L’Express

En Belgique, l’incroyable montée en puissance de Tom Van Grieken, le « Jordan Bardella belge »

Le président du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang Tom Van Grieken lors d'un meeting de sa formation, le 2 juin 2024 à Anvers




En France, il pourrait se présenter comme le « Jordan Bardella belge ». Outre-Quiévrain nul besoin, tout le monde le connaît déjà. Depuis les résultats des élections législatives du 9 juin, le visage de l’extrême droite belge Tom Van Grieken a plus que jamais le vent en poupe. A l’issue du scrutin fédéral qui s’est tenu en même temps que le vote européen, son parti, le Vlaams Belang se hisse une fois plus à la deuxième position en réunissant près de 14 % des voix. Et continue ainsi de resserrer l’écart qui le sépare du parti nationaliste flamand, N-VA, arrivé en tête avec 16,7 % des suffrages exprimés.Un hold-up qui lui vaut les plus hauts honneurs. Ce mardi matin, entre deux rendez-vous, le roi Philippe de Belgique a reçu le député d’Anvers. L’entretien aura duré un peu moins d’une demi-heure. Reste qu’il s’agit là d’une petite entorse à la tradition qui veut que le souverain reçoive au lendemain des élections les leaders des deux premières forces politiques au nord et au sud de la frontière linguistique. Lesquels sont Georges-Louis Bouchez, président du MR, premier parti francophone, et Bart De Wever à la tête du N-VA, première formation politique néerlandophone.Un ancien militant proche des milieux néonazisCette rencontre n’a toutefois rien d’inédit. En 2019 déjà, Tom Van Grieken avait reçu un carton d’invitation du palais, faisant de lui le premier dirigeant d’extrême droite à s’entretenir avec le roi depuis 1936. Gage de crédibilité pour un personnage longtemps perçu comme infréquentable, en raison de ses idées et propositions anti-immigration, mais également de son passé de militant. Car dans sa jeunesse, le désormais chantre du nationalisme flamand flirté avec l’idéologie nazie.A l’âge de 18 ans, il rend par exemple hommage à Bert Eriksson, un néonazi qui a intégré la jeunesse hitlérienne de Flandre pendant la Seconde Guerre mondiale, et participé à faire rapatrier le corps d’un prêtre collabo. En 2009 encore, accompagnée d’une poignée d’étudiants appartenant à la NSV – association d’étudiants nationalistes flamands – Tom Van Grieken jette des rouleaux de papier toilette sur des personnes en situation irrégulière. Une opération baptisée « des papiers pour les sans-papiers » qui a également entaché la réputation du leader du Vlaams Belang. Des maladresses de jeunesse, se défendra-t-il plus tard.Dédiabolisation façon RNDepuis, Tom Van Grieken soigne son image, tente d’en corriger les aspérités. Ce trentenaire au teint légèrement hâlé et aux cheveux bruns toujours parfaitement gominés s’applique sur les réseaux sociaux et sur les plateaux télévisés à rendre sexy le Vlaams Belang – dont l’ancêtre n’est autre que Vlaams Blok, dissous en 2004 à la suite d’une condamnation pour « incitation à la ségrégation et au racisme ». Né en 1986, il a su apprivoiser les plateformes convoitées par les jeunes : pas un jour ne s’écoule sans qu’il ne publie sur TikTok et Instagram.Cette stratégie digitale agressive n’est pas sans rappeler celle du président du Rassemblement national, Jordan Bardella, dont la victoire aux européennes a conduit Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale dimanche. Les médias belges ne font d’ailleurs pas l’économie des parallèles entre ces deux étoiles montantes. En mars dernier, la RTBF notait avec humour un premier point commun : leurs « têtes de ’gendre idéal' ».Et la gémellité ne s’arrête pas à l’enveloppe. L’un comme l’autre a réussi à se faire élire à la tête de son parti à moins de 30 ans. L’un comme l’autre n’a été membre d’aucun gouvernement, et a donc assis sa popularité sur la confortable position d’opposant. Enfin, l’un comme l’autre voit autour de lui graviter une galaxie de personnalités aux idées racistes, qui parfois, sape leur travail de dédiabolisation.Un entourage qui fait tacheEn France, le Rassemblement national est embarrassé par les ex-militants Frédéric Chatillon et Axel Loustau. En Belgique, le Vlaams Belang a dans ses rangs Tom Vandendriessche. Un eurodéputé, friand des références néonazies, qui n’hésite pas à arborer sur les réseaux sociaux le pseudonyme « Grossfaz ». Un surnom qui renvoie directement à Adolf Hitler : le Führer se faisant appeler ainsi par les Allemands dans les années 1930. Mais contrairement au RN qui a pris ses distances avec les deux anciens « gudards », Tom Van Grieken continue à entretenir des liens étroits avec Vandendriessche. Nombreux sont ceux qui le désignent même comme le « bras droit » du leader nationaliste.En juin dernier, alors qu’il conduit la liste Vlaams Belang pour les européennes, l’Office européen de lutte antifraude ouvre une enquête sur Vandendriessche pour des soupçons de détournement de fonds européens. L’eurodéputé sortant ne sera toutefois pas inquiété par son parti. Pas plus que ne l’a été Filip Dewinter, député flamand soupçonné d’avoir été rémunéré par le Parti communiste chinois en contrepartie d’activités de lobbying. Il faut dire que Tom Van Grieken n’apprécie guère de se voir forcer la main. Ainsi, s’est-il séparé à contrecœur de l’ancien sénateur Vlaams Belang Frank Creyelman, pourtant visé par une enquête du parquet fédéral belge pour ses relations présumées avec un espion chinois…



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-06-11 16:30:00

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