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Si vous êtes parent, cette lecture est assurément faite pour vous. Et si vous ne l’êtes pas, ne passez pas votre chemin : ce que vous vous apprêtez à lire pourrait faire de vous un précieux soutien pour tout proche en situation d’épuisement parental. Ou qui s’en approche dangereusement. Le burn-out parental ? Un mal encore tabou théorisé dans les années 1980 mais qui n’a véritablement fait l’objet de travaux approfondis que ces dernières années. Comme cette vaste étude conduite dans 42 pays entre 2018 et 2019 et publiée en 2021, coordonnée notamment par Isabelle Roskam, professeure en psychologie du développement à l’université de Louvain en Belgique, et coauteure du livre Le Burn-out parental. L’éviter et s’en sortir (Odile Jacob, 2017), réédité en Poche fin 2024. Principal enseignement : les facteurs socio-démographiques jouent un rôle moins important qu’on ne le pense dans le déclenchement du burn-out parental. Dans un entretien à L’Express, cette mère de cinq enfants revient sur cette étude et sur l’état des connaissances scientifiques concernant ce sujet “encore tabou”, regrette-t-elle. Un phénomène qui toucherait jusqu’à 8 % des parents dans certains pays occidentaux.Nos vies professionnelle et familiale sont parfois aussi chargées l’une que l’autre. Alors comment faire la distinction entre une simple fatigue et les premiers signaux d’alerte du burn-out parental ? Différent de la dépression mais aussi du burn-out professionnel à bien des égards, l’épuisement parental “peut toucher tout le monde”, avertit Isabelle Roskam. Mais il s’inscrit dans un contexte bien particulier. Dans tous les cas, “les parents concernés fonctionnent en pilotage automatique, car ils n’ont tout simplement plus de ressources”, décrit la psychologue. Un phénomène qui concernerait davantage les pays occidentaux, où les parents se retrouvent pris entre en étau entre “l’individualisme” de nos sociétés et les excès de certains discours sur l’éducation positive. Bien que “magnifique” sur le papier, celle-ci peut s’avérer “inappropriée et contre-productive”, aussi bien pour les parents que pour les enfants, prévient Isabelle Roskam. Explications.L’Express : Qu’est-ce qui différencie la dépression du burn-out et le burn-out parental du burn-out professionnel ?Isabelle Roskam : D’abord, contrairement à la dépression, le burn-out s’inscrit dans un contexte particulier. C’est-à-dire que lorsqu’on est en burn-out, la source du stress provient d’un contexte, qui peut être le travail, la famille, parfois les deux. Si on sort la personne de ce contexte, en général, elle va bien. Ce qui n’est pas le cas avec la dépression qui, elle, est transversale : quel que soit le secteur de votre vie, vous vous sentez à plat, vous voyez l’avenir en noir, etc. Ainsi, dans le cas de l’épuisement professionnel, les personnes respirent à nouveau lorsqu’elles rentrent à la maison. Elles semblent aller bien lorsqu’elles sont en dehors du travail, ce qui au passage peut dérouter l’entourage. De même, les parents en situation de burn-out parental voient en général leur travail comme une sorte de refuge où ils peuvent se ressourcer. Certains disent, comme je l’ai déjà entendu : “Je rentre de plus en plus tard avec l’espoir que ma compagne ait couché les enfants, car lorsqu’ils dorment, j’arrive encore à les aimer.” Donc la principale différence entre burn-out et dépression réside dans la contextualisation de la source du stress. Lorsqu’on est en burn-out, il existe un contexte précis qui génère ce stress. Même si pour la personne touchée, il est parfois compliqué d’y voir clair sur l’origine de cette souffrance…Comment cela ?Le burn-out résulte en réalité d’un déséquilibre entre les facteurs de stress auxquels on est confronté et les ressources dont on dispose pour y faire face. La nature et le nombre de ces facteurs varient selon les individus. Imaginons que vous soyez ultra-perfectionniste et que vous ayez du mal à gérer vos émotions : dans ce cadre-là, vous risquez de vous épuiser dans plusieurs contextes, que ce soit au travail ou en famille, car vous êtes rarement content de vous. Lorsque vous êtes débordé par vos émotions, vous ne savez pas comment les gérer. En revanche, d’autres personnes ont des stresseurs plus spécifiques. Par exemple, la manière dont certains parents interagissent avec leurs enfants peut amplifier leur stress et tendre la situation familiale sans toutefois que cela n’affecte le travail. A l’inverse, si votre burn-out professionnel est lié à l’attitude de votre supérieur ou de vos collègues, cela ne se transposera probablement pas dans la sphère familiale.Quels sont les premiers signes qui doivent alerter ?Le burn-out se manifeste par plusieurs symptômes qui n’apparaissent pas tous en même temps. Le premier, c’est la sensation d’être