Des « propos totalement erronés », une « attitude méprisante » : le Sénégal et le Tchad n’ont pas tardé de réagir aux propos tenus par Emmanuel Macron lors de son traditionnel discours face aux ambassadeurs lundi 6 janvier à Paris. La France a eu « raison » d’intervenir militairement au Sahel « contre le terrorisme depuis 2013 », mais les dirigeants africains ont « oublié de nous dire merci », a déclaré le chef d’Etat français, estimant qu' »aucun d’entre eux » ne gérerait un pays souverain sans cette intervention. « C’est pas grave, ça viendra avec le temps », a même ironisé le président français.Le gouvernement tchadien a exprimé sa « vive préoccupation suite aux propos tenus récemment par le Président de la République française, Emmanuel Macron, qui reflètent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains », indique un communiqué du ministre tchadien des Affaires étrangères Abderaman Koulamallah lu à la télévision d’Etat lundi soir. Abderaman Koulamallah rappelle « qu’il n’a aucun problème avec la France » mais également que « les dirigeants français doivent apprendre à respecter le peuple africain ».Fin 2024, le Tchad, le Sénégal puis la Côte d’Ivoire avaient annoncé tour à tour le retrait de la présence militaire française sur leur territoire en 2025. Des troupes et des avions de combat français ont été stationnés dans ces trois pays quasiment sans discontinuer depuis l’indépendance en 1960, servant à la formation et l’entraînement des militaires. Selon le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, ces accords étaient « complètement obsolètes », face « aux réalités politiques et géostratégiques de notre temps ».La France « contributrice de la déstabilisation »Devant les ambassadeurs, Emmanuel Macron a abordé le retrait progressif des soldats français d’Afrique, estimant qu’il s’agissait d’une conséquence des putschs survenus dans plusieurs pays, dont le Mali, le Burkina Faso ou encore le Niger. Dans la soirée, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a réagi à son tour, contestant que le retrait annoncé des soldats français de son pays aurait donné lieu à des négociations entre Paris et Dakar, et parlant sur X d’affirmation « totalement erronée ».Le Président Emanuel Macron a affirmé aujourd’hui que le départ annoncé des bases françaises aurait été négocié entre les pays africains qui l’ont décrété et la France.
Il poursuit en estimant que c’est par simple commodité et par politesse que la France a consenti la primeur… pic.twitter.com/kNrBtkEGE0— Ousmane Sonko (@SonkoOfficiel) January 6, 2025Ce mardi 7 janvier, la presse sénégalaise dans son ensemble n’hésite pas à titrer sur un « recadrage » d’Emmanuel Macron par Ousmane Sonko. « Nous avons proposé aux chefs d’Etat africains de réorganiser notre présence. Comme on est très polis, on leur a laissé la primauté de l’annonce », avait déclaré le premier. Le second précise qu' »aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour » et que la décision prise par le Sénégal « découl [ait] de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain ». Selon le Premier ministre sénégalais, la France, aurait par ailleurs « souvent contribué à déstabiliser certains pays africains comme la Libye avec des conséquences désastreuses notées sur la stabilité et la sécurité du Sahel. »Enfin, le Tchad comme le Sénégal ont tenu à rappeler le soutien de soldats africains à la France pendant les deux guerres mondiales. Le ministre des Affaires étrangères tchadien a ainsi souligné le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales » que « la France n’a jamais véritablement reconnu » ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains ». Tandis qu’Ousmane Sonko, avec des propos plus osés, a affirmé que « si les soldats africains, quelques fois mobilisés de force, maltraités et finalement trahis, ne s’étaient pas déployés lors de la Deuxième Guerre mondiale pour défendre la France, celle-ci serait peut-être aujourd’hui encore allemande ».LFI s’insurge aussiLes déclarations d’Emmanuel Macron « relèvent d’un aveuglement qui confine à la folie » et révèlent « un paternalisme néocolonial tout bonnement intolérable », a aussi dénoncé de son côté mardi La France insoumise dans un communiqué. « De tels propos sont politiquement inconséquents et diplomatiquement totalement irresponsables et fragilisent encore davantage nos relations avec les nations d’Afrique de l’Ouest », a ajouté le parti de gauche radicale. « Les propos du Président Macron à propos du départ prétendument négocié de l’armée française au Sénégal et au Tchad sont démentis par les deux pays », a relevé sur X le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. « Encore une fois, la désinvolture et les paroles non maîtrisées aggravent les relations internationales de notre pays », a-t-il ajouté. Le secrétaire général du Parti socialiste Pierre Jouvet a pour sa part ironisé sur X : « Voilà le retour d’OSS Macron 117… »
Source link : https://www.lexpress.fr/monde/afrique/une-attitude-meprisante-le-tchad-et-le-senegal-soffusquent-apres-les-propos-demmanuel-macron-HASUEM3YI5HV3DALL4SO7FNI3E/
Author :
Publish date : 2025-01-07 09:57:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.