Il n’aura pas attendu longtemps avant de mettre à exécution sa promesse : le nouveau président américain, Donald Trump, a profité de son retour dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche pour signer des décrets graciant à tour de bras des personnes condamnées par l’administration du démocrate Joe Biden. Ces grâces démontrent, une fois de plus, la défiance de Donald Trump à l’égard du système judiciaire américain, comme le souligne dans un communiqué Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la chambre des représentants, qui n’hésite pas à parler d’insulte envers le système judiciaire.Tonight, the President announced pardons and commutations of sentences for those who violently attacked the Capitol and law enforcement officers on January 6th.
The President’s actions are an outrageous insult to our justice system and the heroes who suffered physical scars and…— Nancy Pelosi (@SpeakerPelosi) January 21, 2025Les assaillants du CapitoleÀ peine investi, dès le lundi 20 janvier, Donald Trump a gracié près de 1 500 assaillants de l’assaut du Capitole, le siège du congrès américain saccagé le 6 janvier 2021 pour protester contre la victoire de Joe Biden à la présidentielle. Y compris des personnes reconnues coupables d’agression contre des policiers, ce qui n’a pas manqué de provoquer la colère de ces derniers. Parmi les émeutiers graciés figure notamment Enrique Tarrio, l’ancien chef des Proud Boys, condamné en septembre 2023 à 22 ans de prison, soit la plus lourde peine prononcée pour l’assaut.Libéré lundi soir, Stewart Rhodes, fondateur de la milice d’extrême droite Oath Keepers, a lui vu sa peine être commuée en période de prison déjà purgée. Il avait été condamné à 18 ans de réclusion – l’une des sanctions les plus lourdes prononcées contre les assaillants du Capitole. Venu attendre la libération de ses “frères” devant une prison, ce chef d’extrême droite connu pour son cache-oeil noir a déclaré que la décision du président Donald Trump le “valide” dans son action, et assuré n’avoir “aucun” regret sur l’assaut du Capitole.Selon l’agence américaine AP, ces grâces sont le point culminant d’une campagne de plusieurs années menée par Donald Trump pour réécrire l’histoire de l’attaque du 6 janvier, qui a fait plus de 100 blessés parmi les policiers. Le nouveau président a également ordonné au procureur général de demander le rejet d’environ 450 affaires en attente devant les juges.Des militants anti-avortement24 heures après avoir soulagé les assaillants du Capitole, Donald Trump s’est attelé à signer jeudi devant la presse un décret graciant 23 personnes poursuivies par le précédent gouvernement pour avoir participé à des manifestations contre l’avortement. Les concernés avaient également été reconnus coupables d’avoir bloqué les entrées des cliniques d’avortement en 2020, rappelle le quotidien The New York Times. Ces personnes “n’auraient pas dû être poursuivies”, a déclaré le président républicain, ajoutant : “C’est un grand honneur de signer ceci.”Donald Trump a ainsi gracié Lauren Handy, commanditaire de cette invasion. Elle avait été condamnée à près de cinq ans de prison pour avoir dirigé le blocus en ordonnant aux manifestants de se lier entre eux avec des cadenas et des chaînes pour bloquer les portes de la clinique, précise AP. La police avait trouvé cinq fœtus au domicile de Lauren Handy après son inculpation. Ses neuf coaccusés ont également été graciés. L’annonce de ce décret de grâce intervient à la veille d’une grande manifestation anti-avortement à Washington, appelée la “Marche pour la vie”. Le milliardaire de 78 ans doit selon la presse y participer par visioconférence, tandis que le vice-président J.D. Vance est attendu sur place.Le créateur d’un site illégal de vente de drogueDonald Trump a dit mardi avoir gracié le créateur du site illégal “Silk Road”, qui a servi de plateforme en ligne pour la vente de millions de dollars de drogues à travers le monde. Ross Ulbricht avait été condamné en 2015 à la prison à vie pour trafic de stupéfiants et opérations commerciales illégales. Son site, créé en janvier 2011, a servi à vendre de nombreux biens illégaux sur le “darkweb”, dont 200 millions de dollars de drogues, avant d’être fermé par la police fédérale américaine (FBI) en octobre 2013. L’homme de 40 ans était aussi accusé d’avoir commandité cinq meurtres.”Je viens d’appeler la mère de Ross William Ulbricht pour lui faire savoir qu’en son honneur et celui du mouvement libertarien, qui m’a soutenu si ardemment, j’ai le plaisir de signer une grâce totale et inconditionnelle pour son fils”, a déclaré le nouveau président américain sur Truth Social. Donald Trump avait promis de le libérer lors d’un discours en mai devant la convention du parti libertarien, un mouvement marginal qui prône les libertés individuelles et un rôle minimal du gouvernement. Le cas de Ross Ulbricht est devenu célèbre dans les cercles libertariens, qui dénonçaient sa condamnation comme une atteinte aux principes du libre marché.Deux policiers condamnés pour meurtre et dissimulationD’après les médias américains, dont la chaîne CNN, le président Donald Trump a également accordé une “grâce totale et inconditionnelle” au lieutenant de police Andrew Zabavsky et à l’officier Terence Sutton pour leur rôle dans la mort de Karon Hylton-Brown, 20 ans, afro-américain.Les procureurs ont fait valoir qu’en octobre 2020, ces policiers du département de police métropolitaine de Washington ont repéré Karon Hylton-Brown conduisant une moto sans casque et l’ont poursuivi à des “vitesses déraisonnables” jusqu’à ce qu’il soit finalement heurté et tué par un automobiliste non impliqué, rappelle la chaîne américaine. Alors que Hylton-Brown gisait mourant dans la rue, les officiers ont dissimulé l’incident, selon les enquêteurs, en éteignant leurs caméras corporelles, en falsifiant la scène et en induisant en erreur leurs commandants sur la nature de l’incident.Donald Trump avait fait référence à plusieurs reprises à ces grâces potentielles ces derniers jours, notamment mardi lors d’une conférence de presse sans rapport avec l’affaire à la Maison-Blanche, lorsqu’on lui avait demandé si sa décision de gracier les émeutiers du Capitole américain du 6 janvier 2021 envoyait le message qu’il était acceptable d’agresser la police. “Non, c’est le contraire. En fait, je vais gracier deux officiers de la police de Washington DC, je viens de l’approuver”, a-t-il fait valoir. Le syndicat de la police de DC a salué la décision de Trump, affirmant dans un communiqué que Terence Sutton avait été “injustement accusé par des procureurs corrompus pour avoir fait son travail”. De son côté, la mère de Karon Hylton-Brown, Karen Hylton, a déclaré avoir envoyé mardi une lettre à la Maison-Blanche adressée au président, lui demandant de ne pas gracier les deux policiers. Elle a également écrit dans ce courrier, dont elle a partagé une copie avec NBC News, qu’elle pensait que le racisme avait causé la mort de son fils, et elle a demandé à Donald Trump de réexaminer l’affaire avant de rendre un jugement.
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Author : Célia Cuordifede
Publish date : 2025-01-24 11:27:00
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