C’est un discours au ton très religieux qu’a prononcé Donald Trump lors de la cérémonie d’investiture. A l’entendre, il a été choisi par Dieu lui-même pour occuper le bureau Ovale. Il a évoqué la tentative d’assassinat contre lui en Pennsylvanie, où il a été blessé à l’oreille par un tireur sur un toit. “J’ai senti alors et je le crois encore plus maintenant, que j’ai eu la vie sauve pour une raison. J’ai été sauvé par Dieu pour rendre à l’Amérique sa grandeur”, a annoncé sans ciller le nouveau président américain. Il a ensuite qualifié son investiture de “jour de libération”, qui va permettre de revenir à “l’âge d’or” ; et a promis aux Américains : “nous n’oublierons pas notre pays, notre Constitution, ni notre dieu”. Sous sa houlette, a-t-il continué, “les Etats-Unis vont de nouveau se penser comme une nation en pleine croissance, qui accroît notre richesse, étend notre territoire…” Avant d’ajouter : “Et nous poursuivrons notre destinée manifeste dans les étoiles, lançant les astronautes américains pour planter la bannière étoilée sur la planète Mars”. A la grande joie d’Elon Musk, assis dans le public, qui pousse à une exploration de la planète depuis des années.La “destinée manifeste” est une idée du milieu du XIXe siècle selon laquelle les pionniers blancs, compte tenu de leur supériorité morale et de leurs valeurs chrétiennes, ont été investis d’une mission divine dont le but est de conquérir et de civiliser les territoires vers l’ouest. Cette notion a servi de justification pour accaparer des terres appartenant au Mexique et aux Indiens et de récupérer ainsi l’Oregon, le Texas, le Nouveau-Mexique… A deux pas de là où le président a prononcé son discours dans le Capitole, se trouve une fresque intitulée “La Course à l’Empire prend son chemin vers l’Ouest” qui dépeint une glorieuse caravane de pionniers avec leurs chariots regardant vers le Pacifique.Politique étrangère impérialisteAu fil du temps, le concept de destinée manifeste a suscité moult critiques qui ont estimé qu’il masquait surtout des visées commerciales et expansionnistes de plus en plus ambitieuses. A la fin du XIXe siècle, la “divine Providence” a servi à justifier une politique étrangère impérialiste dans le cas par exemple de la guerre contre l’Espagne qui a fini par céder Porto Rico, l’île de Guam et les Philippines à l’Amérique alors que Cuba devenait de facto un protectorat. En 1920, après la Première Guerre mondiale, le président Wilson dans un message au Congrès décrit plutôt une Amérique ayant pour mission de diffuser le modèle démocratique dans le monde : “C’est le moment où la démocratie devrait prouver que sa pureté et son pouvoir spirituel peuvent prévaloir. C’est certainement la destinée manifeste des Etats Unis de mener l’effort dans la tentative de faire prévaloir cet esprit”.Donald Trump, depuis 2016, prône une vision isolationniste résumée dans son slogan “l’Amérique d’abord” et a critiqué violemment le courant des néoconservateurs va-t-en guerre qui milite pour une Amérique gendarme du monde. Mais cela ne l’a pas empêché d’évoquer une annexion du Groenland déjà lors de son premier mandat. Et, ces dernières semaines, il n’a cessé d’appeler de manière extraordinaire à étendre les frontières du pays par l’emploi de la force militaire s’il le faut.Dans son discours, il a promis de poursuivre la conquête spatiale. Il a également reparlé de sa volonté de rebaptiser le golfe du Mexique en “golfe de l’Amérique”. Et s’en est pris de nouveau au Panama à qui les Etats-Unis ont laissé “stupidement” la gestion du canal après l’avoir administré pendant des décennies. “Nous avons été très mal traités à la suite de ce cadeau stupide qu’on n’aurait jamais dû faire”, a-t-il dit. Selon lui, les navires américains ne bénéficient pas d’un traitement équitable et il accuse la Chine d’avoir pris le contrôle des opérations. Mais “nous allons le reprendre”, a-t-il ajouté.Il n’a pas mentionné ses autres rêves d’expansion territoriale : annexer le Groenland et faire du Canada le 51e Etat américain. Comme d’habitude avec Donald Trump, il est difficile de savoir jusqu’où il est prêt à aller. Les analystes estiment qu’il s’agit surtout de menaces dans le but d’obtenir des concessions du Danemark et du Panama. Selon un sondage récent, si les Américains sont favorables dans l’ensemble aux politiques du nouveau président, ils n’apprécient pas en revanche ses idées trop extrémistes. Quant à ses partisans farouchement attachés au slogan “l’Amérique d’abord”, sont-ils vraiment prêts à envahir le Panama, même si c’est dicté par le Tout-puissant lui-même ?
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Author : Hélène Vissière
Publish date : 2025-01-21 08:19:00
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