L’Express

La qualité de l’air intérieur, enjeu récurrent d’une vraie politique de santé publique

Des fans assistent au concert de la chanteuse américaine Taylor Swift au Paris La Défense Arena, le 9 mai 2024 à Nanterre, au nord-ouest de Paris




Avril 2022, campagne pour les présidentielles, ainsi s’exprimait Emmanuel Macron : « J’annonce que si les Français me font confiance à nouveau, nous lancerons immédiatement un effort massif de purification de l’air dans nos écoles, nos hôpitaux, nos maisons de retraite, et dans tous les bâtiments publics. Et vous en verrez les premiers résultats avant la fin de cette année. »Juin 2024, aucun « Plan Air » n’a été déclenché et la qualité de l’air intérieur (QAI) des bâtiments publics est toujours aussi mauvaise et néfaste pour la santé des occupants. A titre d’exemple, en 2024, Santé Publique France estime que la mauvaise qualité de l’air intérieur dans les écoles serait responsable d’au moins 40 000 cas d’asthme et sifflements chez les enfants de 6 à 11 ans. Une mauvaise QAI dégrade également les facultés cognitives des élèves et permet la transmission des maladies aéroportées : lorsque l’air stagne, les particules émises par la respiration (aérosols) et contenant potentiellement virus et bactéries, restent en suspension dans l’air, se diffusent partout dans la pièce où elles s’accumulent, en atteignant les concentrations suffisantes pour infecter les autres occupants.Depuis quatre ans, aux autres maladies se transmettant dans l’air (coqueluche, bronchiolite, rougeole, grippe, tuberculose, …), s’est ajouté le Covid. Une maladie qui n’est toujours pas devenue bénigne, mais pour laquelle au contraire les preuves de séquelles cardiovasculaires (infarctus, AVC), neurologiques, immunitaires, s’accumulent. Le Covid reste toujours une menace immédiate pour la vie des personnes immunodéprimées, et à plus long terme pour tous. C’est une maladie parmi les plus étudiées par les scientifiques et les plus méconnues de la population qui, faute d’information, se dit encore surprise à chaque nouvelle vague que « le Covid ne soit pas parti » et ignore son potentiel dévastateur, en dépit des témoignages récurrents des malades de Covid long, atterrés de voir de nouvelles personnes rejoindre leurs rangs, vague après vague.Alors que nous entamons la énième vague estivale de ce « virus de l’hiver », comme la communication d’autorités et de prétendus experts s’obstine à définir le SARS-CoV-2, les gestes protecteurs individuels (masque, FFP2 pour une meilleure protection, isolement, tests) ne sont quasiment plus suivis, et ce jusqu’aux hôpitaux. La protection collective est également absente, faute de réglementation et d’investissements pour améliorer la qualité de l’air des lieux clos.Clusters géants lors des concerts de Taylor SwiftUn exemple qui illustre cette situation est celui des derniers concerts de Taylor Swift, origine d’importants clusters de Covid, dont nous avons connaissance uniquement parce qu’un nombre très important de fans a témoigné sur les réseaux sociaux, au point d’attirer l’attention des médias. Interviewée, la vice-présidente de Paris La Défense Arena, où les concerts parisiens avaient eu lieu, avait insisté sur le respect de normes pour la salle, avec un renouvellement toutes les deux heures. Non seulement les normes sont insuffisantes – la valeur maximale autorisée de concentration de CO2 pour ce genre de salles étant 1 300 ppm (parties par million), alors que le consensus international recommande 800 ppm – mais en plus, les mesures de concentration de CO2 faites pendant le concert par un spectateur, partagées sur les réseaux sociaux, montrent que la quasi-totalité du concert a eu lieu à plus de 2000 ppm, valeur largement supérieure au seuil.Si la transformation des concerts de Taylor Swift en clusters géants a attiré l’attention des médias et du public, elle n’a en réalité rien de singulier : c’est exactement ce qui se joue tous les jours dans la majorité des classes de nos écoles. Les relevés de concentration de CO2 en classe, que l’on peut trouver sur les réseaux sociaux, affichent des valeurs même supérieures, dépassant parfois les 3 000 ppm. Or nos enfants passent plus de temps en classe qu’au concert de Taylor Swift : ils respirent chaque jour, pendant plusieurs heures, un