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Avant la cérémonie d’ouverture, ces cinq menaces qui pèsent encore sur les JO de Paris

Avant la cérémonie d’ouverture, ces cinq menaces qui pèsent encore sur les JO de Paris




48 câbles brûlés dans cinq départements, 800 000 voyageurs concernés, le réseau TGV largement perturbé. Les incendies volontaires déclenchés dans la nuit de jeudi à ce vendredi sur le réseau SNCF marquent le début des hostilités contre les Jeux olympiques. Mais d’autres menaces majeures vont perdurer durant toute la compétition. L’Express en a identifié cinq.Sabotages : un risque protéiformeLes sabotages ne sont pas la menace qui vient à l’esprit en premier concernant les Jeux olympiques. Ils représentent pourtant le moyen le plus facile de perturber la compétition, puisqu’ils ne demandent ni d’énormes moyens logistiques, ni des auteurs particulièrement aguerris. Les câbles brûlés du réseau SNCF la nuit dernière le démontrent bien : en cinq actions, il est possible de handicaper la fin de semaine de près de 800 000 personnes.Le modus operandi évoque deux types d’auteurs. Les groupes d’ultragauche sont les suspects n° 1. Le sabotage de lignes SNCF était d’ailleurs au centre de « l’affaire de Tarnac », en 2008, mettant aux prises le groupe d’activistes révolutionnaires mené par Julien Coupat. Aucune condamnation n’avait pourtant été prononcée. Depuis plusieurs années, des sabotages de câbles électriques attribués à l’ultragauche sont revendiqués en particulier dans la métropole de Grenoble, où ils visent des entreprises de haute technologie. Depuis l’arrivée de la flamme olympique en France, le 8 mai, les services de renseignement s’inquiétaient en particulier de petits sabotages comme des clous sur les routes, un acte de vandalisme repéré dès le 17 juillet sur le périphérique parisien.Depuis plusieurs mois, la Russie se signale également par des actes de sabotage qui lui sont attribués dans plusieurs pays européens. Selon le Financial Times, le renseignement allemand a prévenu ses homologues dès le mois de mai de risques accrus de sabotage. Au Royaume-Uni, plusieurs personnes ont incendié un entrepôt contenant du matériel pour l’Ukraine et reconnu avoir agi pour le gouvernement russe. En Allemagne, deux hommes ont été arrêtés, soupçonnés d’avoir planifié pour la Russie des actes de sabotage, notamment dans une base militaire américaine.Cyberattaques : des milliards de tentatives attenduesComme attendu, les voyants cyber sont au rouge écarlate. Un réseau sophistiqué de machines zombies (« botnet ») a été démantelé, a informé le parquet de Paris pas plus tard que jeudi 25 juillet. « Depuis quelques jours, des mouvements de groupes pirates extrêmement puissants, comme Lazarus, sponsorisé par la Corée du Nord, se manifestent », indique à L’Express Antonin Hily, directeur des opérations de Sesame IT, une entreprise mobilisée pour la sécurité d’infrastructures dites « critiques » lors des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). « Nous avons été ciblés par plusieurs campagnes de déni de service distribué (DDoS) et des tentatives sur l’infrastructure des Jeux et l’administration française au cours des derniers mois », a quant à lui révélé le patron de la cybersécurité de l’événement, Franz Regul, à Infosecurity Magazine. Sans oublier la découverte récente de centaines de sites de revente de faux billets, obligeant le Comité d’organisation (Cojop) à accentuer sa sensibilisation : « Le public doit télécharger les applications officielles, c’est essentiel ! » nous écrit-on.Pour autant, aucune de ces alertes de cybersécurité n’a eu d’impact majeur pour le public, les athlètes, les sites ou encore les transports mobilisés lors de l’événement. La forteresse tient le choc. Certes, le déluge n’est pas fini : des milliards d’attaques informatiques sont attendues sur toute la durée des compétitions, 8 à 12 fois plus qu’à Tokyo