L’Express

Législatives : les rêves de « rupture » de la gauche, la guerre de tranchées chez LR

La gauche a dévoilé, ce vendredi 14 juin, son programme commun pour les législatives sous la bannière du Nouveau Front populaire.




21h02, dimanche 9 juin. La France bascule dans un inconnu vertigineux, après l’annonce présidentielle de la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis, chaque journée revêt son lot de surprises. Ce vendredi 14 juin, la gauche officialise son second mariage pendant que la droite continue de s’éparpiller. Les uns tentés par l’extrême droite, les autres se réfugiant dans des alliances avec la majorité présidentielle. Quant au Rassemblement national, il semble ne jamais avoir été aussi sûr de sa victoire…Le projet du jour : le Nouveau front populaire rêve de « rupture »Lorsqu’il a fallu convoquer d’urgence une nouvelle élection en 1974, Valéry Giscard d’Estaing n’avait pas voulu brusquer les électeurs, encore sous le choc de la mort de Georges Pompidou. Ainsi avait-il promis « le changement dans la continuité ». Cinquante ans plus tard, tant pis pour le choc de la dissolution et l’urgence des élections. On ne parle plus de continuité, mais de « rupture ». Formule choisie et brandie par le jeune Nouveau front populaire (NFP), constitué, entre autres, du Parti socialiste, de La France insoumise, des écologistes, et du Parti communiste français.Retraites, pouvoir d’achat, environnement… Rien ne sera plus comme sous la politique d’Emmanuel Macron, jure d’une même voix les formations de gauche qui sont parvenues à trouver un accord après 72 heures de négociations sous haute tension. Primo, on commence par détricoter ce qui a été fait ces derniers mois : réforme des retraites, loi sur l’immigration et réforme de l’assurance chômage. Deusio, on sort le chéquier que Bruno Le Maire avait commencé à ranger en actant la fin du « Quoi qu’il en coûte » : « revalorisation des minima sociaux, allocation autonomie pour les jeunes… ». Tertio, on taxe « les riches et les superprofits ».Et la gauche, pas peu fière d’avoir réussi l’exploit de s’accorder en moins d’une semaine sur un programme commun, de fanfaronner devant la droite qui, elle ne cesse de se morceler.La guerre de tranchées du jour : Ciotti, LR et le tribunalLe psychodrame chez Les Républicains touche-t-il enfin à sa fin ? Un bureau politique du parti réuni en visio tôt ce vendredi matin a « validé » l’exclusion d’Eric Ciotti, répudié par les siens pour avoir pactisé avec le Rassemblement national de Jordan Bardella. Ce deuxième vote, convoqué afin de renforcer juridiquement la décision express du mouvement, doit, espèrent les caciques du parti, permettre de tourner définitivement la page Ciotti chez LR. La guerre qui déchire la droite s’est également invitée ce vendredi devant le tribunal judiciaire de Paris, où les avocats d’Eric Ciotti ont contesté la légalité de son exclusion des Républicains. La décision judiciaire, attendue fébrilement par la direction par intérim, doit tomber vers 19 heures.L’accord du jour : le pacte LR-Renaissance dans les Hauts-de-SeineLes Républicains en dissidence avec Eric Ciotti ont beau crier « ni Rassemblement national, ni macronisme », la tentation de l’alliance résiste peu face à la peur du revers électoral. Dans les Hauts-de-Seine notamment, où un accord a été scellé entre Les Républicains et deux caciques de Renaissance. Et pas n’importe lesquels. Le chef du gouvernement Gabriel Attal en personne, et son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Le premier à Vanves, le second à Boulogne-Billancourt. « Nous avons décidé, pour faire barrage aux extrêmes de droite comme de gauche, de créer un arc républicain », ont-ils sonné d’une même voix dans un communiqué. Le ton rappelle alors celui de Jacques Chirac, qui avait théorisé dans les années 80 le fameux « cordon sanitaire » face à la montée du Front national de Jean-Marie Le Pen.Cet axe républicain a provoqué quelques effusions chez les nouveaux alliés Ciotti-RN, alimentées par les révélations du JDD sur l’existence d’un « accord secret » entériné par Emmanuel Macron et Gérard Larcher au cours d’un « dîner ». Des informations démenties par le président de la chambre haute qui assure n’avoir eu « ni rendez-vous secret ni arrangement de sous-main » avec le locataire de l’Elysée. Qui dit vrai ? Qu’importe. En campagne électorale, on fait sien le récit qui nous arrange. Ainsi le président déchu des Républicains Eric Ciotti se dit « écœuré ». Pour lui emboîter le pas, Marine Le Pen se projette à dimanche, date limite pour dépôt des listes et professe : « La publication des listes révélera […] la longue liste de candidats uniques LR/Macron »…La déclaration du jour : « le gouvernement d’union nationale » de Marine Le PenDepuis la présidentielle de 2017, Marine Le Pen a beaucoup changé d’avis. Le nucléaire était « dangereux », il ne l’est plus. Il fallait un Frexit, il faut désormais une Europe des nations. L’écu allait sauver l’économie, il faut finalement rester dans la zone euro… Mais il y a un point sur lequel son discours est resté invariable : sa volonté de former un gouvernement « d’union nationale ». En campagne dans son fief du Pas-de-Calais ce vendredi, la présidente honoraire du parti frontiste s’y est donc engagée une énième fois. »Nous rassemblerons tous les Français, les hommes et les femmes de bonne volonté, qui sont conscients de la situation catastrophique de notre pays », a-t-elle martelé au micro des journalistes. Et d’assurer travailler « depuis des mois » avec Jordan Bardella à « une sorte de ticket » pour 2027, que le jeune loup devra préparer en tant que chef de gouvernement de cohabitation. On connaît le refrain : elle à l’Elysée, lui Premier ministre en 2027. Faut-il encore que Jordan Bardella survive à « L’enfer de Matignon ». Et avant cela, qu’il parvienne à s’y installer.Le sondage du jour : le RN caracole en têteA 16 jours du premier tour des élections législatives anticipées, le Rassemblement national continue de faire largement la course en tête dans les sondages. D’après une étude d’Opinionway pour CNews, Europe 1, et le JDD, publiée ce vendredi, le parti de Jordan Bardella est crédité de 32 % des intentions de vote, suivi par le Nouveau Front populaire à 25 %, et la majorité présidentielle (19 %). Empêtrés dans des guerres fratricides, Les Républicains (9 %) et Reconquête (4 %) peinent à décoller.Le chiffre du jour : la Bourse de Paris perd plus de 3 %Sur les marchés financiers, la semaine se termine comme elle avait commencé après le choc de la dissolution. Groggy, la Bourse de Paris a chuté de plus de 3 % ce vendredi. A l’approche des élections législatives, les investisseurs s’inquiètent du coût des programmes économiques du Rassemblement national et du Nouveau front populaire, dans un marché déjà inquiet de la trajectoire du déficit de la France. Avec un repli de -6,23 %, il s’agit de la pire semaine depuis mars 2022, juste après l’invasion russe de l’Ukraine.



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Author : Ambre Xerri, Guillaume Stoll

Publish date : 2024-06-14 17:47:21

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