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L’Express

François Bayrou à Matignon : la droite ne l’aime pas, mais…




Sous la voûte restaurée de Notre-Dame, l’ambition. Partout. Ce samedi 7 décembre, élus de tous bords viennent célébrer la réouverture de la cathédrale, dévorée par les flammes cinq ans plus tôt. De génie architectural, il n’est guère question dans les échanges. La nomination imminente d’un Premier ministre est sur toutes les lèvres. Le sénateur centriste Hervé Marseille devise avec l’écologiste Yannick Jadot. La ministre de la Décentralisation Catherine Vautrin confesse l’absence de signes d’Emmanuel Macron.François Bayrou est là. De bonne humeur, il remercie un élu Les Républicains (LR), auteur de propos aimables envers lui à la télévision. Cette semaine-là, il a appelé Laurent Wauquiez pour le sonder sur Matignon. L’ancien ministre n’a pas opposé de veto. A-t-il été surpris par cette indulgence soudaine ? Le Béarnais a plutôt l’habitude des quolibets de la droite, entre accusations de « trahison » et vendetta personnelle de Nicolas Sarkozy. Mais cette dernière songe à participer au gouvernement du futur locataire de Matignon, malgré une histoire tumultueuse.A l’origine, il y a le mépris. La droite n’aime pas François Bayrou. Elle épingle cet apparatchik manœuvrier et guère courageux, au bilan famélique au ministère de l’Education nationale. Elle égrène la liste de ses « trahisons » à la famille gaulliste. Ce refus de rejoindre l’UMP en 2002. Ce choix de voter François Hollande face à Nicolas Sarkozy en 2012. Ce ralliement à Emmanuel Macron cinq ans plus tard, dernier clou sur le cercueil de François Fillon. Dès octobre 2016, les sarkozystes épinglaient dans une tribune son soutien à Alain Juppé lors de la primaire de la droite, symptôme d’une « cette compromission idéologique ». La droite le méprise ? Il le lui rend bien. François Bayrou a toujours décrié la tentation hégémonique de l’UMP, soupçonnée d’étouffer les sensibilités politiques. Cette méfiance ne l’a jamais quitté. Dès la formation du gouvernement de Michel Barnier, il éreinte en privé le retour de « l’Etat RPR ». »On ne va pas faire des revanches douze ans après »En politique, l’animosité s’arrête là où les intérêts convergent. La droite a identifié les siens. Elle a pris goût aux responsabilités sous Michel Barnier. Retrouve le regard des Français, douze ans après la défaite de Nicolas Sarkozy. Elle se singularise enfin du Rassemblement national, rangé dans le camp des « semeurs » de chaos depuis le vote de la censure contre Michel Barnier. Les ministres LR veulent poursuivre leur mission, à l’image du locataire de Beauvau Bruno Retailleau. Il épargnait ainsi François Bayrou le 5 décembre dans Le Figaro, lui reconnaissant de n’avoir « jamais pactisé avec le NFP ». La droite redécouvre les vertus du temps, qui cicatrice bien des blessures. Le sarkozyste Brice Hortefeux philosophe : « Nous ne sommes plus en 2014. Même si certains gaullistes soldaient encore leurs comptes avec les giscardiens en 1981, après le référendum de 1969. » « On ne va pas faire des revanches douze ans après, mais il y a une animosité chez nous. Il y a toujours une animosité, mais ce n’est pas bloquant », note un ministre démissionnaire. Un cadre conclut : « Il y a prescription. »La droite n’aime toujours pas François Bayrou. Elle le tolère, voilà tout. Ce vendredi, le patron des députés DR Laurent Wauquiez réunit ses troupes en visioconférence, après un échange avec Bruno Retailleau et le président des sénateurs LR Mathieu Darnaud. Des députés, comme Ian Boucard ou Philippe Gosselin, rappellent l’hostilité de leurs électeurs à François Bayrou. Sans en faire un casus belli. « Ce n’est pas évident, contrairement à septembre avec Barnier », admet Laurent Wauquiez. Ce dernier n’oppose aucun veto à une participation de la droite au prochain gouvernement. Il souhaite en revanche la soumettre à des conditions de fond. Autour du ministre de l’Intérieur, le même discours est déployé.La « responsabilité » a un prixLes orientations du nouveau gouvernement décideront du choix de la droite. Place aux négociations. Bruno Retailleau échange vendredi soir à Matignon avec François Bayrou. Avec Laurent Wauquiez, auront-ils le même degré d’exigence ? Les deux hommes partagent des convictions voisines, mais ont des intérêts divergents. Le premier, soucieux d’incarner l’alternance en 2027, craint de se fondre dans le macronisme. Le second tient à rester au gouvernement, mais pas à tout prix. Les échanges dessineront une droite à l’unisson ou travaillée par des tiraillements stratégiques. Turbulences à prévoir.Rien ne s’est passé comme prévu. Qui imaginait la droite travailler avec François Bayrou à l’été 2024 ? La nomination de Michel Barnier est passée par là. L’expérience du « socle commun » fut brève mais a créé un précédent. La collaboration de la droite et de la Macronie sous l’égide d’un Premier ministre LR a ouvert de nouvelles perspectives. « Si on avait eu Bayrou après Attal, peut-être que la droite aurait fait du texte par texte, sans participer au gouvernement », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi.Le Savoyard a agi comme un sas de décontamination de la Macronie. Pour le bonheur de la droite, jugent les partisans d’un retour aux affaires. Pour son malheur, craignent d’autres. Avant la nomination de François Bayrou, un député confiait ses doutes sur cette visibilité gagnée par LR. « C’est vrai quand vous avez Matignon parce que c’est vous qui fixez la ligne. C’est vrai individuellement pour Retailleau ou Genevard, mais ceux qui ne sont pas au gouvernement n’ont pas envie d’être à la remorque d’un exécutif qui apparaîtrait comme étant à la main de Macron. » Mais l’esprit de responsabilité a un prix. Il s’appelle François Bayrou.



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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2024-12-13 18:00:00

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