air malsain, chargé en particules fines, en produits chimiques, en virus et bactéries qui, contrairement aux croyances populaires, ne les rendent pas plus forts mais juste plus malades, dans leur quotidien et potentiellement dans leur vie adulte. De plus, leurs facultés cognitives en sont impactées, tout comme leurs résultats scolaires et leur bien-être – ces points ont déjà été largement documentés.Des valeurs de CO2 supérieures à celles recommandées sont aussi régulièrement mesurées dans d’autres salles, non de concert mais d’attente, des cabinets médicaux, des hôpitaux, où des personnes, souvent déjà vulnérables, sont exposées à des risques pourtant évitables. La différence majeure avec les spectateurs est que les enfants, les malades n’ont pas le choix de fréquenter ou non les lieux où ils se contaminent au gré de plusieurs vagues par an.C’est pourquoi il est impératif d’améliorer la qualité de l’air de tous ces locaux en priorité, en visant la valeur recommandée de 800 ppm de CO2. Une valeur déjà obligatoire dans le cas des établissements d’accueil d’enfants de moins de six ans et des établissements d’enseignement ou de formation professionnelle du premier et du second degré, publics ou privés, et qui devra être vérifiée au plus tard en 2024, selon les décrets de 2022. Cette nouvelle réglementation constitue une importante avancée pour obtenir des améliorations. D’ailleurs des actions voient le jour, comme à Lyon où les parents dénoncent la situation des classes de leurs enfants et réclament une meilleure qualité de l’air intérieur via des systèmes de ventilation, de filtration de l’air et en diminuant les effectifs.Oui, la qualité de l’air intérieur est un enjeu majeur de santé publique, il faut des normes adéquates pour tous les établissements recevant du public, des contrôles efficaces et des moyens à la hauteur des enjeux. En période d’élections, quel programme s’engage sur ce sujet dont dépendent notre présent et notre avenir ?Signataires :Elisa ZENO, ingénieur de recherche, PhD, collectif Ecole et Familles Oubliées ; Louis LEBRUN, médecin spécialiste de santé publique ; David SIMARD, docteur en philosophie de la santé ; Jonathan GANDY, thermicien ; Arnaud MERCIER, professeur d’université ; Michaël ROCHOY, médecin généraliste ; Christian LEHMANN, médecin généraliste, écrivain ; Guillaume LIMOUSIN, professeur de mathématiques en collège ; Solenn TANGUY, rédactrice pédagogique, présidente de l’association Winslow Santé Publique ; Thierry AMOUROUX, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI ; Cathie ERISSY, Secrétaire Générale de l’Association de Promotion de la Profession Infirmière APPI ; Julie GRASSET, Présidente Association CoeurVide19 ; Sabrina SELLAMI, Vice-Présidente Association CoeurVide19, juriste ; Dr Jérôme MARTY Président UFMLS ; Chantal SOMM Millions Missing France ; Marie VALDES, Association PIMS Covid ; Cécile RIBET RETEL, présidente PEEP Conflans Sainte Honorine ; Andreea-Cristina MAS, Collectif Covid Long Pédiatrique ; Odile MAURIN présidente d’Handi-Social et élue municipale et métropolitaine d’opposition (Toulouse) ; Jean-Sébastien FLAMMANG, Bureau d’étude Fluide, entreprise flammang-conseil ; Corinne DEPAGNE, pneumologue ; Gwen FAUCHOIS, ex-vice-présidente Act Up-Paris, activiste santé ; Gilles THÖNI PhD, Physiologiste de l’exercice, APA et Covid19 ; Marie FERNET, avocate, parent d’élèves ; Christophe LAMARRE médecin à Roubaix ; Philippe BORREL, auteur-réalisateur de films documentaires ; Emmanuel CAILLET, architecte, association Winslow Santé Publique ; François LECARDONNEL Spécialiste du Développement Clinique de Médicaments ; Florent TÉTARD, docteur en chimie matériaux et traitements de surface, Lspm CNRS, université Sorbonne Paris Nord ; Dominique LANG, infirmier cadre hygiéniste ; Céline LESPRIT, infirmière ; Nima SADAGHIANI, Médecin Généraliste ; Nathalie PIAT, développeuse iOS ; Audrey QUEHEN, collectif Ecole et Familles Oubliées ; Laure SOULÉ, juriste ; Valérie REVERT, mère de trois enfants ; Armelle VAUTROT, universitaire et thérapeute ; Michela FRIGIOLINI, activiste, Act Up-Paris 1992-1996 ; Yannick FREYMANN, médecin généraliste.



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Publish date : 2024-06-16 11:36:50

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