L’Express

Cinéma : trente ans avant Tchernobyl, « L’Affaire Vinča Curie »

Le film "L'affaire Vinca Curie", de Dragan Bjelogrlic




Il y a des bonnes journées pour l’espèce humaine, celles où les bonnes nouvelles tombent comme des gouttes de pluie sur le sol aride de ces années d’avant-guerre. Vendredi 31 mai, j’aurais appris à la radio la condamnation de Trump et l’autorisation accordée par Biden à Zelensky de se servir des armes que les Etats-Unis envoient en Ukraine pour se défendre. Et la manif devant TF1 aussi c’était une bonne nouvelle. Ce qui est rassurant dans la condamnation de Trump, c’est que parmi les 12 jurés, pas un, car il en suffisait d’un, pour se sentir le pouvoir, à lui tout seul de sauver le sale type, pas un pour avoir la mauvaise foi de le dire innocent, accepter l’évidence, ne pas rejeter le bon sens sous prétexte qu’il s’impose.Combien de milliers de tonnes de bombes poutiniennes, combien de centaines de morts a-t-il fallu pour que Biden se décide ! Personne n’ose penser qu’il faudra bien, un jour, bombarder le Kremlin… Je n’ose pas le penser, moi non plus, mais qu’est-ce qu’ils attendent, les Russes, pour le transformer en usine de retraitement des poubelles de l’Histoire ? Combien de tsars, de secrétaires généraux, de présidents, à peine entrés dans ce bâtiment maléfique et hideux, ont-ils été atteints de folie ? C’est plus fort qu’eux, ils ne pensent plus qu’à ça, attaquer la Suède, l’Ukraine, la Turquie, la Pologne et j’en passe, c’est une manie, ça devient leur raison d’être. L’autorisation de Biden n’arrêtera pas la guerre, elle risque même de l’étendre, et l’espoir que certains nous avaient donné avec la prétendue maladie incurable de Poutine a fait long feu. Le salopard est en pleine forme et sa guerre redouble de cruauté.La dernière bonne nouvelle, elle est pour vous qui n’avez pas encore vu le film de Dragan Bjelogrlic, L’Affaire Vinča Curie, qui sort ce mercredi 5 juin. Une affaire où le bon sens est difficile à trouver et ne triomphe pas sans risque ni dommage.Cocos en cobayesVinča, c’est une charmante cité au bord du Danube, à moins de 5 kilomètres de Belgrade, où s’était installé dans les années 1950 l’Institut des sciences nucléaires dont les recherches et les essais étaient dirigés par le professeur Popovic. En 1957, quand commence l’affaire, le maréchal Tito, qui dirigeait le parti communiste yougoslave depuis 1938 et le pays depuis la fin de la guerre, s’était émancipé de Staline et n’avait rien trouvé de mieux pour consolider son indépendance que de fabriquer une bombe nucléaire. Ils sont comme ça, les dictateurs, on devrait le savoir.L’Institut des sciences nucléaires était aussi branque que le serait trente ans plus tard Tchernobyl, mais en plus petit. En tout petit, même. Petit comme dans un Tintin chez les Slaves. Mais pour le côté branque, le film fait peur, ou marrer : en voyant le professeur Popovic en train de faire des expériences, on pense tout de suite au colonel Olrik dans Blake et Mortimer. Sauf que là, tout s’est vraiment passé comme ça, à quelques nécessités romanesques près, pas du tout nécessaires, d’ailleurs, mais il faut bien que les scénaristes se sentent importants.Pour faire plaisir au petit père du peuple yougoslave, le professeur débranche le signal d’alarme qui l’empêchait de pousser à fond les manettes. Et voyez comme ça avance plus vite quand il n’y a plus de feux rouges, ça fonce, ça va au-delà des espérances, c’est-à-dire que ça pète de partout et les braves laborantins, Popovic compris, sont irradiés à mort. Comme il n’y a évidemment rien de prévu dans ces cas-là, on les passe sous la douche. Mais les premières mesures de radiations ne laissent pas d’espoir, ils vont crever.On ne sait pas par quel miracle, ils sont transférés en France, à l’Institut Curie, où officie le professeur Mathé qui déteste la bombe atomique et tous ceux qui participent à sa construction, communistes ou pas, mais qui voit dans la prise en charge de ces désespérés l’occasion inespérée de réaliser la plus dangereuse des greffes de moelle osseuse jamais tentée. Les cocos en cobayes ? A toute chose malheur est bon.



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Author : Christophe Donner

Publish date : 2024-06-05 16:30:00

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