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Nouvelle-Calédonie : un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires, annonce Attal

Le Premier ministre français Gabriel Attal s'adresse à la presse à l'issue d'un conseil de sécurité et de défense au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 16 mai 2024, après trois nuits d'affrontements en Nouvelle-Calédonie.




Cinq morts, dont deux gendarmes, 64 blessés, plus de 200 interpellations depuis lundi… C’est le bilan, à ce stade, de trois nuits d’émeutes en Nouvelle-Calédonie. L’archipel est secoué par la fronde des indépendantistes contre une réforme électorale votée par le Parlement. Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée dans ce territoire ultramarin. Le déploiement militaire doit permettre de « sécuriser » les ports et l’aéroport, a indiqué mercredi Gabriel Attal, qui doit à nouveau présider une cellule de crise interministérielle ce jeudi matin.Le haut-commissaire sur le territoire français du Pacifique, Louis Le Franc, a pour sa part « annoncé un couvre-feu et interdit TikTok », un réseau social utilisé par les émeutiers, a précisé le chef du gouvernement. L’état d’urgence a par ailleurs été décrété. Il est entré en vigueur mercredi soir à partir de 20 heures, heure de Paris (5 heures à Nouméa). Il permet à l’Etat de disposer de compétences renforcées pour assurer le maintien de l’ordre. Signe de la gravité de la situation : le président de la République Emmanuel Macron a « reporté » un déplacement prévu de longue date à Flamanville (Manche), où il devait inaugurer l’EPR, un réacteur nucléaire. En outre, les autorités ont annoncé ce jeudi un « pont aérien » entre l’hexagone et le territoire calédonien, où l’aéroport reste fermé jusqu’à nouvel ordre, notamment pour « assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population ».Les infos à retenir⇒ Un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires, annonce Attal⇒ La visioconférence entre Macron et les élus locaux annulée⇒ 200 millions d’euros de dégâts depuis le début des émeutesUn millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires, annonce AttalUn millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires sont en train d’être déployées en Nouvelle-Calédonie, où la situation « reste très tendue », a affirmé Gabriel Attal à l’issue de la réunion d’un nouveau conseil de défense à l’Elysée. »A la demande du président de la République, nous allons renforcer encore le pont aérien de rétablissement de l’ordre qui a été mis en place, pour déployer un millier d’effectifs de sécurité intérieure supplémentaires, en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà sur place », a détaillé le Premier ministre. La situation sur l’archipel « reste très tendue, avec des pillages, des émeutes, des incendies, des agressions qui sont évidemment insupportables et inqualifiables », a-t-il ajouté.Il a aussi indiqué qu' »une circulaire pénale » serait publiée par le garde des Sceaux dans les prochaines heures pour garantir « les sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards ».Visioconférence avec Macron annulée, les élus ne veulent « pas dialoguer »La visioconférence qu’Emmanuel Macron avait proposée aux élus calédoniens ce jeudi ne pourra pas se tenir, les « différents acteurs ne souhaitant pas dialoguer les uns avec les autres pour le moment », a annoncé l’Elysée. « La situation sur place rend sa tenue difficile », a également relevé la présidence. En