L’Express

Nouvelle-Calédonie : ouverture d’une enquête visant les « commanditaires » des émeutes

Les habitants dressent une barricade pour protéger leur quartier à Nouméa, le 16 mai 2024, en Nouvelle-Calédonie




Après quatre nuits de violente contestation contre une réforme électorale votée à Paris, le calme est-il en train de revenir progressivement en Nouvelle-Calédonie ? L’archipel était dans « une situation plus calme » ce vendredi, selon les autorités locales, à l’exception de quartiers hors de contrôle que l’Etat va tenter de « reprendre ».Dans un communiqué publié ce vendredi matin, le Haut-commissariat s’est voulu rassurant. « L’état d’urgence a permis, pour la première fois depuis lundi, de retrouver une situation plus calme et apaisée dans le grand Nouméa, malgré les incendies d’une école et de deux entreprises », a-t-il affirmé. La nuit de jeudi à vendredi a été « marquée par l’arrivée des renforts envoyés » de l’Hexagone, a ajouté la même source. Le gouvernement avait annoncé quelques heures plus tôt l’envoi d’un millier d’effectifs de sécurité intérieure, en plus des 1700 membres des forces de l’ordre déjà sur place.L’armée s’est également déployée pour sécuriser les ports et l’aéroport du territoire, désormais sous le régime de l’état d’urgence décrété par le gouvernement mercredi soir. L’interdiction de rassemblements, de transport d’armes et de vente d’alcool, ainsi que le couvre-feu de 18 heures à 6 heures restent en vigueur. Les infos à retenir⇒ Le parquet de Nouméa ouvre une enquête visant des « commanditaires » des émeutes⇒ Le contrôle de certains quartiers du Grand Nouméa « n’est plus assuré »⇒ Une personne soupçonnée d’un homicide s’est rendue aux forces de l’ordreUne enquête vise les « commanditaires » des émeutesLe parquet de Nouméa a ouvert une enquête visant « des commanditaires » des émeutes, dont « certains membres de la CCAT », collectif indépendantiste mis en cause par les autorités, a annoncé vendredi le procureur de la République Yves Dupras. »J’ai décidé d’ouvrir une enquête visant notamment des faits susceptibles de concerner des commanditaires », parmi lesquels « certains membres de la CCAT », a-t-il déclaré à la chaîne Nouvelle-Calédonie La Première, ajoutant que les chefs d’infraction portent notamment sur des faits d’association de malfaiteurs.Envoi de produits sanguins face à une situation « critique »L’Etablissement français du sang (EFS) va acheminer ce vendredi des produits sanguins vers la Nouvelle-Calédonie pour répondre à une situation « critique », a-t-il annoncé à l’AFP.Les besoins en produits sanguins ont augmenté en raison du nombre de blessés et d’une interruption de la chaîne de transfusion sanguine sur le territoire. « Le contexte sécuritaire a entrainé une interruption des dons de sang, et les stocks s’amenuisent de ce fait chaque jour », souligne l’EFS.Le contrôle de certains quartiers « n’est plus assuré »Même si la tension a redescendu d’un cran, le contrôle de plusieurs quartiers en Nouvelle-Calédonie « n’est plus assuré », a reconnu ce vendredi le représentant de l’Etat sur ce territoire français du Pacifique sud, espérant que des renforts permettront de « reconquérir » ces zones après quatre nuits de tensions. « Des renforts vont arriver […] pour contrôler les zones qui nous ont échappé ces jours derniers, dont le contrôle n’est plus assuré », a déclaré devant la presse à Nouméa le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc.Près d’un millier d’effectifs de sécurité intérieure, notamment des policiers et des gendarmes, sont arrivés sur le Caillou dans la nuit de jeudi à vendredi, s’ajoutant aux 1700 membres des forces de l’ordre déjà sur place. Ces renforts doivent permettre de « reconquérir tous les espaces de l’agglomération (de Nouméa) que nous avons perdus et qu’il nous appartient de reprendre le plus rapidement possible », a encore déclaré Louis Le Franc.Le représentant de l’Etat a fait référence à « trois zones », des quartiers défavorisés du Grand Nouméa peuplés majoritairement d’autochtones. Il a désigné les quartiers de Kaméré, de Montravel, et « une partie de la Vallée du Tir », décrits comme « des zones où il y a plusieurs centaines d’émeutiers qui n’attendent qu’une seule chose, c’est le contact avec les forces de l’ordre, pour maintenir leurs positions » et « leurs exactions ».Le Maire réunira les assureurs la semaine prochaineLe ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, réunira les assureurs « la semaine prochaine » afin de « garantir une indemnisation rapide et juste » des dégâts causés par les violences en Nouvelle-Calédonie, a annoncé ce vendredi son cabinet. Le montant des dégâts