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Asie centrale : en quoi consiste l’exercice militaire « inédit » de cinq pays en mer Caspienne ?

Les troupes azerbaïdjanaises lors d'une parade militaire à Bakou. L'Azerbaïdjan participe aux côtés de quatre pays d'Asie centrale à un exercice conjoint pendant dix jours. Illustration




4 000 militaires, des navires de guerre, de l’aviation, de l’artillerie et des chars : mardi 9 juillet, les pays d’Asie centrale ont lancé une série d’exercices militaires conjoints terrestres, maritimes et aériens, devant se dérouler jusqu’au 17 juillet en mer Caspienne, dans la province kazakhe du Mangystau. Intitulé Birlestik-2024, signifiant « alliance » en kazakh, l’exercice rassemble quatre pays d’Asie centrale, à savoir le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, selon le vice-ministre de la Défense du Kazakhstan, le lieutenant général Marat Khusainov (cité par l’agence d’information du Tadjikistan Asia Plus), ainsi que l’Azerbaïdjan.Les différentes armées entendent en effet renforcer leur coopération, alors que la région est en proie à un regain de tensions militaires (en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine, ou la récente guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh), et fait face à un intérêt croissant des grandes puissances, en tant que carrefour stratégique.Military contingents of four states arrived in the Mangystau region to participate in the Birlestic-2024 exercise.

Military personnel from Kyrgyzstan, Uzbekistan, Azerbaijan and Tajikistan were solemnly greeted at the military airfield and at the port of the naval base in Aktau. pic.twitter.com/Q4N2LMU1Qd— Ministry of Defence of the Republic of Kazakhstan (@modgovkz) July 9, 2024Selon l’Agence France Presse, le ministère kirghiz de la Défense a précisé que cet exercice consistera, pour les soldats, à « libérer une île capturée par des terroristes » et à « mener des opérations pour assurer la sécurité en mer et la protection des infrastructures ». Les images communiquées par le ministère de la Défense de l’Azerbaïdjan donnent une idée de l’envergure des manœuvres, « les premières de ce genre » entre ces cinq ex-républiques soviétiques.Pas de participation chinoise ou russeLa Chine et la Russie n’ont pas pris parti à cette opération, malgré des exercices réguliers avec ces pays d’Asie centrale dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). Les derniers exercices militaires organisés sous la bannière de cette dernière en Asie centrale à l’automne 2023 avaient réuni 1 500 militaires.Selon le Times of Central Asia, une rencontre a également eu lieu en juillet dernier entre les armées d’Ouzbékistan et d’Azerbaïdjan à Tachkent (Ouzbékistan) dans le cadre « d’un exercice conjoint de commandement et d’état-major intitulé UZAZAZ-2023. L’objectif de la rencontre était, selon une déclaration commune, l’organisation et la conduite d’opérations spéciales des troupes pour limiter, affaiblir et détruire les formations armées illégales. »Regain de tensionsAprès près de trois décennies de tensions et, parfois, de conflits, les républiques d’Asie centrale ont nettement accéléré leur coopération ces dernières années. Et pour cause, la région voisine du Caucase est restée « aux côtés de l’Ukraine et du Proche-Orient, une région hautement inflammable » dans l’arène géopolitique mondiale, comme en témoigne le récent conflit du Haut-Karabakh, notait Christophe-Alexandre Paillard, haut fonctionnaire et maître de conférences à Sciences Po Paris, dans un récent article pour la revue Diplomatie. »Cette région est riche en métaux et est le point de passage de gazoducs et d’oléoducs amenant vers la Méditerranée et la mer Noire les ressources du Caucase, de la Caspienne et de l’Asie centrale », augmentant le regain d’intérêt des grandes puissances. »Les guerres répétées (Ukraine, Géorgie) s’inscrivent dans ce contexte long d’offensives de Moscou pour reprendre pied sur son ancien pré carré. En face, les États-Unis, dont l’influence a percé dans plusieurs pays (notamment en Azerbaïdjan et en Géorgie, créant ainsi un corridor entre mer Caspienne et mer Noire), tentent de freiner ce retour d’influence […]. Enfin, la Chine ne cesse de monter en puissance en arrière-plan, intéressée par les ressources énergétiques et minières qui abondent dans la région », résume Christophe-Alexandre Paillard.Région stratégiqueLe « Corridor du Milieu », traversant la mer Caspienne, se développe en effet comme une nouvelle route commerciale entre la Chine et l’Europe, offrant théoriquement une option plus rapide et sécurisée. Cette voie émerge comme une alternative à la route traditionnelle passant par la Russie, actuellement affectée par des sanctions occidentales, et à la zone de la mer Rouge, un point névralgique pour le commerce mondial, rendu périlleux par les attaques répétées des rebelles Houthis yéménites.L’Iran surveille aussi de près les tensions et alliances dans la région : « la récente victoire de l’Azerbaïdjan [NDLR : allié des États-Unis] dans le Karabakh fait craindre à Téhéran la création d’un corridor qui compromettrait son accès aux routes commerciales vers l’Europe », pointe Christophe-Alexandre Paillard.



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Publish date : 2024-07-09 15:14:57

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