conséquence, le chef de l’Etat échangera « directement avec les élus », séparément, a-t-elle ajouté, sans plus de précisions.En outre, Gabriel Attal va convier à Matignon, avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, « dans les prochaines heures », le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, ainsi que les comités de liaison parlementaires sur la Nouvelle-Calédonie pour un « échange » sur la crise.200 millions d’euros de dégâts depuis le début des émeutesLes trois premières nuits d’émeutes en Nouvelle-Calédonie ont causé pour 200 millions d’euros de dégâts, a estimé ce jeudi le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Nouvelle-Calédonie, David Guyenne, à l’issue d’une réunion avec le gouvernement de Nouvelle-Calédonie.Selon le président de la CCI, 80 % à 90 % du circuit de distribution (magasins, entrepôts, grossistes) de Nouméa ont notamment été « anéantis ». « Les chiffres sont colossaux, la magnitude de l’impact sera énorme. L’économie calédonienne est structurellement atteinte », a poursuivi David Guyenne, estimant que « l’Etat va devoir intervenir ».Un gendarme tué à la suite « d’un tir accidentel »Un gendarme a été tué ce jeudi matin en Nouvelle-Calédonie à la suite « d’un tir accidentel », a annoncé le ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer, Gérald Darmanin, dans un message à l’AFP. « Il ne s’agit pas d’un tir ennemi », a précisé une source proche du dossier à l’AFP. Ce décès porte à cinq, dont deux gendarmes, le nombre de morts en Nouvelle-Calédonie depuis le début des émeutes lundi.Dans son message, le ministre, qui fait part de sa « grande tristesse », explique que selon les « premiers éléments, le décès serait consécutif aux blessures générées par un tir accidentel, alors que les gendarmes s’engageaient pour assurer une mission de sécurisation ».Darmanin accuse l’Azerbaïdjan d’ingérence en Nouvelle-CalédonieGérald Darmanin a accusé ce jeudi l’Azerbaïdjan d’ingérence en Nouvelle-Calédonie. Comme on lui demandait si ce pays, pro-russe, ainsi que la Russie et la Chine faisaient de l’ingérence en Nouvelle-Calédonie, le ministre a répondu sur France 2 : « Sur l’Azerbaïdjan, ce n’est pas un fantasme, c’est une réalité », en regrettant « qu’une partie des indépendantistes calédoniens aient fait un deal avec l’Azerbaïdjan ». »C’est incontestable et cela donne une idée de ce qu’est parfois la démocratie, si on écoutait certains leaders », a-t-il poursuivi. « Mais, aujourd’hui, même s’il y a des tentatives d’ingérences, aucun pays n’accède à la violence en Nouvelle-Calédonie », a ajouté le ministre, « la France est souveraine chez elle et c’est tant mieux ». De son côté, l’Azerbaïdjan a dénoncé les accusations d’ingérence « infondées » émises par la France, y voyant des propos « insultants ».Attal veut le retour à l’ordre, « préalable à la poursuite du dialogue »Le retour à l’ordre en Nouvelle-Calédonie est un « préalable à la poursuite du dialogue » et il « permettra de garantir l’approvisionnement de l’île en produits essentiels », a affirmé ce jeudi Gabriel Attal. « Tout est mis en œuvre pour que les Calédoniens retrouvent l’ordre et le calme auxquels ils ont droit. C’est un préalable à la poursuite du dialogue que j’appelle de mes vœux », a écrit sur le réseau social X le Premier ministre après avoir présidé une deuxième cellule interministérielle de crise à 08 h 30 à Paris.La journée qui s’achève en Nouvelle-Calédonie a été de nouveau marquée par la violence.