complètement épuisé, de ne plus avoir aucune énergie pour s’occuper de ses enfants. Attention, cela n’a rien à voir avec cet état de fatigue que ressentent tous les parents au moment du coucher, soulagés que les enfants soient enfin au lit. Ici, après une bonne nuit de sommeil, on repart plein d’énergie. Dans le cas du burn-out, même après une nuit de récupération, ça ne va toujours pas. Les individus sont à bout rien qu’à l’idée de devoir gérer leurs enfants tout le week-end. Ils fonctionnent en “pilotage automatique”, car ils n’ont tout simplement plus de ressources. Cet épuisement ne disparaît pas : il est à la fois physique, psychologique et cognitif. On n’a plus l’énergie d’écouter ses enfants. Le signal d’alerte, c’est cet état d’épuisement qui perdure, qu’il soit physique, psychologique ou même cognitif, c’est-à-dire qu’on n’arrive plus à faire attention à ce que nos enfants nous disent. C’est à ce stade-là que le parent devrait consulter pour demander de l’aide. Pourtant, aujourd’hui encore, le burn-out parental reste un sujet tabou. Les parents n’osent pas dire qu’ils sont à bout. En général, lorsqu’ils viennent demander de l’aide, le processus est déjà bien avancé, la distanciation émotionnelle s’est déjà installée. Ils ne parviennent plus à se connecter émotionnellement à leurs enfants. Ils ne se reconnaissent plus en tant que parents.Parmi les parents en burn-out, il y a deux mères qui sont touchées pour un pèreQuand cette distanciation émotionnelle s’invite dans le tableau, les risques de négligence et de violence augmentent. C’est une conséquence à laquelle il faut être particulièrement attentif. Un parent épuisé est un parent qui ne fait plus attention à ses enfants et qui n’y consacre plus l’énergie nécessaire. Il devient plus irritable. Ce n’est pas un parent maltraitant au départ, mais l’épuisement peut entraîner des débordements, que ce soit sous forme de violence verbale ou physique. On n’a plus cette empathie nécessaire vis-à-vis de l’enfant alors on se met à hurler, à dire des horreurs, sans pouvoir se mettre à sa place. Toutes ces barrières d’inhibition, qui en temps normal nous incitent à rester dans une certaine mesure et qui protègent l’enfant, finissent par sauter. C’est pourquoi il est primordial de briser ce tabou. Il serait idéal en effet que les parents puissent demander de l’aide dès le stade de l’épuisement.Le burn-out parental est-il aussi grave que celui lié au travail ?Il est difficile de déterminer si l’un est “plus” ou “moins” grave que l’autre. Le burn-out professionnel et le burn-out parental n’ont pas forcément les mêmes conséquences. Dans le cas du burn-out parental, le risque de suicide est généralement plus élevé que dans le cadre professionnel. En effet, s’agissant du travail, il existe souvent une porte de sortie : on peut démissionner, changer d’emploi, obtenir un arrêt maladie, reprendre des études, se reconvertir, etc. En revanche, dans le burn-out parental, il n’y a pas de véritable échappatoire. On ne change pas de “carrière”. On ne peut pas non plus “changer” d’enfants ni même demander un certificat médical. Les individus finissent par se dire “soit je subis, soit je me fous en l’air”. Les idées suicidaires sont donc extrêmement fréquentes chez les personnes touchées, tout comme l’envie de fuir, de disparaître à l’autre bout de la planète sans laisser d’adresse. Dans le cadre professionnel, ces pensées suicidaires sont moins présentes. Par ailleurs, à la différence du burn-out parental, le burn-out professionnel n’augmente pas de façon importante les risques de négligence et de violence envers les enfants.Vous avez coordonné une étude menée à travers 42 pays afin de connaître l’ampleur du burn-out parental dans le monde. Il en ressort que ce ne sont pas tant les facteurs socio-démographiques qui jouent un rôle que des facteurs culturels. Notamment la montée de l’individualisme dans les pays occidentaux…Oui, la nature et le nombre des stresseurs varient non seulement selon les individus mais aussi selon les cultures. Lorsque l’on prend en compte l’ensemble des stresseurs possibles – socio-démographiques, personnels, relationnels, familiaux ou culturels – on constate que les facteurs socio-démographiques, dans toutes les cultures, expliquent relativement peu le phénomène du burn-out parental. Au départ, on pensait pourtant que certains groupes comme les mères célibataires ou les familles recomposées étaient plus à risque. Cette hypothèse aurait pu faciliter notre travail en se concentrant uniquement sur la prévention de groupes ciblés. Mais ce n’est pas aussi simple. Cela ne signifie pas que ces facteurs n’entrent pas du tout en compte, mais par rapport à d’autres facteurs – le perfectionnisme, élever ses enfants dans une société individualiste, avoir des pratiques parentales inconstantes, l’absence d’aide