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Législatives : Philippe et Le Maire s’émancipent de Macron, le choc fiscal de la gauche

Edouard Philippe, lors de son audition devant le Medef, jeudi 20 juin 2024, à Paris.




21 h 02, dimanche 9 juin. La France bascule dans un inconnu vertigineux, après l’annonce présidentielle de la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, la campagne bat son plein afin d’élire les 577 députés qui composeront l’Assemblée nationale et qui dessineront la future majorité qui gouvernera le pays. Ce vendredi 21 juin, les poids lourds du camp présidentiel, d’Edouard Philippe à Bruno Le Maire, ne cachent plus leurs désaccords envers Emmanuel Macron. De son côté, le Nouveau Front populaire a présenté en détail son programme économique, entre retour de l’ISF, hausse du SMIC et budget revendiqué à l’équilibre. Enfin, les procurations enregistrées ont déjà dépassé le niveau de 2022.Les tacles du jour : les poids lourds de la majorité ne masquent plus leurs attaques contre MacronLa petite musique ne fait que monter au sein du camp présidentiel depuis la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale : les poids lourds de la Macronie sont loin, très loin, d’adhérer aveuglément au pari du chef de l’Etat. Ces dernières heures, plusieurs d’entre eux n’ont pas hésité à tacler ou à prendre leurs distances avec le président de la République, plus ou moins directement.C’est d’abord Edouard Philippe qui a planté la première banderille, hier soir. Candidat à peine caché pour la présidentielle de 2027 et en recherche d’émancipation du bilan d’Emmanuel Macron, le maire du Havre n’a pas mâché ses mots à l’encontre de ce dernier. « C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle. Il l’a dissoute. Ce n’est pas moi qui suis parti, ce ne sont pas des frondeurs qui l’auraient énervé. Il a décidé de la dissoudre. Très bien, on passe à autre chose », a affirmé d’un ton sec l’ancien Premier ministre au micro de TF1. Assumant par la même occasion ses propres ambitions : « Cette autre chose, ça ne peut pas être exactement la même chose qu’avant. Donc, c’est créer une nouvelle majorité parlementaire qui fonctionnera sur des bases différentes. Et j’y suis prêt, et c’est ce que j’essaie de construire ».« C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle » Edouard Philippe @TF1Info
pic.twitter.com/1I7czHkvwk— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) June 20, 2024Toujours ce jeudi, c’est Bruno Le Maire qui s’est également assez largement affranchi du choix d’Emmanuel Macron. Celui-ci a notamment ciblé dans une attaque à peine déguisée les conseillers du chef de l’Etat, comme Bruno Roger-Petit ou Pierre Charon, accusés par beaucoup d’avoir lourdement pesé dans ce pari à très haut risque de la dissolution. « Les parquets des ministères et des palais de la République sont pleins de cloportes. Il y a toujours eu des cloportes, cela fait partie de la vie politique française, et il est très difficile de s’en débarrasser. Le mieux, c’est de ne pas les écouter et de rester à sa place, qu’on soit président de la République, Premier ministre, ou ministre », a tancé le patron de Bercy, sur le plateau de TV5 Monde.Dernier cadre de la Macronie à se montrer flou quant à son avenir ce vendredi : le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. En campagne pour se faire réélire député dans le Nord, ce dernier a assuré qu’il « ne sera pas ministre un jour de plus » en cas de victoire du RN ou du Nouveau Front populaire ou s’il venait à être battu aux élections législatives dans sa circonscription, même à quelques semaines des JO.Mais même en cas de victoire – aujourd’hui largement hypothétique – de la majorité présidentielle, Gérald Darmanin est loin d’assurer qu’il serait prêt à rempiler comme ministre. « Si jamais le président de la République devait avoir une majorité, c’est lui qui choisirait son gouvernement » a-t-il insisté, expliquant que si ce dernier « pense que je suis utile à ce poste ou à un autre, j’étudierai la proposition du président de la République et je servirai mon