J’ai présidé ce matin une nouvelle cellule de crise.

L’envoi de renforts importants, par la mise en place d’un pont aérien, permettra le retour de l’ordre et de garantir… pic.twitter.com/KMoYhAk6jR— Gabriel Attal (@GabrielAttal) May 16, 2024″L’envoi de renforts importants, par la mise en place d’un pont aérien, permettra le retour de l’ordre et de garantir l’approvisionnement de l’île en produits essentiels », a assuré le chef du gouvernement, qui a annoncé en outre la mise en place ce jeudi matin d’une « cellule de crise dédiée en particulier aux questions logistiques ».Une nuit « moins violente »Après deux nuits d’embrasement meurtrier, celle de mercredi à jeudi « a été moins violente », a déclaré le haut-commissaire. Dans l’agglomération de Nouméa, les riverains ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et érigé des barricades de fortunes, faites de palettes de bois, de bidons et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs.Malgré cela, les violences se sont poursuivies sur l’archipel, qui a une nouvelle fois connu des « affrontements très importants », a déploré le haut-commissaire ce jeudi. L’agglomération de Nouméa a de nouveau été la proie des pillages et des incendies, a-t-il ajouté. « Il y a aussi des pièges tendus aux forces de l’ordre », qui ont subi des « tirs nourris de carabines de grande chasse », a-t-il déclaré. Le bâtiment du Sénat coutumier a été incendié, selon son service de communication, sans que l’on sache pour l’instant l’ampleur des dégâts.Environ 70 nouvelles interpellations en 24 heuresQuelque 70 interpellations ont eu lieu au cours des dernières 24 heures en Nouvelle-Calédonie, a indiqué ce jeudi matin à Nouméa le Haut-commissariat de la République. Louis Le Franc, haut-commissaire de la République, a salué dans un communiqué « l’engagement et le professionnalisme des forces de l’ordre qui font l’objet d’attaques ». « 64 gendarmes et policiers ont été blessés » et « près de 200 émeutiers ont été interpellés » depuis lundi, a-t-il précisé. Il a par ailleurs annoncé qu' »un pont aérien entre l’Hexagone et le territoire (allait) permettre d’acheminer rapidement des renforts de sécurité intérieure, de sécurité civile et militaires mais aussi du matériel permettant d’assurer la prise en compte des besoins essentiels de la population ».D’importants effectifs de policiers et de gendarmes, dont des éléments de leurs deux groupes d’élite, le GIGN et le RAID, sont déjà mobilisés. D’autres renforts étaient en cours d’acheminement dans l’archipel, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. D’après le ministère, 1800 policiers et gendarmes y étaient déployés mercredi et 500 de plus y arriveront dans les heures qui viennent.Mélenchon fustige le « néocolonialisme » en Nouvelle-CalédonieL’opposant de gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a vu mercredi dans les émeutes qui ont fait quatre morts en Nouvelle-Calédonie la manifestation d’un retour à un « néocolonialisme », sans issue selon lui. Jean-Luc Mélenchon, en visite jusqu’à samedi au Sénégal à l’invitation du parti panafricaniste et souverainiste Pastef vainqueur de la récente présidentielle, a rappelé les évènements de Thiaroye (Sénégal) en décembre 1944, dans une déclaration après une visite de la maison de l’ancien président Léopold Sédar Senghor à Dakar. Des troupes coloniales et des gendarmes français avaient tiré sur des tirailleurs sénégalais rapatriés qui réclamaient leurs arriérés de solde. Des dizaines de tirailleurs avaient été tués. »Si j’évoque à cet instant cet épisode du néocolonialisme, c’est que la France, qui pensait s’en être d’abord tirée, y retourne à cet instant, et à l’heure à laquelle je vous parle nous avons à souffrir de trois morts parmi les jeunes Kanaks et d’un gendarme français, tués à Nouméa », a déclaré Jean-Luc Mélenchon. « Cent soixante-dix ans d’acharnement n’ont pas suffi à abattre la volonté kanake de redevenir souveraine de son destin et nul n’y parviendra jamais », a-t-il dit. « Il n’y a pas d'(autre) issue à une situation coloniale que la décolonisation et tout le reste est une perte de temps », a-t-il renchéri.Cinq indépendantistes radicaux assignés à résidenceGérald Darmanin a annoncé mercredi soir avoir assigné à résidence cinq indépendantistes radicaux dans la foulée de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie, en proie à de violentes émeutes. « Je viens de signer les cinq premiers arrêtés d’assignation à résidence de responsables radicaux et violents », a indiqué le ministre de l’Intérieur sur X. « Sur mon instruction, des perquisitions administratives seront menées par les forces de l’ordre immédiatement », a-t-il ajouté.Il s’agit de cinq personnes appartenant à la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), frange la plus radicale du Front de libération Kanak socialiste (FLNKS), selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP. Dirigée par Christian Tein, le commissaire général de l’Union calédonienne (principal parti indépendantiste de l’île), cette cellule, dont l’ancienne secrétaire d’Etat Sonia Backès a demandé la dissolution, a été créée fin 2023 et comprend des composantes politique et syndicale.Dans un communiqué, la CCAT a souligné que son objectif était l’accession à l’indépendance « telle que prévue par l’accord de Nouméa » de 1998 et le gel du corps électoral local, contrairement à la réforme voulue par le gouvernement. Les leaders de ce mouvement, sans réagir à ces assignations, ont argué que « les exactions commises […] n’étaient pas nécessaires », mais étaient « l’expression des invisibles de la société qui subissent les inégalités de plein fouet et sont marginalisés au quotidien ».



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Publish date : 2024-05-16 14:36:26

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