il y a trois ans. « Et il y a des failles importantes, notamment dans les hôpitaux », craint Antonin Hily. Mais le scénario du pire est peut-être, en réalité, déjà passé. Vendredi 19 juillet, le méga bug des systèmes Microsoft, bien qu’involontaire, a impacté des millions de systèmes à travers le monde, générant d’immenses retards dans les aéroports et des problèmes de télédiffusion. Une immense pagaille, dont les cyberassaillants, notamment russes, motivés par la déstabilisation de la France et de son image, auraient à peine pu rêver pour la cérémonie d’ouverture, une semaine plus tard tout pile. Tout est depuis rentré dans l’ordre. Ouf.Terrorisme : le scénario du « loup solitaire »Le 27 juillet 1996, une bombe artisanale explose au parc du Centenaire, à proximité du village olympique, à Atlanta. L’attentat fait un mort et 111 blessés. L’auteur, Eric Rudolph, sera arrêté seulement sept ans plus tard. Sans même évoquer la prise d’otages des JO de Munich, en 1972, qui aboutit au meurtre de 11 athlètes israéliens, c’est ce scénario d’un attentat mené par un individu isolé, avec peu de moyens, qui retient particulièrement l’attention des renseignements. Environ un million d’enquêtes administratives ont été menées, 4 335 refus d’accréditations ont été prononcés. Un peu moins de 200 assignations à résidence et mesures de surveillance ont été mises en place. La présence policière n’a jamais été aussi massive à Paris depuis la Seconde Guerre mondiale.Si le risque d’un attentat commandité depuis l’étranger, sur le modèle du 13 novembre 2015, semble aujourd’hui plutôt écarté, les services de sécurité craignent un profil de « loup solitaire », pas fiché et radicalisé dans son coin, qui mènerait une attaque à l’arme blanche. Un type de terrorisme dit « de proximité » toujours difficile à juguler.Grèves : les préavis se multiplientL’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 pensait en avoir fini avec les menaces de mouvements sociaux. C’était compter sans le préavis de grève déposé, lundi 22 juillet, par Force ouvrière (FO) dans les aéroports parisiens, pour le jour de la cérémonie d’ouverture. Un accord avait pourtant été trouvé, quelques jours plus tôt, entre la direction et une majorité de syndicats, après un premier préavis. A la clé : le versement d’une prime de 300 euros pour l’ensemble des salariés de Groupe ADP. Mais seules la CFDT, la CFE-CGC et la CGT l’avaient alors signé.Le syndicat FO estime que ce coup de pouce n’est pas suffisant et réclame qu’il soit multiplié par plus de trois pour atteindre 1 000 euros. « Par ailleurs, le texte contenait une mesure limitant le droit de grève sur toute la période des JO. Les autres syndicats sont aujourd’hui contraints par leur signature et ne peuvent pas appeler à la grève », précise Fabrice Criquet, secrétaire général FO ADP. Une ultime réunion doit avoir lieu ce vendredi avec la direction. Aux dernières élections professionnelles, le syndicat avait recueilli 11,57 % des voix.Plus anecdotique, mais non moins politique, le préavis de grève déposé en fin de semaine dernière par le syndicat SUD des sapeurs-pompiers du Rhône pour toute la durée de la compétition, effectif depuis mercredi 24 juillet. Onze rencontres des tournois olympiques féminin et masculin de football se déroulent dans cette ville. En novembre dernier, les 1 062 professionnels du département apprennent que leurs congés annuels seront amputés d’une semaine durant cette période. Ceux qui seront mobilisés lors des rencontres recevront une prime de 160 euros, loin des 1 600 euros promis à leurs homologues parisiens ou marseillais. Ce coup de pouce doit être, selon un décret, versé à 50 % par l’Etat et à 50 % par les collectivités. Or, le département et la métropole de Lyon refusent de mettre la main à la poche en raison du caractère national de l’événement. L’Etat n’entend pas aujourd’hui compléter le reste du montant.Les autres