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Emeutes en Nouvelle-Calédonie : ce que change la déclaration de l’état d’urgence

Des gendarmes français gardent l'entrée du quartier de la Vallée-du-Tir, à Nouméa, le 14 mai 2024, au milieu de manifestations liées au débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de Nouvelle-Calédonie.




Face aux émeutes en Nouvelle-Calédonie, l’exécutif joue la carte de la fermeté. Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi 15 mai la mise en place de l’état d’urgence sur l’archipel. « Toutes les violences sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre républicain », a déclaré l’Elysée à l’issue d’un conseil de Défense et de sécurité nationale, ajoutant que le chef de l’Etat a « demandé que le décret visant à déclarer l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie soit inscrit à l’ordre du jour du Conseil des ministres qui se réunira à 16h30 ».Déjà ce mardi, la cheffe de file des loyalistes à Nouméa, l’ancienne ministre Sonia Backès, avait réclamé la mise en place de cet état d’urgence auprès de l’exécutif, avertissant qu’il s’agissait d’une situation de « guerre civile ».Les Républicains avait également réclamé la mise en place de ce régime d’exception, par la voix de son chef Eric Ciotti. « il faut aussi mobiliser l’armée. Aujourd’hui, les forces de l’ordre sont en nombre insuffisant. C’est étonnant qu’il n’y ait pas eu plus de préparation, pas plus de forces de l’ordre », a-t-il dénoncé, réclamant également « des assignations à résidence » des gens « les plus dangereux ».Des restrictions supplémentairesCe régime d’exception, déjà instauré précédemment huit fois en France, peut être décrété en cas de péril imminent (attentat, guerre) ou de calamité publique (catastrophe naturelle d’une ampleur exceptionnelle). Créé en 1955, durant la guerre d’Algérie, l’état d’urgence permet notamment aux ministres et préfets d' »interdire la circulation des personnes ou des véhicules » dans certains lieux ou à certaines heures (couvre-feux), ainsi que les réunions ou des manifestations sur la voie publique, ou encore d’ordonner la remise d’armes. L’Etat peut également assigner à résidence toute personne « à l’égard de laquelle il existe des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics » et ordonner « des perquisitions en tout lieu, y compris un domicile » sauf quelques rares exceptions.Décidée par décret en Conseil des ministres, la durée initiale de l’état d’urgence est de douze jours. Il peut être institué sur tout ou partie du territoire. Sa prolongation doit être autorisée par le Parlement avec le vote d’une loi. Depuis 2016, la loi prévoit que l’Assemblée nationale et le Sénat puissent contrôler et évaluer les mesures prises par le gouvernement.Déjà mis en place en Nouvelle-CalédonieL’état d’urgence a déjà été déclaré à huit reprises. Notamment trois fois pendant la guerre d’Algérie : au printemps 1955 en Algérie française et deux fois en France métropolitaine, en 1958 et en 1961 (pendant deux ans).L’état d’urgence a également été mis en place une fois en Nouvelle-Calédonie en janvier 1985 (pour un peu plus de cinq mois). Après les élections de novembre 1984 qui devaient instaurer un nouveau statut, la tension entre Kanak indépendantistes et « Caldoches » s’était aggravée : barrages routiers, incendies, affrontements mortels, dont une embuscade au cours de laquelle dix indépendantistes furent tués. Le 11 janvier 1985, le meurtre d’un Européen de 17 ans provoque une énorme manifestation accompagnée d’exactions et c’est le lendemain que l’état d’urgence est proclamé.Pour les mêmes raisons, un autre sera ordonné le 29 octobre 1986 à Wallis-et-Futuna (jusqu’au lendemain) et le 24 octobre 1987 sur une partie du territoire de Polynésie (jusqu’au 5 novembre). En France métropolitaine, il sera de nouveau institué le 9 novembre 2005 après les émeutes dans les banlieues, et à la suite des attentats à Paris et à Saint-Denis le soir du 13 novembre 2015 sur le territoire métropolitain et en Corse (pendant près de deux ans). Plus récemment, l’instauration de l’état d’urgence avait été réclamée, en vain, en février par le président de LR, Eric Ciotti, à Mayotte. Et par la droite et l’extrême droite face aux violences urbaines déclenchées l’été dernier par le décès du jeune Nahel.L’état d’urgence sanitaire, qui permet également de prendre des mesures de couvre-feu ou de restrictions des déplacements sans le vote d’une nouvelle loi par le Parlement, a par ailleurs été instauré à partir de mars 2020, pendant plus d’un an, en raison de l’épidémie de Covid.



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Publish date : 2024-05-15 15:13:13

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