L’Express

Baisse de la natalité : l’Europe à l’heure de l’hiver démographique, par Eric Chol

La France compte depuis le début de l'année plus de 68 millions d'habitants, soit une hausse de 0,3% sur un an, toutefois limitée par une baisse de la natalité et un niveau de mortalité élevé




L’Europe meurt à peu à peu. Au sens propre du terme. « Depuis 2020, on compte un million de décès de plus que de naissances dans l’UE des 27 Etats membres », résume le géographe Laurent Chalard. Pourtant, l’UE, avec ses presque 450 millions d’habitants, paraît en pleine forme : n’a-t-elle pas enregistré une croissance de plus de 17 millions d’habitants depuis 2003, soit autant que la population des Pays-Bas ? Ne s’affiche-t-elle pas dans ce domaine comme la troisième puissance mondiale, après la Chine et l’Inde mais devant les Etats-Unis ? Des chiffres à manier avec précaution, tant ils cachent mal l’hiver démographique à l’œuvre depuis déjà un demi-siècle, et que rien, pas même l’immigration, ne semble pouvoir enrayer. Depuis 1975, l’Europe ne renouvelle plus ses générations. Une tendance à laquelle n’échappe désormais aucun pays, pas même l’Irlande, hier encore considérée comme le bon élève en termes de naissances. Quant à la France, elle a connu l’an passé son plus bas taux de natalité depuis la Seconde Guerre mondiale.Sans surprise, le poids démographique de l’Union européenne baisse dans le monde. Sur une planète de 8 milliards d’habitants, les 27 Etats membres n’en représentent plus que 6 %, moitié moins qu’en 1960. Un étiolement appelé à se poursuivre, alors qu’à partir de 2025, la population de l’UE devrait commencer à diminuer. En 2070, l’UE comptera seulement 1 habitant sur 25 dans le monde.Le premier risque de cet effondrement, c’est évidemment son impact géopolitique, sujet peu évoqué dans la campagne électorale actuelle. Mais ce n’est pas le seul. Car l’Europe va très vite devenir un continent de vieux : déjà, l’âge médian de ses habitants a progressé au cours des deux dernières décennies, de 39 à presque 45 ans. Les moins de 15 ans, autrefois plus nombreux que les plus de 65 ans, sont devenus minoritaires : 14,9 % pour les premiers contre 21,3 % pour les derniers. Qui dit moins de jeunes, dit moins de créativité, mais aussi moins de travailleurs : la population active de l’Union européenne, amputée de 5 millions de personnes depuis vingt ans, pourrait encore chuter de 18 % d’ici à 2050… On mesure vite les conséquences désastreuses pour nos systèmes de retraites et nos besoins de santé…L’Europe subit la loi d’une réalité implacableOr non seulement les courbes démographiques sont têtues, mais il existe peu de moyens de les faire dévier leur trajectoire. « Il y a bien des leviers à actionner, comme celui des politiques natalistes ou de l’immigration choisie, mais ceux-ci ont surtout des effets de court terme, qui ne permettent pas d’inverser les tendances structurelles de long terme », avance Christopher Dembik, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM.L’Europe subit simplement la loi d’une réalité implacable : à partir du moment où un pays devient riche, ses habitants ne font plus d’enfants. L’Union européenne étant devenue prospère avant les autres, elle a été pionnière en matière de déclin démographique. Aura-t-elle le même temps d’avance pour redonner aux jeunes générations l’envie de procréer ?



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/baisse-de-la-natalite-leurope-a-lheure-de-lhiver-demographique-par-eric-chol-KV4NASYWVZFB3JR7XULK6IWXUI/

Author : Eric Chol

Publish date : 2024-05-29 11:30:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags : L’Express
Quitter la version mobile

.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . +