Laurent Wauquiez a de la mémoire. Il en a même fait une arme contre Bruno Retailleau. Ce mardi 4 février, le patron des députés Droite Républicaine dîne avec le ministre de l’Intérieur. Longtemps, il a perçu la conquête de la présidence des Républicains (LR) comme une simple formalité. Son parti ne l’a-t-il pas chargé cet automne d’une œuvre de refondation du parti ? Il en rendait les conclusions mercredi lors d’un Bureau politique du mouvement. La lettre de mission préfigurait d’un triomphe romain. Raté. L’ascension météorique du Vendéen, conjugué à la dégradation brutale de leurs relations, a fait volet en éclats ce scénario. La petite musique d’une candidature de Bruno Retailleau n’en finit pas de monter.A Beauvau, Laurent Wauquiez met en garde son hôte. Gare à toi Bruno ! Il invoque un supposé “accord” entre les deux hommes. A l’un le parti, à l’autre le gouvernement. “Si tu le romps, tu porteras la responsabilité d’allumer une guerre des chefs qui sera dévastatrice”, lui glisse-t-il, selon l’entourage de l’ancien ministre. La “fuite” n’est pas anodine, les propos rapportés sont minutieusement choisis.Laurent Wauquiez touche une corde sensible. Il sait combien la droite redoute une lutte fratricide, douze ans après le duel sanglant entre François Fillon et Jean-François Copé. Et use d’une rhétorique habile pour disqualifier son concurrent. Bruno Retailleau ne serait que l’agent perturbateur d’un compromis bâti il y a des mois. La candidature de Laurent Wauquiez serait frappée du sceau de l’évidence, celle de l’ancien sénateur signerait la division de la droite. “Chacun à sa place, assurait-il le 4 février sur BFMTV. Bruno à l’intérieur du gouvernement. Moi engagé […] dans la refondation de notre parti. On est complémentaires.””Qui pisse dans le jardin du voisin ?”Retailleau le diviseur. Autour de Laurent Wauquiez, on se plonge dans le passé pour accoler au ministre l’infamante étiquette. Le Vendéen n’a-t-il pas participé cet été à l’ascension du Mont Mezenc, rituel du député de Haute-Loire ? Et ses mots flatteurs lors des Journées parlementaires LR ? “Retailleau n’assume plus ce partage des rôles et change les règles du jeu, fulmine un fidèle de Laurent Wauquiez. Qui pisse dans le jardin du voisin ? Ce n’est pas nous.” La guerre des récits est enclenchée. Le camp Retailleau n’a, lui, pas oublié les tentatives malheureuses de Laurent Wauquiez d’entrer au gouvernement. En septembre, à l’Intérieur. Après la nomination de François Bayrou, dans un grand Bercy. Loin de la sage répartition des rôles désormais évoquée. Bruno Retailleau ne ressemble pas à Edouard Balladur, il n’a guère envie d’enfiler le costume du traître.Dans ce duel, il est donc question de légitimité. Celle de Laurent Wauquiez est un “accord”, dont il serait le garant. Bruno Retailleau puise la sienne dans son insolente popularité. Les résultats flatteurs d’un sondage OpinionWay, commandés par son microparti Force Républicaine, sont opportunément sortis ce mercredi dans la presse. “Wauquiez ne peut pas se revendiquer candidat naturel de la droite, Bruno est en tête”, défend un député DR. L’ancien ministre Jean-François Copé confirme : “Le message de Wauquiez est de dire que toute personne qui se présente contre lui est un diviseur. Cette approche est réductrice.”Il y a dans ce duel une ambiguïté. Une campagne électorale interne peut-elle être saine ? La compétition est-elle synonyme de sang sur les murs ? Les proches de Bruno Retailleau se drapent dans les oripeaux de la démocratie, par essence inattaquable. Qu’il serait inélégant de redouter le choix des électeurs, sa pure émanation. A ces arguments théoriques, un proche de Laurent Wauquiez oppose un froid pragmatisme. “Une élection interne avec deux poids lourds politiques qui n’ont pas une distinction de ligne spectaculaire, c’est violent de facto. Dire le contraire serait mentir.” La bataille de communication a commencé.
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Author : Paul Chaulet
Publish date : 2025-02-06 04:45:00
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Entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, qui sera le diviseur en chef ?
