui ont donné lieu à des plaintes ou à des signalements”, a encore déclaré le chef du gouvernement.Déjà interpellé ce mardi à l’Assemblée nationale, François Bayrou avait assuré n’avoir “jamais été informé” par le passé de ces agressions. “Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements” où l’on aurait “soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ?”, avait ajouté le chef du gouvernement. Avant d’enchaîner sur un ton plus offensif : “dès que quelqu’un occupe des responsabilités, on s’ingénie à inventer de toutes pièces des scandales. […] Si on ne répond pas et qu’on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu’on dément, on est immédiatement mis en accusation”. “Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée”, avait-il conclu ce mardi, sans préciser qui était visé.Les vives critiques de la gaucheFrançois Bayrou est sous le feu des critiques de la gauche depuis le début de la semaine, qui l’accuse d’avoir menti et de pas avoir agi pour protéger les victimes du collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram. Interrogé à l’Assemblée ce mardi à ce sujet, le chef du gouvernement avait notamment exprimé sa “sympathie” pour “les personnes, les hommes ou les garçons, qui ont été en souffrance dans ces affaires-là”. Une formulation qui a suscité l’ire des députés socialistes qui ont jugé dans un communiqué qu'”en ne prononçant jamais le mot ‘victimes’ pour les personnes concernées”, François Bayrou “a fait preuve d’une légèreté inacceptable”, compte tenu de “la gravité de ces faits” qui ont eu lieu pendant près de 60 ans. Cette réponse n’est “pas à la hauteur de la gravité des faits ni de la souffrance des victimes”, a insisté le patron du PS Olivier Faure sur X.Ce mercredi, le député de la France insoumise Paul Vannier a affirmé que le Premier ministre avait “menti devant la représentation nationale. […]”Allez-vous […] en assumer toutes les conséquences et présenter votre démission ?”, a réclamé le député du Val d’Oise, en citant les nouveaux documents publiés par Mediapart. Une requête formulée après lui par le député écologiste Arnaud Bonnet, qui lui demandait des “réponses claires” ou sinon de démissionner.”Votre silence indique que l’omerta règne au sommet de l’Etat. Il engage directement le président de la République, seul responsable de votre maintien à Matignon”, a ajouté Paul Vannier. Et “il donne aux députés une immense responsabilité au moment de voter ou de ne pas voter votre censure” ce mercredi sur le budget de la Sécurité sociale, même si la motion, qui n’est pas soutenue par le PS, a peu de chances d’être adoptée.



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Publish date : 2025-02-12 17:52:00

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