du co-parent etc. -, les facteurs socio-démographiques pèsent peu dans les causes du burn-out parental. Et c’est plutôt une bonne nouvelle.Pourquoi ?Parce qu’il est très difficile d’agir sur les facteurs socio-démographiques. Si le problème venait uniquement du fait d’avoir beaucoup d’enfants, de vivre dans un espace réduit ou d’avoir des difficultés financières, il serait compliqué d’aider concrètement la personne en souffrance. En revanche, si le burn-out parental est lié au perfectionnisme, à des pratiques éducatives inadaptées ou à une mauvaise gestion des relations familiales, alors il est possible d’intervenir pour tenter d’améliorer la situation. C’est aussi une bonne nouvelle dans la mesure où cela évite de stigmatiser certains groupes et d’affirmer que le burn-out parental est uniquement l’affaire des mères célibataires ou des familles recomposées. Cela peut arriver à tout le monde. Par ailleurs, on observe que, peu importe les cultures, parmi les parents en burn-out, il y a 2 mères qui sont touchées pour 1 père. Cela ne veut pas dire que les mères sont plus fragiles. Cette différence s’explique principalement par le fait que, de façon universelle, ce sont elles qui portent la majorité de la charge mentale et des soins liée à l’éducation des enfants.Pourquoi l’individualisme présent dans les sociétés occidentales augmente-t-il les risques de burn-out ?Dans nos sociétés individualistes, on nous a toujours appris que pour être quelqu’un de bien, il fallait s’en sortir par soi-même. Demander de l’aide est perçu comme un aveu de faiblesse. C’est vrai dans le travail, mais aussi pour d’autres domaines, comme la parentalité. On hésite également à solliciter de l’aide parce qu’on nous a appris à nous méfier des autres. On ne sait jamais quelles sont leurs intentions vis-à-vis de nos enfants. Donc à moins d’avoir un cercle très proche, on ne va pas facilement se tourner vers un collègue ou un voisin.Qui dit société individualiste dit aussi culte de la performance, et la parentalité n’est pas épargnée. Cela crée des écarts entre notre perception de nous-mêmes en tant que parent et le niveau qu’on estime devoir atteindre pour être un parent parfait. Or cet écart est source de souffrance.Enfin, les sociétés individualistes mettent l’accent sur la transmission des valeurs qui permettront à nos enfants de trouver leur place. Ainsi, une “règle du jeu” importante que l’on apprend à nos enfants est l’assertivité. On leur enseigne très vite que leur avis compte, qu’ils doivent oser s’exprimer, même lorsqu’ils ne sont pas d’accord. Mais en les élevant comme cela, on se complique la vie. Même quand vous leur demandez simplement de mettre une écharpe par exemple, ils se mettent à vous donner leur avis ! Résultat, les parents sont sans cesse en train de se justifier. Ce n’est pas le cas d’autres sociétés où la piété filiale est une valeur centrale, où l’on respecte l’aîné de manière inconditionnelle. Chez nous, ce n’est pas le cas. La parentalité positive prône l’égalité entre parents et enfants. Mais en leur donnant ce statut, on les encourage à exercer leur assertivité envers nous. Or, il est essentiel de leur apprendre que tout n’est pas négociable tout le temps.Dans nos sociétés individualistes, il nous faut donc recréer du lien, réapprendre à faire confiance aux autres. Le soutien informel est extrêmement important. Il existe des petits gestes symboliques. Par exemple, quand j’envoie une carte de félicitations pour une naissance, j’ajoute toujours le post-scriptum suivant : “Il y aura aussi des jours plus difficiles et ces jours-là, sache que tu pourras compter sur moi.” Cela permet d’ouvrir une porte, de rappeler que la parentalité est parfois dure et qu’il ne faut pas hésiter à solliciter de l’aide.Pour alléger cette pression, vous nous invitez à revoir notre rapport à la parentalité positive…Je ne la remets absolument pas en question. Car l’éducation positive, sur le principe, c’est magnifique. En revanche, ce que je questionne, c’est la manière dont elle est présentée. C’est-à-dire comme une cible à atteindre, où comme au jeu de fléchettes, l’objectif serait de toucher 150 fois le centre. Et si on n’y arrive pas, on est mécontent et on y retourne. C’est épuisant ! La parentalité positive, telle qu’elle est définie, est un idéal mais n’importe quel parent sait au fond de lui qu’il est humainement impossible d’appliquer ce modèle 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Et quand bien même on pourrait l’appliquer, je ne suis pas certaine que ce serait souhaitable, car les enfants grandissent aussi en apprenant de nos erreurs et de nos failles. Se présenter comme le parent soi-disant parfait ne leur rend pas service. En revanche, si on la conçoit comme un repère, comme un phare, la parentalité positive est un concept vraiment intéressant. Lorsqu’on se