économiques est encore en cours d’évaluation et sera communiqué lorsqu’il sera « stabilisé et fiable », selon la même source, relayant le « soutien » de Bruno Le Maire « aux élus et au monde économique de Nouvelle-Calédonie ». Le cabinet du ministre n’a pas donné de date précise pour la réunion prévue avec les assureurs.Un responsable de l’hôpital de Nouméa s’alarme des difficultés d’accès aux soinsLe président de la commission médicale de l’hôpital de Nouméa Thierry de Greslan s’est alarmé ce vendredi des difficultés d’accès aux soins engendrées par la situation de « guérilla urbaine » qui règne dans certains quartiers de la capitale calédonienne, évoquant des « dégâts collatéraux terribles ». « Trois ou quatre personnes seraient décédés hier (jeudi) par manque d’accessibilité aux soins », en raison notamment de barrages érigés dans la ville, a-t-il avancé sur France Info. Ce chiffre n’est qu’une « estimation qui est très difficile », mais « il y a des dégâts collatéraux terribles », a-t-il ajouté. Il a notamment évoqué des patients qui n’ont pu avoir accès à leur dialyse depuis lundi.Les équipes médicales qui « travaillent depuis lundi et qui sont épuisées », doivent faire face à « une situation de guérilla urbaine avec son lot de blessés par balles », avec de nombreuses « fractures traumatiques » à traiter, a-t-il poursuivi. Thierry de Greslan a également déclaré craindre « le rebond qu’on connaît dans toutes les crises », lié aux malades qui ne sont actuellement pas pris en charge et « l’impact psychologique, y compris sur les jeunes ». Il a aussi dit s’inquiéter du risque de « pénurie majeure de médicaments (…) si la situation devait se pérenniser », notamment après l’incendie d’un entrepôt où étaient stockés les médicaments à destination des pharmacies du territoire.Le risque de pénuries alimentairesA Nouméa, les pénuries alimentaires provoquent de très longues files d’attente devant les magasins. « En lien avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’Etat se mobilise pour apporter le soutien à la population et organiser l’acheminement des produits de première nécessité », a assuré ce vendredi matin le Haut-commissaire Louis Le Franc. Il a appelé à laisser dégager les grands axes de circulation.Les autorités préparent un « pont aérien » entre l’Hexagone et son archipel, séparés de plus de 16 000 km. L’aéroport de Nouméa reste fermé aux vols commerciaux.Un suspect d’homicide « s’est rendu »Une personne soupçonnée d’un homicide lors des émeutes en Nouvelle-Calédonie s’est rendue aux forces de l’ordre, a annoncé ce vendredi le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc. « Il y a des affaires beaucoup plus graves qui ont eu lieu, des affaires concernant des assassinats. Donc, un auteur s’est rendu. Les autres, les recherches sont lancées », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Nouméa. Le Haut-commissaire n’a livré aucun détail supplémentaire, ni sur l’identité de cette personne, ni sur l’homicide concerné.Cinq personnes sont mortes depuis le début des émeutes lundi dans cet archipel français de l’océan Pacifique : deux hommes de 20 et 36 ans, une adolescente de 17 ans et deux gendarmes. Le premier, âgé de 22 ans, a été atteint d’une balle dans la tête mercredi. Le second, âgé de 45 ans, a été victime d’un « tir accidentel » jeudi matin, selon Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur avait indiqué mercredi soir depuis Paris qu’une personne « responsable de deux morts kanak » avait été arrêtée, sans plus de détails.Pas de visioconférence avec les élusLa visioconférence qu’Emmanuel Macron avait proposée aux élus calédoniens jeudi ne pourra pas se tenir, les « différents acteurs ne souhaitant pas dialoguer les uns avec les autres pour le moment », a annoncé l’Elysée. « La situation sur place rend sa tenue difficile », a également relevé la présidence. En conséquence, le chef de l’Etat échangera « directement avec les élus », séparément, a-t-elle ajouté, sans plus de précisions. Jeudi soir, l’Elysée a indiqué que ces discussions devraient intervenir ce vendredi. La visioconférence devait initialement se tenir à l’issue d’une nouvelle réunion de crise qui a eu lieu à l’Elysée à partir de 11 heures.Gabriel Attal va recevoir à Matignon, avec Gérald Darmanin ce vendredi à 18 h 30 heure de Paris, les comités de liaison parlementaires sur la Nouvelle-Calédonie pour un « échange » sur la crise. Avant cette réunion, Gabriel Attal présidera en outre à 8 heures une troisième cellule interministérielle de crise.



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Publish date : 2024-05-17 17:17:46

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