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L’Express

« La suite du quinquennat se joue mardi » : François Bayrou, l’heure de vérité face au Parlement

« La suite du quinquennat se joue mardi » : François Bayrou, l’heure de vérité face au Parlement




Le téléphone de Laurent Wauquiez a cessé de sonner. Le patron des députés de la Droite Républicaine (DR) n’a pas échangé avec François Bayrou depuis la formation du gouvernement. L’élu de Haute-Loire a un défaut. Il n’appartient pas au Parti socialiste, que l’exécutif cherche à amadouer pour échapper à la censure. Il s’est donc rappelé au bon souvenir du Béarnais, à la veille de sa très attendue déclaration de politique générale (DPG).Dans un entretien au Parisien, il met en garde le Premier ministre contre toute suspension de la réforme des retraites « sans scénario alternatif » et l’appelle à engager une baisse de la dépense publique. « Je ne voterai pas un budget avec de nouvelles hausses d’impôts », assure l’ancien ministre. En septembre, il savait que Michel Barnier souhaitait augmenter la fiscalité quand il a refusé de s’installer à Bercy. La droite a perdu depuis Matignon, le brouillard l’enveloppe.Bruno Retailleau y voit à peine plus clair. Le ministre de l’Intérieur a adressé une note à François Bayrou pour lui rappeler ses priorités. Lui aussi prêtera une oreille attentive au discours du Premier ministre mardi. Dans leurs conversations privées, le maire de Pau se montre ouvert aux doléances du locataire de Beauvau. En public, il est plus évasif sur la feuille de route de son ministre. Quelle sera sa latitude d’action ? « La DPG sera un moment fondateur, admet un fidèle du Vendéen. La négociation avait été plus claire avec Michel Barnier. Là, le contexte est plus flou dans la mesure où Bayrou est une émanation du macronisme. » Et puis, la droite ne menace pas de faire tomber le gouvernement. Pourquoi l’abreuver d’informations ?L’exécutif préfère cajoler la gauche. Le ministre de l’Economie Eric Lombard a été mandaté pour négocier un accord de non-censure avec le Parti socialiste. Il s’est engagé à dire à ses interlocuteurs avant l’heure fatale le résultat des courses. Installés dans l’hémicycle, les élus socialistes ne perdront pas une miette de l’intervention du chef du gouvernement. Justice fiscale, avenir de la réforme des retraites… Leurs exigences trouveront-elles une traduction rhétorique ? Les exégètes disséqueront chaque formule du Béarnais pour en déceler le sens ou les intentions cachées.Une vigueur inéditeLa DPG, c’était mieux avant ? Plus simple, en tout cas. Sous la présidence d’Emmanuel Macron, l’exercice a longtemps été convenu. « Tout le monde s’en foutait, note un fidèle de François Bayrou. C’était un simple discours envers les institutionnels. » Chaque chef du gouvernement se posait en vigie du projet présidentiel, avec son style propre. Emmanuel Macron a même pris un malin plaisir à leur couper l’herbe sous le pied. Le chef de l’Etat prononçait un discours devant le Congrès à la veille de la DPG d’Edouard Philippe. Le discours de Gabriel Attal a été précédé d’une conférence de presse présidentielle.Dans son ouvrage Vingt mois à Matignon (Flammarion), Elisabeth Borne ne trouve qu’une étrangeté à l’exercice : « Vous ne savez pas, au moment de présenter votre feuille de route devant les députés, si vous êtes là pour cinq ans ou pour quinze jours. » François Bayrou pourrait plus que jamais s’approprier cette remarque. C’est bien la seule. La dissolution et l’absence de la majorité à l’Assemblée ont explosé les vieux schémas. Voilà la Déclaration de politique générale dotée d’une vigueur inédite.On n’y découvre pas une méthode, mais une politique. Le style du chef du gouvernement, pierre angulaire des anciennes déclarations, devient presque accessoire. « La suite du quinquennat se joue mardi, glisse en privé le ministre de l’Economie Eric Lombard. La plateforme entre les partis qui soutiennent l’exécutif et ceux qui veulent bien travailler avec lui, c’est la DPG. » Curieuse plateforme, égaré dans un no man’s land politique. Faute de majorité, l’exécutif multiplie les concertations avec les groupes parlementaires pour assurer sa survie. Mais le Premier ministre ne s’appuie pas pour autant sur une « coalition », unie par un projet politique négocié après les élections législatives. La DPG se glisse dans cet interstice. Symptôme d’un rebond du parlementarisme, tant elle est précédée de négociations. Signe d’une culture verticale propre à la Ve République, tant sa préparation est nimbée de mystère. Se mêlent chez François Bayrou contraintes et pouvoir discrétionnaire.Sémantique et symbolesFrançois Bayrou a la réputation d’écrire seul ses discours. Il devra faire preuve de créativité sémantique, tant ses injonctions sont contradictoires. Certains termes sont autant des caresses que des gifles. Le chef de file des socialistes Olivier Faure a affirmé dimanche n’attendre qu’un « mot très simple » de la part de François Bayrou pour ne pas voter la motion de censure : « suspension » de la réforme des retraites. La droite et les macronistes récusent cette ambition au nom de la préservation des finances publiques. Le président du Sénat Gérard Larcher réclame l’absence de « suspension » ou « d’abrogation » du texte adoptée en 2023. « On a payé le prix du sang sur cette réforme, je trouverais cela incroyable qu’on accepte de la suspendre », confiait en décembre un ministre LR.François Bayrou doit composer avec la charge symbolique du mot. Ici, il est un antidote au procès en compromission avec le pouvoir macroniste. Là, un abandon d’un ADN réformiste. « L’écriture sur le chapitre retraites est très importante, admet un proche. Mais il faut trouver la formule qui fasse que les socialistes disent « banco on y va ». » Eric Lombard a fait comprendre aux socialistes qu’il n’était pas opposé à la suspension, tout en précisant que seul François Bayrou décidera. Certes la gauche attend un geste, un mot, dans le discours du Premier ministre, mais n’en oublie pas la suite des évènements. Le diable se cache dans les détails : la discussion budgétaire qui arrive pourrait être le nid de rodomontades qui feront changer l’avis les socialistes.Comme le veut l’usage, François Bayrou dévoilera à Emmanuel Macron sa déclaration de politique générale avant d’entrer dans l’hémicycle. Tous deux ont échangé à ce sujet. Quand il lira le texte, le président pourrait y trouver un absent : lui-même. La dissolution de l’Assemblée a évincé Emmanuel Macron de la Déclaration de politique générale. Le 1er octobre, Michel Barnier s’était contenté de saluer ses efforts pour favoriser « l’attractivité de la France ». Cet hommage visait davantage à rassurer l’ex-majorité présidentielle qu’à honorer le président. Si loin du « cap » présidentiel, vanté par Edouard Philippe en 2017. Ou des « valeurs portées par le projet du président de la République » louées par Elisabeth Borne en 2022. Il est permis de penser que le discours de François Bayrou ne placera pas le chef de l’Etat au premier plan. La DPG, c’était mieux avant ? Un homme doit le penser.



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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2025-01-13 16:55:00

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