Cette fois, les intentions de Donald Trump sont bien claires. Comme répété à longueur de prises de parole ces derniers mois, le président des Etats-Unis veut entrer dans un véritable bras de fer commercial avec plusieurs de ses partenaires économiques, à commencer par ses voisins mexicain et canadien. Il doit signer, ce samedi 1er février, un décret imposant des droits de douane à 25 % sur les produits exportés dans son pays par Ottawa et Mexico, en plus des taxes déjà existantes. La mesure pourrait s’appliquer dès le 18 février et chambouler l’équilibre économique du continent américain.Vendredi, Donald Trump s’est montré sûr de lui : “rien” n’empêchera la mise en application de ces nouveaux tarifs douaniers. “Nous avons un déficit important [avec le Canada, le Mexique et la Chine], et ils envoient une quantité massive de fentanyl [de notre côté de la frontière]”, a-t-il justifié, en référence au présumé rôle des trois pays dans la crise des opioïdes aux États-Unis. Les modalités de ces taxations inédites restent toutefois à préciser. L’ensemble des produits des deux pays visés seront-ils concernés ? Le président américain a par exemple laissé entendre qu’il allait “sans doute” limiter à 10 % les droits de douane sur le pétrole canadien. La raison ? Cette ressource est largement importée par le secteur industriel américain.Ce cas est emblématique de la subtilité des conséquences de la politique commerciale voulue par Donald Trump, qui aura des effets sur la totalité des économies des trois pays nord-américains. Certes, le rapport de force économique est à l’avantage de Washington. En 2022, le Canada exportait près des trois quarts de ses produits vers les États-Unis, selon l’Observatoire de la complexité économique (OEC). Des chiffres proches de ceux du Mexique, qui exportait sur le même exercice plus de 76 % de ses produits vers son voisin américain. Les répercussions de droits de douane accrus risquent de créer des difficultés dans de nombreux secteurs dans ces deux pays.Perte de croissance et emplois menacésAu Canada, les exportations liées aux domaines de l’énergie et aux ressources naturelles seront particulièrement touchées. Uranium, pétrole, plastique, acier, aluminium… Beaucoup de matières, parfois essentielles à l’activité des entreprises américaines elles-mêmes, pourraient être concernées par ces nouveaux droits de douane. L’industrie automobile, dont la chaîne d’assemblage est souvent partagée entre des sites aux États-Unis et au Canada, pourrait également connaître une crise spectaculaire. 500 000 emplois dans cette branche seraient mis en danger, selon les chiffres de la province canadienne de l’Ontario. Le nombre de travailleurs menacés de perdre leur poste dans le pays serait deux fois plus élevé.Le Premier ministre canadien démissionnaire, Justin Trudeau, avait bien tenté de trouver un compromis avec Donald Trump avant sa prise de fonction à la Maison-Blanche. Il s’était d’ailleurs rendu en personne début décembre dans la résidence personnelle du milliardaire à Mar-a-Lago, en Floride, pour négocier un “deal” avec ce dernier. Quelques heures après cette rencontre, qualifiée de “bonne conversation” par le dirigeant canadien, Donald Trump confirmait l’intransigeance de sa position sur les droits de douane. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il qualifiait même Justin Trudeau de “gouverneur de l’État du Canada”, en référence à son désir de voir le pays devenir américain.Depuis, le chef du gouvernement canadien s’est dit “prêt à une réponse immédiate” en cas d’adoption de ces nouveaux droits de douane, sans dévoiler pour autant la stratégie de rétorsion envisagée. Ottawa serait tenté de frapper fort, tant cette guerre commerciale pourrait être dévastatrice pour sa croissance. Selon la Chambre de commerce du Canada, le produit intérieur brut du pays pourrait reculer de 2,6 % avec l’application de ces tarifs douaniers XXL. D’après Radio-Canada, Justin Trudeau envisagerait même, en dernier recours, d’imposer un embargo sur le pétrole et le gaz naturel américains.Vers une “désindustrialisation” au Mexique ?Côté mexicain, la présidente Claudia Sheinbaum veut elle aussi croire encore possible de parvenir à obtenir des concessions américaines. “Des accords sont trouvés tous les jours”, assure la dirigeante, tout en rappelant que