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Allemagne : l’AfD, ce cancer localisé qui se rapproche dangereusement de Berlin

Le candidat du parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) pour les élections régionales en Thuringe, Björn Höcke, arrive au Parlement de Thuringe à Erfurt, dans l'est de l'Allemagne, le 1er septembre 2024, après la fermeture des bureaux de vote




Ses slogans nazis n’y auront rien changé, pas plus que son projet de « remigrer » en Afrique du Nord des millions d’immigrés et d’Allemands d’origine étrangère. Björn Höcke, chef de l’AfD en Thuringe, est arrivé en tête des élections régionales (avec 32,8 % des voix), devant les conservateurs (CDU). Et en Saxe, Alternative für Deutschland talonne ces derniers.Pour la première fois dans l’Allemagne d’après-guerre, un parti d’extrême droite est arrivé en tête d’une élection. Certes, il ne s’agit « que » de la Thuringe, mais l’on aurait tort d’en sous-estimer l’importance. Car les conséquences sont, potentiellement, vertigineuses.Certains diront que ces succès ne reflètent pas la situation nationale. Qu’ils sont spécifiques à l’ex-Allemagne de l’Est et liés à un sentiment de déclassement jamais gommé depuis la réunification. Pourtant, ces dernières années, l’Etat fédéral a massivement investi dans les infrastructures locales et favorisé l’implantation de grands groupes industriels, tel le taïwanais TSMC. Résultat, le fossé économique s’est réduit.Grignotage »L’explication réside plutôt dans l’évolution identitaire des ‘Allemands de l’Est’, qui se sont construits en opposition à l’Ouest, analyse Eric-André Martin, spécialiste de l’Allemagne. Un terreau fertile pour l’AfD, qui, localement, n’est pas perçu comme un parti de protestation, mais est, au contraire, très implanté dans la société. » Et compte bien continuer son « grignotage » jusqu’en septembre 2025, date des prochaines élections fédérales.Pour l’instant, la CDU – seul parti « traditionnel » qui n’ait pas été balayé en Saxe et en Thuringe – est donnée favorite, devant l’AfD. Officiellement, pas question, pour ses futurs députés, de « fricoter » avec l’extrême droite. Mais rien ne les empêchera, dans leurs circonscriptions, de nouer des alliances locales avec l’AfD. Il y a eu un précédent : en 2020, lors de l’élection d’un nouveau ministre-président en Thuringe, une coalition s’était formée, à la surprise générale, entre les conservateurs, les libéraux et… l’AfD. La chancelière allemande Angela Merkel avait dû peser de tout son poids pour faire exploser cette alliance « impardonnable ».Coopérations localesCar c’est surtout sur le terrain que le cordon sanitaire est mis à rude épreuve. Dans une étude récente, la Fondation Rosa Luxemburg montre que l’AfD a coopéré localement, dans au moins 121 cas, avec des partis traditionnels, dont la CDU, entre 2020 et 2023. Ainsi, à Stendal, ville de la région de Saxe-Anhalt, l’AfD a participé à une dizaine de décisions, comme l’augmentation du prix des jardins d’enfants ou la prolongation du marché de Noël. Des sujets qui n’ont pas de grande portée politique, mais qui n’en compromettent pas moins l’étanchéité du « Brandmauer », le pare-feu avec l’extrême droite. En juillet 2023, l’actuel président de la CDU, Friedrich Merz, avait d’ailleurs déclaré qu’il n’était pas opposé à de telles ententes à l’échelon communal… avant de se rétracter, devant le tollé provoqué par ses mots. Jusqu’à la prochaine fois ?



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Author : Charles Haquet

Publish date : 2024-09-03 17:51:50

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