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Quatre thèmes porteurs de sens pour choisir ses placements responsables

Quatre thèmes porteurs de sens pour choisir ses placements responsables




Gérants de fonds, plateformes de financement participatif et autres fintechs proposent de nombreuses solutions pour donner du sens à son épargne. Acheter un arbre ou un morceau de forêt ; financer les entreprises qui amènent l’eau potable partout dans le monde ; aider une exploitation agricole dans sa transition biologique ou, plus simplement, s’assurer que votre épargne préserve la biodiversité : voici quatre thématiques très concrètes. Elles offrent en outre des perspectives de performance décorrélées des marchés habituels, ce qui en fait de bons placements de diversification. Certaines d’entre elles ouvrent également droit à des économies d’impôt.L’accès à l’eauL’accès à l’eau est un enjeu crucial, tant pour les populations que pour les entreprises. Or, cette ressource naturelle tend à se raréfier. La société de gestion Pictet en a fait un thème d’investissement il y a plus de vingt ans, en créant le premier fonds dédié à l’eau en 2001. Il a été depuis suivi par une flopée de gestionnaires (BNP Paribas AM, Robeco, Thematics…). « Notre fonds Pictet Water permet de financer la production d’eau potable, explique Hervé Thiard, directeur général de Pictet Asset Management France. Concrètement, nous investissons dans des industriels distributeurs d’eau, comme les géants français Veolia et Suez. » La stratégie s’est révélée porteuse par le passé. Depuis sa création, la valeur du fonds a gagné… 531 %, bien au-delà de la performance de l’indice MSCI World (qui reflète les marchés actions internationaux), en hausse de 240 % sur la même période. Et les perspectives sont solides. « Le dividende moyen des sociétés du secteur s’élève à 2 % par an et nous estimons que la croissance de la thématique se chiffre à 4 ou 5 %, ce qui permet d’attendre une croissance annuelle moyenne de 6 à 7 % », argumente Hervé Thiard. Ce fonds et ses alter ego étant largement référencés dans les contrats d’assurance-vie, vous pouvez en outre bénéficier des avantages fiscaux et successoraux de cette enveloppe.Une autre option consiste à miser sur des ETF (exchange-traded funds ou fonds indiciels cotés), qui répliquent la performance d’un indice thématique. Certains détiennent directement des actions exposées à l’eau quand d’autres sont dits synthétiques, c’est-à-dire qu’ils recourent à des produits dérivés pour atteindre leur objectif. Cette dernière option est à double tranchant : elle est plus complexe à appréhender, mais elle permet de loger ces ETF dans un plan d’épargne en actions. C’est par exemple le cas du fonds Amundi PEA Water. Tous ces produits sont accessibles avec quelques centaines d’euros. Attention, toutefois : il s’agit de produits actions, sujets à la volatilité des marchés boursiers.Le rendement de l’ensemble des livrets solidaires est en forte hausse depuis dix-huit moisLa transition agricolePour investir en ligne dans l’agriculture, même avec quelques dizaines d’euros, deux possibilités s’ouvrent à vous. En premier lieu, vous pouvez vous tourner vers MiiMOSA, la plateforme de financement historique dans ce domaine. Cette fintech propose de prêter de l’argent à des acteurs du monde agricole pendant une durée comprise entre six mois et sept ans, en échange d’une rémunération affichée entre 5 % et 6,5 % par an. « Nous finançons des petits agriculteurs comme des projets portés par Danone, Nestlé, Lesieur, Pom’Pote… » raconte Florian Breton, le fondateur. Des projets d’énergie renouvelable, comme la méthanisation, peuvent quant à eux rapporter jusqu’à 8,5 %. Attention : si le rendement paraît très attractif, le risque de perte en capital est élevé en cas de faillite de la société à qui vous faites crédit. En outre, les retards de paiement sont nombreux – près du tiers des projets en 2023. « Ce secteur comporte des risques, notamment les aléas climatiques et la variation des cours des matières premières », reconnaît l’entrepreneur. Il est donc indispensable de diversifier ses investissements sur plusieurs projets.Une deuxième option est proposée par une autre start-up dénommée Hectarea. Fraîchement créée, elle propose de financer l’achat d’hectares pour