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L’Express

Assassinat d’un général russe : « l’humiliation de Poutine » vue par la presse étrangère




Moscou. Mardi 17 décembre. Deux corps devant un immeuble résidentiel en ruine. Du sang sur une fine couche de neige. Il était 6 h 12 lorsqu’une explosion a retenti dans la capitale russe, emportant deux hommes. L’un d’eux était le général et commandant des forces russes de défense radionucléaire, chimique et biologique, Igor Kirillov. Le second, son assistant. Une fraction de seconde plus tard, seuls du verre brisé et des débris jonchaient le sol. « Un crime sans précédent », pour le quotidien économique de Moscou Kommersant.Après le décès d’Igor Kirillov, le plus haut responsable militaire russe tué à Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, la presse internationale n’a pas manqué de réagir. Pour le quotidien britannique The Guardian, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : cet assassinat est destiné à « semer la panique et la peur parmi les hauts responsables du Kremlin et de l’armée ». Toujours au Royaume-Uni, The Telegraph, lui, y voit une « humiliation de Poutine par l’Ukraine ». »Un assassinat audacieux »Le Service de sécurité intérieure de l’Ukraine (SBU) a revendiqué l’assassinat. « Kirillov était un criminel de guerre et une cible parfaitement légitime », a déclaré un responsable du SBU au journal en ligne ukrainien Ukrayinska Pravda. « Il est frappant de constater à quel point l’opération était élaborée », commente la BBC. Selon une première hypothèse, un scooter chargé d’explosifs aurait été placé devant l’immeuble résidentiel aux alentours de 4 heures du matin. L’engin aurait ensuite été déclenché à distance à l’aide d’un téléphone portable ou d’un signal radio. Un assassinat qualifié « d’audacieux » par le quotidien californien Los Angeles Times.Pour The Telegraph, le mode opératoire n’a rien de surprenant : « les bombes cachées sous les voitures, dans les scooters et dans les bustes sont les outils préférés des assassins ukrainiens », écrit le quotidien en référence à la mort de Vladlen Tatarsky. En avril 2023, le blogueur russe pro-guerre rencontrait des sympathisants dans un café de Saint-Pétersbourg lorsqu’une prétendue étudiante en art, Darya Trepova, est allée à sa rencontre, lui offrant une sculpture représentant le buste d’un soldat. Quelques minutes plus tard, la statue explosait, tuant l’influenceur. Depuis se sont succédé de nombreuses attaques de hauts fonctionnaires du Kremlin. Jusqu’à Igor Kirillov. »L’assassinat d’un général russe renforce la réputation de vengeance abrupte du SBU », titrait The Guardian. Vingt-quatre heures avant l’explosion, l’Ukraine avait caractérisé Igor Kirillov de criminel de guerre pour avoir approuvé l’utilisation de gaz lacrymogènes et d’autres armes chimiques interdites contre les forces ukrainiennes. Selon le SBU, plus de 2 000 soldats ont été admis dans des hôpitaux à la suite de ces empoisonnements. Un constat qui avait valu à Igor Kirillov « une place sur la liste des personnes à abattre » selon The Telegraph. Depuis mars 2022, le militaire multipliait les interventions publiques, accusant Kiev et Washington de former une « armée d’oiseaux migrateurs, de moustiques et de chauves-souris » pour propager le virus de la dengue, de la fièvre Zika et de la fièvre jaune au sein des rangs russes.La fin des espoirs de paix ? »Cette nouvelle tentative d’assassinat va-t-elle exacerber la paranoïa du Kremlin et compromettre les espoirs de négociations de paix hivernales ? », se demande The Telegraph. D’après la BBC, les analystes ont un avis bien tranché sur la question. Selon ces derniers, « les deux camps s’efforcent de s’infliger des coups durs afin d’obtenir un maximum d’influence dans les négociations à venir ». Et la réponse de Moscou pourrait être immédiate. Le chef adjoint du Conseil de sécurité du Kremlin, Dmitri Medvedev, a promis qu’il y aurait des « représailles imminentes contre des personnalités ukrainiennes de haut rang », expose le Los Angeles Times.Une flambée de violence critiquée par des influenceurs militaires russes. Rybar, une chaîne Telegram au 1,3 million d’abonnés, a pris la parole sur le sujet, déplorant le moral inquiétant des troupes. « Quels que soient les succès que nous remportons sur le champ de bataille, quelle que soit l’euphorie qui règne et quels que soient nos discours sur la prise d’initiative, l’autre camp a toujours l’occasion de nous piquer douloureusement », peut-on lire sur le réseau social. Mais pour The Telegraph, les pourparlers de paix ne seront pas imminents. « La mort d’un soldat supplémentaire, voire d’un général de haut rang assassiné, ne semble guère avoir d’importance », écrit le quotidien britannique. Quoi qu’il en soit, pour la BBC, le message est clair : « Même à l’intérieur de Moscou, les généraux russes ne peuvent se sentir en sécurité ».



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Author : Aurore Maubian

Publish date : 2024-12-18 17:22:00

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