Il l’avait dit, il l’a fait. En instaurant des droits de douane additionnels de 10 % sur les importations en provenance de Chine, et de 25 % sur celles venues du Canada et du Mexique (bien que mis “sur pause” dans les deux pays pendant un mois), Donald Trump a mis sa menace à exécution. Le prétexte de cette guerre commerciale – punir trois pays qui ne lutteraient pas assez contre l’introduction de drogues aux Etats-Unis – ne trompe personne. L’Europe va connaître le même sort : elle n’a rien à voir avec les ravages que cause le fentanyl à New York ou Los Angeles.Sous couvert d'”urgence nationale”, le président américain revisite en fait sa propre conception du protectionnisme. Lors de son premier mandat, les taxes se voulaient défensives, pour protéger l’économie nationale de produits subventionnés dans d’autres pays, notamment en Chine. Sous Trump II, elles prennent un tour délibérément offensif : les centaines de milliards de dollars de recettes qu’en attend la Maison-Blanche sont censées tout à la fois compenser les baisses d’impôts promises par le républicain et obliger les gouvernements qui ont quoi que ce soit à négocier avec lui – autant dire, toute la planète… – à se plier à ses desiderata. Après le bouclier, le glaive. Sauf que l’arme des “tarifs” est à double tranchant.Au Mexique, cette chute atteindrait 16 %Dans une note instructive, Eric Dor, directeur des études économiques à l’Ieseg School of Management, fait l’inventaire des dommages potentiels. La Banque du Canada estime que les droits de douane américains, combinés aux mesures de rétorsion annoncées par Ottawa, pourraient déclencher une baisse du PIB de 3 % dès cette année. Au Mexique, cette chute atteindrait 16 %, d’après Bloomberg Economics.Les Etats-Unis n’en sortiront pas indemnes. L’aluminium québécois, plus compétitif, est essentiel à l’industrie américaine. Les raffineries du Midwest ne savent traiter que le pétrole lourd issu des sables bitumineux canadiens. Beaucoup d’entreprises agricoles américaines ont délocalisé leur production de viande, de fruits ou de sucre au Mexique. “Les chaînes d’approvisionnement d’un même produit se sont complexifiées et internationalisée, rappelle Eric Dor. Tout dérèglement de cette optimisation par des droits de douane entraîne une augmentation des coûts de production.”Donc des prix plus élevés pour le consommateur américain. Donald Trump lui-même l’a reconnu dans un post : “Va-t-on souffrir ? Oui, peut-être (et peut-être pas !)” Un jeu perdant-perdant, dont il espère sortir moins amoché que les autres.
Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/donald-trump-et-les-droits-de-douane-les-etats-unis-non-plus-nen-sortiront-pas-indemnes-LY3WI3QOQNAOJOTR7EYTS2Y3GI/
Author : Arnaud Bouillin
Publish date : 2025-02-04 07:51:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.
Trending
- Communication, marketing, commerce : les profils les plus recherchés en 2025 (et leurs salaires)
- Dubaï : un eldorado fiscal sûr et inégalitaire
- Au Canada, quelque chose de mystérieux tue les grands requins blancs
- Motion de censure : Bardella donne son avis, Bayrou s’en moque
- NBA : Du Bleu partout ! Cinq Frenchies à plus de 15 points, nuit de folie sur les parquets américains
- Fraude aux eaux minérales Nestlé : le rapporteur de la commission d’enquête parlementaire veut «auditionner du côté de l’Élysée»
- Commerce : la stratégie du chaos de Donald Trump
- « Tous les signaux sont au rouge » : ce qu’il faut retenir du rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés
Tuesday, February 4