sapeurs-pompiers, qui resteront en caserne et dont la charge de travail devrait logiquement augmenter les jours de match, ne recevront rien. Au ministère de l’Intérieur, on fait pour l’instant la sourde d’oreille. « On a déclenché un préavis de grève qu’on a remis en main propre à la préfète. Nos autorités sont restées campées sur leur position », raconte Rémy Chabbouh, secrétaire national adjoint du syndicat SUD. Mis au courant de la situation, six députés NFP et un sénateur écologiste du Rhône ont écrit deux courriers envoyés à Beauvau afin de réclamer que la prime soit généralisée à tous les effectifs et qu’elle soit revalorisée. Lors du dernier pointage, 75 % des sapeurs-pompiers étaient en grève. « Notre présence est indispensable. Nous comptons arriver à 100 % dans les prochains jours », soutient Rémy Chabbouh.Quant aux préavis de grève déposés ces derniers mois, dans la fonction publique, par les éboueurs de la Ville de Paris ou encore par les cheminots de la SNCF, tous ont obtenu gain de cause. La SNCF a notamment décidé de verser plus de 50 millions d’euros de primes. Enfin, le préavis de grève des artistes de la cérémonie d’ouverture, sans doute le plus redouté par le Comité d’organisation des Jeux, a finalement été levé mercredi 24 juillet, après un accord trouvé, comprenant notamment une revalorisation des droits voisins.Covid : la menace fantômeQue se passerait-il en cas de vague de Covid-19 ? Interrogé à plusieurs reprises sur les risques encourus, le ministre de la Santé Frédéric Valletoux, encore en poste pour s’assurer des affaires courantes durant les épreuves, se voulait rassurant, ce jeudi matin, à la veille de la cérémonie d’ouverture, sur Franceinfo : « Aujourd’hui il n’y a rien comme signal d’alerte très fort. » De fait, ni le ministre, ni Santé publique France ne peuvent en réalité savoir avec précision si le virus circule. Le gouvernement a débranché, et depuis longtemps, les principaux outils de suivi. Mais les indicateurs restants, les tests dans les eaux usées et l’analyse des prises en charge d’urgence, n’indiquent, effectivement, aucune explosion en cours.Le niveau vaccinal actuel devrait suffire à limiter les formes graves. D’ailleurs, aucun protocole sanitaire n’a été décidé pour cette édition, la première à se tenir en bonne et due forme, après l’impressionnant huis clos généralisé des Jeux de Tokyo, en 2021. Certains athlètes, dont ceux de l’équipe de France d’aviron, ont tout de même décidé de remettre le masque, par précaution. Des contaminations sporadiques ne manqueraient pas toutefois accentuer la pression sur l’hôpital, déjà très haute. En plus des dégâts de la chaleur, les services d’urgence s’attendent aussi à un surplus de comas éthyliques, d’intoxications alimentaires et de bagarres, malheureux lot de toutes les fêtes populaires et sportives.Les JO seront donc un moment de tension sur le plan sanitaire, mais les experts s’accordent à dire qu’une crise sanitaire n’a que peu de chance de se produire. « De mémoire, aucun de ces grands rassemblements sportifs, que ce soit la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques, n’a généré une épidémie de grande ampleur », souligne l’épidémiologiste Antoine Flahault.Toutefois, les Jeux olympiques ne seront pas sans conséquences à long terme. Le brassage pourrait favoriser l’émergence de maladies jusqu’ici rares et qui pourraient profiter de l’évolution des conditions climatiques pour s’installer. En tête des menaces : la dengue. L’année dernière, cette maladie transmise par les moustiques faisait déjà 50 cas « autochtones ». Un bilan qui, s’il n’est pas de nature à véritablement gâcher la fête, devrait toutefois fortement progresser cette année.



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Author : Antoine Beau, Etienne Girard, Thibault Marotte, Maxime Recoquillé

Publish date : 2024-07-26 11:50:00

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