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L’Express

En Moldavie, le « oui » et le « non » au coude-à-coude dans le référendum sur l’UE

La présidente moldave Maia Sandu, le 21 octobre 2024 en conférence de presse dans son QG de campagne à Chisinau

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Le référendum organisé en Moldavie sur l’inscription dans la Constitution de l’objectif d’adhésion à l’UE a donné lieu à des résultats extrêmement serrés, selon les résultats quasi finaux publiés tôt ce lundi 21 octobre par la Commission électorale. Dans un vote assombri par des accusations d’ingérence russe « catégoriquement » rejetées par le Kremlin, le « non » a longtemps dominé la course mais le décompte des bulletins de la diaspora semble avoir permis de renverser in extremis la tendance. Après dépouillement de plus de 98 % des bulletins, le « oui » était légèrement devant avec 50,03 % des suffrages.Dans sa première réaction officielle, la présidente sortante Maia Sandu a dénoncé dans la nuit, alors que le « non » était en tête, « une attaque sans précédent contre la démocratie » et promis de « ne pas plier ». « Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande » pour « piéger notre pays dans l’incertitude et l’instabilité », a déclaré Maia Sandu à la presse, le visage grave.Parallèlement, la candidate de 52 ans est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec 38 % des voix. Elle affrontera le 3 novembre Alexandr Stoianoglo, ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, qui fait mieux que prévu avec près de 29 % des suffrages.Second tour difficile en perspectiveMaia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie. Et déterminer le « destin » de cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants. Mais son pari semble avoir échoué. Car même si le « oui » l’emporte finalement de justesse, ce résultat, sans remettre en cause les négociations avec les Vingt-Sept, « affaiblit en quelque sorte l’image pro-européenne de la population et le leadership de Maia Sandu », commente pour l’AFP le politologue français Florent Parmentier, spécialiste de la région.Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d’incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan. Dans un environnement géopolitique compliqué, avec l’Ukraine en guerre et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer, souligne l’expert. Or après ce revers, une victoire de Maia Sandu au second tour est loin d’être assurée.Alexandr Stoianoglo peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats « et le piège terrible du’Tous contre Sandu' » risque de se refermer sur elle, selon l’analyste. Pendant la campagne, cet homme à l’allure sévère a appelé à « restaurer la justice » devant un pouvoir prêt selon l’opposition à brimer les droits et a plaidé pour une politique étrangère « équilibrée », de l’UE à la Russie.Système massif d’achat de votesTout au long de la journée, les Moldaves ont répondu présent, y compris ceux originaires de la région séparatiste de Transdniestrie, qui héberge une garnison de militaires russes. « Je suis venue donner ma voix pour la prospérité, la paix et le bien-être de notre pays », a dit Olga Cernega, économiste de 60 ans, croisée par l’AFP à Chisinau. D’autres, comme ce juriste sexagénaire ne souhaitant donner que son prénom, Ghenadie, s’inquiétaient du tournant « occidental » de la Moldavie, d’une perte d’identité et jugent que le gouvernement actuel « a aggravé la situation », alors qu’une partie de la population a été appauvrie par une inflation record.Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système massif d’achat de votes a été révélé, visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays de 2,6 millions d’habitants. D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influer sur le scrutin. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur « la déroute » de Maia Sandu et son « échec lamentable ».

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Publish date : 2024-10-21 05:57:34

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