son équipe a prévu “un plan A, un plan B et un plan C” en fonction de l’application effective des droits de douane. Le Mexique, territoire crucial dans la chaîne d’approvisionnement de nombreuses entreprises américaines, pourrait connaître “un processus de désindustrialisation” avec ces nouvelles barrières tarifaires, estime l’économiste Marcus Norland, interrogé par le New York Times.Beaucoup d’usines mexicaines travaillent directement avec des clients américains, notamment pour la confection de produits manufacturés. Les secteurs de l’automobile, de l’énergie ou des nouvelles technologies seraient parmi les plus touchés par ces mesures. Selon une analyse de Standard & Poor’s, la perte de production des entreprises liées à la fabrication d’équipements électriques est estimée entre 9 et 15 %. Les impacts sur la pêche et sur l’agriculture seraient également difficiles à encaisser pour Mexico.La dépendance vis-à-vis des exportations du pays aux États-Unis dans ce dernier domaine expose en effet les producteurs mexicains à de lourdes pertes. Aujourd’hui, 63 % des importations de légumes présentes dans les rayons des supermarchés américains proviennent du Mexique, contre 47 % des fruits et des noix. Un seul secteur pourrait bénéficier de tels droits de douane au Mexique : celui du tourisme. Comme le rappelle le New York Times, la baisse de la valeur du peso inhérente à la nouvelle politique tarifaire américaine et à ses effets pourrait renforcer l’attractivité d’un séjour à bas prix sur le littoral mexicain.Inflation pour les consommateurs américainsLa bombe douanière de Donald Trump pourrait aussi créer d’autres effets négatifs… sur sa propre économie. Dans sa volonté globale de faire passer “l’Amérique en premier”, le président américain entend promouvoir les produits “made in America” en les protégeant d’une concurrence bon marché venue de ses voisins, ou de puissances rivales – il compte aussi imposer ce samedi de nouvelles taxes douanières à hauteur de 10 % pour les produits chinois. À la clef, selon lui ? La création de milliers d’emplois aux États-Unis et un “enrichissement” des Américains, délestés d’une partie des impôts grâce à ces nouvelles recettes fiscales.Mais dans le même temps, dans un pays où la vie est déjà chère, l’inflation pourrait augmenter sous l’effet des barrières douanières. Selon les estimations du chef économiste du cabinet EY Gregory Daco, cité par l’AFP, une hausse de 0,7 point de pourcentage de l’inflation devrait avoir lieu sur le premier trimestre de l’année 2025. Le PIB américain pourrait aussi reculer d’1,5 % sur l’ensemble de l’année, puis de 2,1 % en 2026, “du fait d’un ralentissement de la consommation et des investissements”. Sans compter l’accroissement des prix de l’énergie pour un certain nombre de foyers américains. Pour les habitants recevant de l’électricité produite au Canada, la facture pourrait grimper de 25 %.Peu importe pour Donald Trump : fidèle à sa doctrine protectionniste, le républicain ne compte pas s’arrêter là. Non seulement il envisage d’”augmenter substantiellement” les tarifs douaniers contre le Canada, le Mexique ou la Chine – “Ou pas. On verra bien”, a-t-il dit vendredi – mais il menace aussi d’imposer de nouvelles taxes vis-à-vis de l’Union européenne. “L’UE nous a traités de si terrible manière”, a-t-il lancé, se disant “absolument” prêt à lui imposer de nouveaux tarifs douaniers.Face aux journalistes, Donald Trump a plus spécifiquement décrié le coût de la TVA lors de l’exportation de produits américains en Europe. Cela “nous coûte une absolue fortune”, a pointé du doigt l’homme d’affaires. “Nous avons un déficit commercial avec l’UE de 350 milliards de dollars. La Chine est agressive, mais il n’y a pas que la Chine. D’autres pays sont aussi de grands agresseurs.” Là encore, aucun détail n’a été précisé sur les conditions de la mise en place de ce pan de la “muraille douanière” espérée de ses vœux. Les propos fracassants du chef d’État américain ont en tout cas inquiété les marchés. Vendredi, malgré un bon début de journée, le Dow Jones, le S & P et le Nasdaq ont tous trois terminé dans le rouge à New York après les déclarations de la Maison-Blanche.
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Publish date : 2025-02-01 15:00:00
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