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2019. Le président ukrainien tout juste élu Volodymyr Zelensky se réjouit de la signature d’un accord synonyme de « sécurité énergétique » et de « prospérité pour les Ukrainiens » avec la Russie, devant rapporter au pays « plus de sept milliards de dollars » sur cinq ans. Les termes du contrat établi entre la compagnie ukrainienne Naftogaz et le géant russe Gazprom sont relativement simples : l’Ukraine autorise son voisin russe à exporter son gaz en Europe via son territoire, en échange d’un important paiement. Mais cet accord quinquennal, qui avait été maintenu malgré l’invasion de l’Ukraine par la Russie, est désormais caduc. Et ce, depuis le 1er janvier 2025, Kiev ayant décidé de ne pas le reconduire et ainsi de définitivement cesser les livraisons de gaz en Europe via son territoire. »Nous avons arrêté le transit du gaz russe, c’est un événement historique. La Russie perd des marchés, elle va subir des pertes financières », s’est félicité ce mercredi le ministre ukrainien de l’Énergie, Guerman Galouchtchenko, tandis que Volodymyr Zelensky a mis en avant « l’une des plus grandes défaites de Moscou ». « Lorsque Vladimir Poutine a pris le pouvoir en Russie il y a plus de 25 ans, le volume annuel de gaz envoyé via l’Ukraine vers l’Europe s’élevait à plus de 130 milliards de m3. Aujourd’hui, le transit de gaz russe est à zéro », a poursuivi le président ukrainien sur les réseaux sociaux.Cet arrêt, soutenu par la Commission européenne, a également été félicité par la Pologne, l’un des plus proches alliés de Kiev. Le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, a ainsi salué « une nouvelle victoire » sur Moscou. « Vladimir Poutine a dépensé des milliards pour construire Nordstream afin de contourner l’Ukraine et de faire chanter l’Europe de l’Est en la menaçant d’interrompre ses livraisons de gaz. Aujourd’hui, l’Ukraine l’empêche d’exporter du gaz directement vers l’UE », a-t-il posté sur X. Bruxelles a de son côté assuré que « l’UE est prête » à mettre un terme à cet accord après avoir travaillé pendant « plus d’un an » pour s’assurer que « d’autres sources d’approvisionnement sont disponibles »La colère de la Hongrie et de la SlovaquieMais pour plusieurs autres pays d’Europe de l’Est, l’arrêt de ce contrat, qui concerne près du tiers des livraisons totales de gaz russe à l’Europe, est source d’inquiétudes. Ces dernières semaines, la Hongrie et la Slovaquie se sont notamment plaintes de voir le robinet coupé. Le Premier ministre slovaque Robert Fico, bien disposé envers Vladimir Poutine et dont le pays est très dépendant de l’approvisionnement en gaz russe, a averti ce mercredi 1er janvier d’un « impact drastique sur nous tous dans l’UE ». Ce dirigeant nationaliste, qui a également menacé Kiev des mesures de représailles si elle ne prolongeait pas l’accord, s’est d’ailleurs rendu à Moscou le 22 décembre pour tenter de trouver une solution dans l’urgence, provoquant la colère de Volodymyr Zelensky, qui l’a accusé de vouloir « aider Poutine ».La Hongrie, de son côté, reçoit l’essentiel de ses importations de gaz russe via TurkStream, qui passe sous la mer Noire. Si l’arrêt du transit via l’Ukraine ne l’affectera que marginalement, le Premier ministre Viktor Orban a assuré « ne pas vouloir abandonner » cette route utilisée pour de faibles volumes, a-t-il déclaré la semaine dernière, afin de maintenir « des prix raisonnables ».Gazprom a confirmé ce mercredi dans un communiqué que « depuis 8h, le gaz russe n’a pas été fourni pour le transit à travers l’Ukraine ». Ses exportations vers l’Europe via le territoire ukrainien s’élevaient à un peu plus de 14 milliards de mètres cubes par an, selon des chiffres officiels. Dans ce contexte tendu, le cours du gaz européen a atteint mardi la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure, une première depuis plus d’un an.Avec la fin de ce transit et plus de deux ans après le sabotage des tubes Nord Stream en mer Baltique, l’Europe ne sera désormais plus approvisionnée en gaz russe que par TurkStream, et son prolongement Balkan Stream. Elle importe par ailleurs d’importantes quantités de gaz naturel liquéfié (GNL) russe par méthaniers.La Moldavie en danger ?Mais si un pays est particulièrement menacé par cet arrêt, c’est assurément la Moldavie, qui a décrété l’état d’urgence. Gazprom avait annoncé l’arrêt des livraisons avant même l’officialisation par Kiev de la fin du contrat de transit, dans le contexte d’un différend financier avec cette ex-république soviétique aux aspirations européennes.En dépit d’importants efforts de diversification depuis le début de la guerre chez son voisin ukrainien, la Moldavie dépend toujours pour 70 % de son électricité de la centrale thermique de Cuciurgan, située dans la région séparatiste de Transdniestrie et alimentée en gaz russe via l’Ukraine. Or, celle-ci a donc vu son alimentation coupée par l’arrêt des importations de gaz russe. Cette région « traverse une situation difficile » après que le fournisseur local Tiraspoltransgaz « a interrompu l’approvisionnement en gaz naturel et en chauffage », a averti le porte-parole du gouvernement moldave Daniel Voda, appelant la Russie à « cesser son chantage ». »Le Kremlin a une nouvelle fois recours au chantage énergétique afin d’influer sur les élections législatives de 2025 et de fragiliser notre trajectoire européenne », a réagi la présidente Maia Sandu, réélue en novembre après un scrutin assombri par des accusations d’ingérences russes. Aux habitants de Transdniestrie, qui vont se retrouver sans chauffage en plein hiver, elle a proposé « une aide humanitaire » mais les autorités locales ont refusé, espérant une résolution rapide du conflit.Les habitants sont invités à « s’habiller chaudement », à « se regrouper dans une seule pièce » et à ne pas utiliser des moyens de chauffage artisanaux pour prévenir les risques d’incendie, selon le communiqué d’une société d’énergie. Selon les autorités, 131 écoles et 147 jardins d’enfants ont dû être coupés du réseau en raison de l’arrêt de l’approvisionnement. Le chef des séparatistes prorusses, Vadim Krasnosselskiï, a rapidement reconnu « un problème » et convoqué une réunion d’urgence. Le reste de la Moldavie est épargné pour l’instant, notamment grâce à l’aide de la Roumanie voisine. Mais la situation en Transdniestrie pourrait très vite déborder en importante crise humanitaire alors que les températures atteignent très régulièrement des niveaux négatifs à cette période de l’année.
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Publish date : 2025-01-02 10:30:00
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