L’Express

Note de la France dégradée : ce que Bercy voudrait nous faire croire…, par Eric Chol

Le président Emmanuel Macron (G) écoute son ministre des Finances Bruno Le Maire (D) à l'Elysée, Paris, le mars 2023




C’est l’histoire d’un pays de l’Union européenne, plutôt mal parti sur le plan économique au début de la décennie. Comme ses voisins, cet Etat, sept fois plus petit que la France et sept fois moins peuplé, n’a pas échappé à la pandémie du Covid, avec un bilan approchant les 25 000 morts. Son économie a été lourdement touchée : en 2020, la dette publique frôlait 135 % du PIB, le PIB reculait de plus de 8 points, et son déficit public avoisinait 6 % du PIB.Tableau noir pour le Portugal, puisque c’est de lui dont il s’agit, sans parler de la forte inflation survenue en 2022, dans la foulée de la guerre en Ukraine, qui n’a pas contribué à arranger les choses. Et pourtant. En 2024, le Portugal affiche des performances remarquables. « En termes de politique budgétaire, l’endettement public s’est réduit à 99 % en 2023 selon la Banque du Portugal, surpassant les attentes du gouvernement qui projetait un poids de la dette publique à 103 % du PIB pour 2023 dans son Budget pour 2023. Le Portugal devrait également enregistrer son deuxième et plus important excédent budgétaire depuis le début de la démocratie, aux alentours de 1 % du PIB en 2023. En 2023 et 2024, les principales agences de notation ont rehaussé leur rating de la dette souveraine qui se trouve désormais en niveau A. »Ces lignes sont extraites d’une note, publiée en mars, par les services du Trésor français. Les mêmes services qui ajoutent : « la baisse record de la dette publique en 2023 place le Portugal en tête des pays de la zone euro qui ont le plus réduit leur niveau d’endettement. »Même la Grèce ou l’Espagne ont fait mieux que ParisBruno Le Maire avait-il pris connaissance du cas portugais, avant de se livrer à des explications alambiquées sur la dégradation de la note souveraine de la France par S & P le 31 mai dernier ? Certes, cette sanction de l’agence américaine était attendue. Fallait-il pour autant clamer haut et fort que « face au Covid, nous avons sauvé l’économie française » ? Comment se fait-il alors que le Portugal a réussi à endiguer les crises du Covid et de l’inflation, tout en parvenant à se désendetter, et maintenir une croissance supérieure à celle de la France ? Que l’Irlande a réussi à ramener sa dette publique de 58 à 44 % du PIB depuis 2020 ? Même la Grèce ou l’Espagne ont fait mieux que Paris en matière de désendettement public…Difficile également de croire que la dégradation de la note française n’aura aucun impact sur notre vie quotidienne. Certes, la sanction subie par la France reste très symbolique, mais elle traduit surtout l’emballement de la dette publique, avec en corollaire une facture des charges d’intérêts qui s’envole : 55 milliards en 2024, contre 34 en 2020. Dépenses du Covid, bouclier anti-inflation, arrosage de primes à l’approche des élections et des Jeux olympiques : les multiples versions du « quoi qu’il en coûte » ont achevé de couler nos finances. Confiant, Bruno Le Maire assure pourtant travailler à leur rétablissement en 2027 et « croit au retour » sous les 3 % de déficit. « Gouverner, c’est faire croire », disait Machiavel.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/note-de-la-france-degradee-ce-que-bercy-voudrait-nous-faire-croire-par-eric-chol-K6SQ7VUDUJCATGKOZIE2FZGAHY/

Author : Eric Chol

Publish date : 2024-06-02 07:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .