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L’Express

Corée du Sud : après son éphémère loi martiale, le président visé par une motion de destitution




Les partis d’opposition au Parlement de Corée du Sud ont annoncé, mercredi 4 décembre, avoir déposé une motion de destitution contre le président Yoon Suk-yeol, après sa tentative ratée d’imposer la loi martiale. Une décision surprenante pour la presse coréenne qui « jette le doute sur son avenir politique », selon The Korea Times. journal anglophone du pays. Les députés décideront ultérieurement la date du vote de cette motion, qui pourrait intervenir dès vendredi, ont indiqué les six partis d’opposition lors d’une conférence de presse commune. Elle devra réunir une majorité des deux tiers pour être adoptée.Yoon Sur Yeol, qui avait remporté l »‘élection présidentielle la plus serrée de l’histoire coréenne en 2022″, contextualise The Korea Times, disposait d’une cote de popularité extrêmement faible. Et cela ne risque pas de s’arranger avec cette loi martiale avortée décidée lors d’une allocution surprise tard mardi où il accusait l’opposition de constituer des « forces hostiles à l’Etat » sur fond de désaccord sur le budget. Dans la foulée, des troupes ont été déployées et des hélicoptères de l’armée ont atterri sur le toit du parlement mais les députés ont pu se réunir en catastrophe pour adopter une résolution exigeant l’abrogation de la mesure, ce à quoi Yoon Suk-yeol a fini par se résoudre après plusieurs heures. Des centaines de manifestants s’étaient parallèlement rassemblés devant le parlement pour exiger le retrait du texte et la démission de Yoon Suk-yeol.L’imposition de la loi martiale, une première depuis plus de 40 ans dans le pays, impliquait la suspension de la vie politique ainsi que la fermeture du parlement et la mise sous contrôle des médias. Cet acte a généré inquiétude et désapprobation dans le monde, notamment des Etats-Unis, principal allié de Séoul face à la Corée du Nord, et de la Chine. De son côté, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, qui devait tenir un sommet avec Yoon cette semaine, ne participera pas à la visite prévue, a déclaré mercredi son porte-parole.Son parti demande des explicationsMême dans le camp de Yoon Suk-yeol, les réactions sont froides. Le Parti du Pouvoir au Peuple (PPP) a admis mercredi que le chef d’Etat devrait rendre des comptes. »Le président doit expliquer cette situation tragique tout de suite et en détail », a tancé à la télévision le chef de sa formation, Han Dong-hoon. Le chef de cabinet du président et d’importants conseillers ont dans la matinée « présenté en masse leur démission », selon l’agence nationale Yonhap. La Confédération coréenne des syndicats, plus importante intersyndicale du pays avec ses quelque 1,2 million de membres, a appelé à une « grève générale illimitée » jusqu’à la démission de Yoon Suk Yeo, estimant qu’il avait « signé sa propre fin au pouvoir ». A la mi-journée, le dirigeant n’était toujours pas réapparu en public.Dans la foulée de la proclamation de la loi martiale, 190 parlementaires ont voté contre la mesure, alors que des soldats des forces spéciales tentaient de pénétrer dans la salle de session. Au total, plus de 280 militaires ont fait irruption dans l’institution, selon Yonhap. Devant le bâtiment, mis sous scellés dans la nuit, des manifestants ont clamé : « Arrêtez Yoon Suk-yeol ! », ont constaté des journalistes de l’AFP. « Pourquoi est-ce qu’on a dû venir ici après avoir travaillé toute la journée, en pleine semaine ? », a crié un manifestant. « C’est à cause de cette loi martiale insensée décrétée par Yoon, qui est devenu fou », s’est écrié un autre protestataire, acclamé par des centaines de personnes. »Eliminer les éléments hostiles à l’Etat »Yoon Suk-yeol s’est finalement résolu à annoncer à la télévision la levée de la loi martiale et le retrait des troupes déployées dans la capitale, suscitant des cris de joie des manifestants. À la demande de l’Assemblée nationale, « nous avons procédé au retrait des militaires qui avaient été déployés pour les opérations de loi martiale », a-t-il à 04h30 locales (20h30 heure française). L’armée avait martelé qu’elle n’obéirait qu’aux ordres du président. Tard mardi, Yoon Suk-yeol avait dans une allocution surprise expliqué son choix de ressusciter une loi activée pour la dernière fois en 1980, quand des centaines de milliers de personnes avaient battu le pavé pour protester contre un coup d’Etat militaire. Des manifestations réprimées dans le sang.Dans le contexte de difficultés à adopter le budget, Yoon Suk-yeol avait justifié mardi la mesure en disant vouloir « éliminer les éléments hostiles à l’Etat » et « protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes ». Il avait entre autres pointé du doigt une « dictature législative » et accusé les élus de l’opposition de bloquer « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation ». Le chef de l’opposition Lee Jae-myung, qui a perdu de justesse l’élection présidentielle contre Yoon Suk-yeol en 2022, avait qualifié d' »illégale » la mesure imposée par celui-ci et appelé à manifester devant le parlement. La Maison-Blanche a affirmé qu’elle n’était pas au courant des intentions de Yoon Suk-yeol. Les Nations unies et le Royaume-Uni ont aussi fait part de leur inquiétude, tandis que la Chine a appelé ses ressortissants en Corée du Sud à la prudence. Moscou, qui a resserré ses liens avec la Corée du Nord pour sa guerre en Ukraine, a jugé la situation « alarmante ». Le Japon a pour sa part dit mercredi suivre la situation avec « une préoccupation exceptionnelle et sérieuse ».



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Publish date : 2024-12-04 07:49:00

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