sent perdu, elle indique la direction à suivre. Le problème, c’est que certains discours laissent entendre que l’on est un bon parent uniquement si l’on applique ces préceptes à la lettre. Or, un phare est là pour indiquer la direction, mais si on s’en approche de trop près, il s’effondre et il n’y a plus ni direction, ni embarcation…Tout le monde s’accorde sur l’importance de la bienveillance, mais l’on ne sait plus où placer le curseur !Donc poussée à l’extrême, la parentalité positive crée une énorme pression sur les parents. Les perfectionnistes finissent par s’épuiser car par nature ils ne sont jamais contents d’eux-mêmes. Ils ont cette idée qu’ils n’en font jamais assez et que leur enfant pourrait aller encore mieux. Cela devient un cercle vicieux. Ce qui devrait être un outil d’épanouissement pour tout le monde devient un discours extrême, sans nuance, qui oublie une réalité : on fait avec les enfants qu’on a. La parentalité positive, c’est facile à appliquer avec un enfant qui s’autorégule aisément, mais lorsqu’on a un enfant avec un tempérament difficile ou qui présente des troubles du comportement, elle n’est pas applicable tout le temps. Elle est parfois même inappropriée et contre-productive. Si un enfant fait des crises de colère répétées, ce n’est pas forcément approprié de s’agenouiller et de négocier… Parfois il a juste besoin d’entendre “Stop, là il y a une limite que je ne vais pas te laisser franchir”. Car n’oublions pas une chose : la parentalité positive, ce n’est pas seulement de la bienveillance, c’est aussi un cadre.Comment expliquez-vous ces excès autour de la parentalité positive ?Il faut bien comprendre que la parentalité positive repose sur deux dimensions : bienveillance et fermeté. Or, dans certains discours, toute forme de cadre ou de fermeté est dénoncée comme étant de la violence ordinaire. Il devient alors compliqué de distinguer ce qui relève du cadre et de la fermeté de ce qui constitue de la violence. Beaucoup de parents se sentent perdus. Tout le monde s’accorde sur l’importance de la bienveillance, mais l’on ne sait plus où placer le curseur du cadre ! Si ce curseur disparaît, et que le parent n’ose plus frustrer l’enfant, il n’y a plus de cadre, il ne reste que la bienveillance. Pour certains enfants, cela peut conduire à des dérives dangereuses. Prenons un exemple concret : en France, il y a de nombreux débats autour du time-out. Or, le time-out, c’est tout et rien à la fois. Si vous enfermez un enfant dans une cave pendant douze heures, bien sûr, c’est de la violence pure. Mais le time-out, c’est aussi dire à l’enfant qui fait une crise : “Va t’asseoir sur cette chaise pendant trente secondes et pendant ces trente secondes on fait silence toi et moi et après on parle dans le calme”.Comment analysez-vous l’essor des groupes de parents sur WhatsApp ? Y a-t-il un lien avec l’essor de la parentalité positive ?Ce que j’observe, c’est que la plupart des parents en burn-out disent ressentir une forte pression. Cette pression peut avoir différentes sources : elle peut venir de la famille, du conjoint, mais aussi des professionnels ou des médias. Dans les médias, j’inclus les réseaux sociaux – Facebook, Instagram, WhatsApp – qui regorgent de contenus sur la parentalité positive ou encore des recommandations allant du goûter idéal à mettre dans le cartable de son enfant pour être une “bonne mère” jusqu’aux derniers jouets à acheter ou à éviter absolument. Ou encore ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour que l’enfant ne se fasse pas harceler à l’école, etc. Cette pression, on finit parfois par se l’imposer nous-mêmes. Car ces médias sont aussi des outils à travers lesquels on se compare aux autres. Sur les groupes Facebook, plus ouverts et accessibles que les groupes WhatsApp, les gens ne postent en général que le meilleur, ce qui est particulièrement trompeur. Si vous partez en vacances avec vos enfants, vous vous êtes pris la tête pendant quinze jours, mais la seule photo que vous publierez, c’est celle où tout le monde a un grand sourire devant la mer ! Un autre parent qui verra cette publication aura l’impression que chez lui tout est plus compliqué que chez les autres. Ces groupes génèrent de la pression mais ne touchent pas tout le monde de la même manière. Par exemple, plus vous êtes perfectionniste, plus vous allez être réceptif.Toutefois, dans une société où l’on se côtoie de moins en moins, où chacun vit reclus chez soi, ces groupes peuvent avoir leur utilité car ils permettent de partager des expériences. Mais ils peuvent aussi engendrer le pire et exercer une forme de pression implicite sur les autres, souvent de manière inconsciente…
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Author : Laurent Berbon
Publish date : 2025-01-26 17:00:00
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