les louer ensuite. Le dispositif repose sur des obligations assorties d’une garantie hypothécaire. « Nous proposons d’investir dans la terre, comme les épargnants ont l’habitude de le faire dans la pierre, explique Paul Rodrigues, fondateur d’Hectarera. Avec un impact en plus ! » En effet, pour chaque acquisition, la plateforme s’assure de la mise en place de pratiques agricoles durables. La rentabilité cible se chiffre à 3 % net par an pour le fermage (revenus locatifs), à laquelle s’ajoute la valorisation de la terre. « La surface agricole en France est deux à six fois moins chère que celle des pays limitrophes », ajoute-t-il. Ce qui laisse espérer un rattrapage dans les années à venir.Enfin, au sein de l’assurance-vie, tournez-vous vers la société civile Terres Invest de Vatel Capital, qui permet également d’investir en foncier agricole.La forêtAcquérir des parcelles de forêt rapporte peu. Le rendement est estimé entre 0 et 2 % au maximum, provenant essentiellement de la coupe de bois. Mais certains y voient un potentiel de valorisation important à condition de disposer de temps devant soi – au moins dix ans. « Il existe un besoin croissant d’achat de crédits carbone et – bientôt – de crédits biodiversité, par des entreprises qui cherchent à compenser la pollution qu’elles génèrent, ce que l’on appelle les externalités négatives », justifie Jonathan Dhiver, fondateur de meilleur-gf.com. En outre, les avantages fiscaux sont nombreux. Vous bénéficiez d’une réduction d’impôt sur le revenu de 18 % (sous réserve de conserver les parts au moins cinq ans et demi). Ce placement est par ailleurs exonéré d’impôt sur la fortune immobilière et bénéficie d’une réduction de 75 % des droits de succession.Prenez garde toutefois à ne pas investir dans un unique lopin de terre, car la moindre tempête ou le premier incendie réduirait littéralement votre investissement à néant. Mieux vaut diversifier votre portefeuille sur plusieurs terrains, implantés dans plusieurs départements et présentant des essences de bois variées. C’est précisément ce que proposent les groupements forestiers d’investissement (GFI), dont le ticket d’entrée commence à 1 000 euros. Citons Vatel (géré par Vatel Capital), France Valley Forêts (France Valley), Forecial 2 (Fiducial Gérance), Epiforêts 1 (Epicure AM) ou encore CoeurForest (Sogenial Immobilier)… Ils permettent de devenir propriétaire dans cinq forêts différentes a minima. France Valley Patrimoine est le plus important d’entre eux, avec 71 forêts en portefeuille, mais il demande une souscription minimale de 33 150 euros.La biodiversité« 50 % du PIB mondial dépend de la biodiversité », souligne Marie Walbaum, spécialiste de l’investissement responsable chez AXA IM. En effet, de nombreuses activités reposent sur l’accès à des ressources naturelles pour produire les biens dont nous avons besoin. Or, freiner la perte de biodiversité nécessite des moyens importants. Face à ce défi, quelques gérants de fonds ont créé des stratégies ciblées. « Nous avons lancé un fonds actions, AXA WF ACT Biodiversity, avec une stratégie d’investissement à horizon 2050 axée sur la préservation de la vie sur la terre, l’eau et l’air », poursuit Marie Walbaum. Quelques autres acteurs ont fait de même : Lombard Odier IM, UBP, BNP Paribas AM, La Banque Postale AM… Tous ces placements sont récents et doivent encore faire leurs preuves sur le long terme.Le sujet préoccupe aussi les néo-banques vertes comme Green Got ou les distributeurs d’assurance-vie engagés comme Goodvest. Pour ce dernier, le non-respect de la biodiversité constitue un critère rédhibitoire dans la sélection des fonds de son contrat. « Nous prenons systématiquement les meilleurs élèves de chaque secteur, en recourant au critère d’abondance moyenne des espèces, calculé par kilomètre carré », explique Joseph Choueifaty, le fondateur de Goodvest. Cette unité de mesure, la plus aboutie à ce jour, vise à quantifier la santé des écosystèmes et la richesse en espèces d’une région. D’autres produits pourraient voir le jour au cours des prochaines années.Un article du dossier spécial « Placements responsables », paru dans L’Express du 30 mai.



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Publish date : 2024-06-03 11:00:00

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