pays comme je l’ai toujours fait ». Pas de doutes : la bataille pour 2027 et l’après-Macron est bel et bien largement accélérée.L’exposé du jour : le Nouveau Front populaire chiffre son programme économiqueC’était une présentation attendue, au vu des divergences qui commençaient à se manifester au sein de l’alliance de gauche sur le coût réel de leur programme commun. Le Nouveau Front populaire a ainsi détaillé ce vendredi le programme économique défendu pour ces élections législatives.Dès l’année 2024, l’alliance de gauche souhaite opérer des changements d’ampleur dans l’orientation économique du pays. Le Nouveau Front populaire compte introduire deux nouvelles rentrées fiscales : le retour de l’ISF « avec une composante climatique », devant rapporter 15 milliards d’euros, ainsi qu’une taxe sur les superprofits, elle aussi chiffrée à 15 milliards d’euros. Ces 30 milliards d’euros de recettes devraient financer plusieurs dépenses dès cette année : l’augmentation du SMIC à 1 600 euros, une hausse de 10 % du point d’indice des fonctionnaires, l’abrogation des réformes des retraites et de l’assurance-chômage, ainsi que la revalorisation des allocations personnelles au logement (APL) de 10 %. Ces mesures représenteraient des dépenses de 25 milliards d’euros pour l’année en cours, affirme l’alliance de gauche.Pour l’année 2025, le Nouveau Front populaire table sur 100 milliards de recettes et 100 milliards de dépenses. Du côté des investissements, on retrouve notamment des « embauches d’enseignants », des recrutements et des revalorisations de salaires dans le secteur de la santé, « l’intensification de la rénovation thermique », ou encore une « garantie autonomie » pour les jeunes sous le seuil de pauvreté. Pour financer ces mesures, l’alliance de gauche compte sur la « suppression de niches fiscales inefficaces ou injustes », un impôt sur les « plus hauts patrimoines », la suppression de la « flat tax », ou encore la plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu et de la CSG. A horizon 2026 et 2027, les dépenses totales sont quant à elles estimées à 125 puis 150 milliards d’euros, qui doivent être équilibrées par de nouvelles recettes.En déplacement ce vendredi à Marseille, le Premier ministre Gabriel Attal n’a pas manqué de réagir aux annonces de l’alliance de gauche, jugé « irresponsable ». « C’est cocasse d’expliquer qu’on va agir pour le pouvoir d’achat des Français » tout en prévoyant des « augmentations d’impôts massives », a-t-il tancé, qualifiant « les programmes des extrêmes, les programmes Nupes et Rassemblement national, de broyeuses à classes moyennes ».Le chiffre du jour : plus d’un million de procurations déjà établies1 055 067 : c’est le nombre très précis de procurations qui ont déjà été enregistrées par le ministère de l’Intérieur pour ces élections législatives anticipées. Un niveau déjà supérieur au scrutin législatif de 2022, où 1 021 350 procurations avaient été établies pour le premier tour.Par rapport à 2022, entre J-20 et J-10 avant le 1er tour, Beauvau enregistre ainsi « 6,2 fois plus de procurations ». Même si ce chiffre nécessite plusieurs nuances : les dates du scrutin d’il y a deux ans étant connues bien plus longtemps à l’avance, les demandes de procurations avaient pu s’étaler dans le temps. De quoi expliquer partiellement ce nombre plus important de procurations. Même si, à encore neuf jours du premier tour, nul doute que ce nombre devrait encore largement augmenter.Le podcast du jour : front républicain ? Arc républicain ? L’Express vous explique toutLongtemps, le terme « front républicain » a prédominé dans le champ politique, avant de se voir supplanter plus récemment par « arc républicain ». Quelle différence entre ces deux expressions ? Quelle évolution dans le spectre politique français reflète ce changement lexical ? Notre journaliste politique Paul Chaulet répond à toutes ces questions dans le podcast quotidien de L’Express, La Loupe.



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Publish date : 2024-06-21 17:33:41

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