60 jours après le second tour des législatives, Emmanuel Macron a enfin fini par choisir son nouveau Premier ministre. Michel Barnier, issu des rangs de la droite, a désormais la lourde tâche de mener la politique de l’Etat. Le tout dans une « cohabitation exigeante », tel que l’Elysée veut désormais appeler la nouvelle situation politique.La question du nom du nouveau Premier ministre désormais tranchée, une multitude de nouveaux dossiers se présentent désormais pour Michel Barnier dans les prochaines semaines. L’Express fait le point sur les moments clefs à venir ces prochaines semaines.Dès maintenant : le choix du cabinetLe premier chantier auquel va s’atteler le nouveau chef du gouvernement sera celui de la formation de son cabinet. Un nom sera particulièrement scruté : celui de son directeur de cabinet. L’Elysée avait toujours eu une très large influence sur les nominations à ce poste depuis 2017, allant jusqu’à imposer le nom d’un proche d’Alexis Kohler, Emmanuel Moulin, auprès de Gabriel Attal à Matignon. Cette fois-ci, le secrétaire général de l’Elysée a assuré que la présidence allait « débrancher les fils avec Matignon », comme le rapporte Le Figaro, faisant comprendre une volonté de réduire la voilure sur l’interventionnisme des sept premières années au pouvoir.Deux noms circulent pour l’instant pour ce poste très stratégique, rapporte ce vendredi matin Politico : celui de Jérôme Fournel, l’actuel directeur de cabinet de Bruno Le Maire à Bercy, ou encore celui de Michel Cadot, le délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques.Michel Barnier a d’ores et déjà choisi dès ce jeudi un premier nom pour son cabinet : celui de Nolwenn Chouffot, nommée « chargée de mission auprès du Premier ministre », selon un texte paru au Journal officiel ce vendredi 6 septembre. Un poste que celle-ci occupait déjà auprès de Gabriel Attal, mais aussi d’Elisabeth Borne, Jean Castex et Edouard Philippe. Le premier signe d’une possible continuité du nouveau Premier ministre avec son prédécesseur.Dans les prochains jours… ou semaines : la nomination d’un gouvernementIl s’agira du véritable premier grand test de Michel Barnier, qui en dira beaucoup sur la politique qu’il souhaite mener à Matignon : quelle équipe pour mener le « gouvernement de rassemblement au service du pays » appelé par Emmanuel Macron à l’annonce de sa nomination à l’Elysée ? Dès ce vendredi matin, le nouveau Premier ministre a reçu son prédécesseur Gabriel Attal – désormais président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée -, ainsi que les dirigeants de son propre parti politique, les Républicains, pour les sonder en vue de la participation de leurs camps à un futur gouvernement.Des invités qui témoignent de la possible future composition du gouvernement ? Laurent Wauquiez a assuré ce vendredi que son parti conditionnerait sa participation aux futures propositions politiques du nouveau Premier ministre… venu de son propre camp. L’AFP rapporte également que Michel Barnier aurait contacté « certaines personnalités de gauche » et que d’autres échanges devaient suivre, y compris avec la France insoumise et le Rassemblement national, car « il veut rassembler et respecter tout le monde ». Même si du côté de la gauche, il semble plus difficile d’imaginer des figures importantes rejoindre le nouvel exécutif, le patron du PS Olivier Faure expliquant ce matin être certain « qu’aucune personnalité du PS » n’entrera dans le gouvernement.Concernant la date pour un nouveau gouvernement, il est bien difficile de se prononcer. La Constitution n’impose aucun délai pour la formation d’une nouvelle équipe, affirmant simplement que le président de la République nomme les ministres « sur la proposition du Premier ministre ». Si l’on peut raisonnablement espérer ne pas avoir à attendre 53 jours de plus, soit le temps qu’il a fallu à Emmanuel Macron entre la démission de Gabriel Attal et la nomination de Michel Barnier, le choix du nouveau casting gouvernemental pourrait néanmoins prendre un certain temps au vu de la complexité de la situation politique actuelle.Le 1er octobre (ou plus tôt) : le retour à l’Assemblée nationaleSi le casting du nouveau gouvernement pourrait donc prendre du temps à se dessiner, Michel Barnier a cependant tout intérêt à se fixer au plus vite. Car une date butoir arrive très rapidement : le 1er octobre, le dernier jour pour que le gouvernement dépose son projet de loi de finances, soit le budget pour l’année 2025. Chaque jour passé dans l’attente d’un nouveau gouvernement sera un jour de moins pour apporter sa touche à l’un des textes les plus importants de l’agenda parlementaire.Le 1er octobre correspond également au début de la session ordinaire de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire la reprise officielle des travaux du Parlement après la pause estivale. Néanmoins, il est également possible que les débats reprennent plus tôt au Palais Bourbon. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a officiellement adressé un courrier à Emmanuel Macron pour demander l’ouverture d’une session exceptionnelle du Parlement, expliquant que le Premier ministre doit « pouvoir se présenter devant la représentation nationale pour exposer ses priorités et participer à des séances de questions ».Cette rentrée parlementaire, qu’elle soit le 1er octobre ou plus tôt, devrait également être l’occasion d’un événement attendu : le discours de politique générale de Michel Barnier, où ce dernier présentera les priorités de son nouveau gouvernement. S’il n’y a aucune obligation constitutionnelle à un tel exercice, la tradition et la situation politique si particulière rendent presque impératif la tenue d’un tel discours.Dans la foulée : une première motion de censure ?La reprise des débats à l’Assemblée sonne également le retour des motions de censure. Devenues un couperet planant depuis 2022 et l’absence de majorité absolue pour le camp macroniste – les gouvernements Borne et Attal en avaient échappé à 17 au total, dont celle très marquante sur la réforme des retraites -, celles-ci devraient de nouveau rythmer l’actualité parlementaire dans les prochains mois.Les partis de gauche devraient sans surprise être les premiers à dégainer. Toutes les parties prenantes du Nouveau Front populaire ont promis, de La France insoumise au Parti socialiste, qu’ils déposeraient au plus vite une motion de censure contre le gouvernement Barnier. Or, si le nouveau Premier ministre ne sollicitera vraisemblablement pas un vote de confiance à la suite de son discours de politique générale, cette première motion de censure issue des rangs de la gauche devrait donc arriver dans la foulée, soit le jour de la rentrée parlementaire.L’issue de cette motion ne dépendra donc que de l’attitude du Rassemblement national face au gouvernement. Le vice-président du parti Sébastien Chenu a affirmé ce vendredi que leurs députés ne voteront pas cette censure… sauf si « le Premier ministre s’éloignait dans son discours de politique générale terriblement de nos attentes ». Une façon de déjà mettre la pression sur Michel Barnier. En effet, l’addition des voix des 126 députés du RN et des 193 élus du Nouveau Front populaire dépasse largement le cap des 289 voix nécessaires pour faire chuter le gouvernement. Même si pour l’instant, cette hypothèse paraît peu probable, le RN semblant vouloir tirer profit de sa position de force pour peser de tout son poids dans la politique menée par le nouveau gouvernement.
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Publish date : 2024-09-06 17:17:05
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