L’Express

2025, des militaires algériens ciblent Toulon : les scénarios de guerre de l’armée française

Des soldats défiles à Alger pour la cérémonie des 60 ans de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 2022.




Qui aurait pu imaginer, en décembre 2021, l’invasion russe en Ukraine ? Un an auparavant, l’assaut du Capitole ? Pour parer aux menaces qui nous entourent, le ministère des Armées travaille depuis de nombreuses années sur des scénarios d’entrée en guerre de la France. Plusieurs structures – du centre de planification de conduite des opérations au centre de doctrine (CPCO) et d’enseignement du commandement (CDEC) sont même dévolues à ce travail de prospective. Depuis trois ans, les états-majors des armées financent aussi l’Observatoire des conflits futurs, qui rassemble un consortium de recherches sur les menaces d’ici à 2040, dirigé à la fois par la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et l’Institut français des relations internationales (Ifri). La célèbre Red Team, composée de chercheurs et d’écrivains, prépare pour l’armée des réflexions d’anticipation à l’horizon 2060.Alexandra Saviana, journaliste à L’Express, a passé un an auprès de ces stratèges chargés d’imaginer, les combinaisons les plus dévastatrices. Elle signe, ce 16 mai, Les Scénarios noirs de l’armée française (Robert Laffont), une plongée dans les 11 conflits catastrophes qui guettent les forces tricolores d’ici à 2030. Appuyés par les analyses de 106 experts, ces récits d’engrenages guerriers nous font découvrir les « chemins mentaux » des grandes puissances – l’expression est d’Antoine Bourguilleau, officier traitant à la cellule jeu de guerre du CDEC. Cet ouvrage fait suite à un dossier éponyme paru en mars 2023 dans L’Express, dans lesquels des scénarios avaient été élaborés d’après les suggestions de nos témoins, la loi de Murphy, ingénieur et militaire américain : « Tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal. » Russie, Chine, cyber, djihadisme… Comme dans le précédent dossier de L’Express, la majorité des onze hypothèses recoupent celles sur lesquelles se penchent les armées. Il ne s’agit aucunement de prévisions, mais d’un travail de prospective.Scénario 1 – Une guerre algéro-marocaineTous les systèmes du port militaire de Toulon sont en état d’alerte. Un missile balistique Iskander, d’origine russe, se dirige droit sur la base. La catastrophe approche, avant que l’engin soit intercepté par le système de défense sol‐air placé en avant de la mer Méditerranée. Cette fois, la base est saine et sauve. La prochaine fois, rien ne garantit qu’elle sera aussi facilement mise hors de danger. En dépit du pays de fabrication du missile, Paris n’est pas en conflit direct avec Moscou. L’ordre de cibler Toulon a été donné de bien plus près, de l’autre côté de la Méditerranée. Cet ordre vient de quelque part en Algérie.La première escalade n’a pourtant pas eu lieu entre Paris et Alger. Tout commence par des escarmouches dans l’ouest du Sahara. Les tensions entre Rabat et Alger, qui se sont déjà aggravées depuis la coupure des relations diplomatiques entre les deux pays à l’été 2022, n’ont fait qu’empirer. « Ces deux pays sont arrivés à une dégradation telle de leurs relations, allant même jusqu’à une rupture de leurs relations diplomatiques, que l’on ne peut rien exclure », estime le diplomate Xavier Driencourt, ex‐ambassadeur de France en Algérie de 2008 à 2012, puis de 2017 à 2020. […]La situation dégénèreLe 17 août, des blindés algériens occupent l’oasis de Figuig. Le territoire, enclavé entre le Maroc et l’Algérie, est un haut lieu de tensions entre les deux pays. Des militaires bloquent désormais le passage des cultivateurs de dattes marocains, qui cheminent quotidiennement à cet endroit pour rejoindre leurs vergers. A l’inverse des crises précédentes – la frontière est fermée officiellement depuis 1994 mais un laissez-passer existe pour les agriculteurs –, l’armée algérienne n’aurait donné aucune indication avant son intervention. […]Le 22 août, une unité de 35 soldats algériens s’introduit en territoire marocain au petit matin. Des coups de feu sont échangés à la frontière. Le bilan est lourd : trois soldats marocains sont tués, et 11 blessés tandis que quatre morts et 18 blessés sont à dénombrer du côté algérien. A la mi-journée, en dépit du ballet diplomatique qui s’est mis en place ces derniers jours pour calmer les deux puissances régionales, l’escalade se poursuit : Rabat dénonce une « intrusion inadmissible » qui menace « l’intégrité de son territoire ». […] L’Algérie et le Maroc entrent en guerre. […]En France, on regarde d’autant plus la situation dégénérer que l’on craint une exportation du conflit sur le territoire national. « Les services marocains ont été très actifs sur le sol français pour faire passer des messages ces derniers temps, note Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Il n’est pas exclu, dans la mesure où les familles des dignitaires des deux pays ont des maisons en France, des enfants qui vont à l’école en France, que des événements puissent avoir lieu dans l’Hexagone. » […]2025, des militaires algériens ciblent Toulon : les scénarios de guerre de l’armée françaiseUn conflit sanglantDix jours plus tard, le conflit devient sanglant et tourne court. Une incursion de blindés algériens près d’Oujda, capitale de l’est du Maroc, se solde par un échec retentissant. Les Marocains détruisent une quinzaine de chars de bataille algériens. Alger dénombre 30 morts dans ses rangs, quand les pertes de Rabat restent basses. […]Un cessez-le-feu est établi entre les deux pays grâce à la médiation de l’Egypte. Mais le soulagement collectif est de courte durée. Conséquence de cette défaite, le régime algérien est fortement fragilisé. « Après une telle conclusion du conflit, un régime comme celui en vigueur aujourd’hui en Algérie serait chancelant, reprend Elie Tenenbaum. Il y aurait le risque qu’il devienne aussi paranoïaque que fragile. » […] Fragilisé, le pouvoir est contesté par des factions politiques hostiles à la France, qui présentent Paris comme un ennemi à combattre pour parvenir à l’unification d’une nation algérienne fracturée. […] Le 16 novembre, le président algérien accuse la France de « malveillance » et assure être prêt à « défendre la patrie ». Le lendemain, des missiles Iskander fournis par Moscou sont tirés en mer Méditerranée, dans le cadre d’un exercice impromptu. […]Opération d’évacuationInquiet de l’instabilité en Algérie – le pays semble se morceler en différentes factions –, Paris décide d’organiser une opération d’évacuation. « Environ 80 000 personnes appartiennent à la communauté française en Algérie, pointe Xavier Driencourt. Mais le problème de l’évacuation des ressortissants est que, sur ces 80 000, 78 000 sont des binationaux franco‐algériens. Ils sont donc considérés comme algériens par les autorités algériennes, ce qui impliquerait de fait des complications supplémentaires, alors que des gens avec la double nationalité chercheraient à partir en France. » […]En guise de représailles à ce qu’elle estime être une attaque, et contre l’avis du pouvoir encore sur place à Alger, la partie la plus radicale de la junte met la main sur une partie de l’équipement militaire algérien. Elle envoie des missiles visant les navires français. L’un d’eux atteint sa cible. Pendant plusieurs jours, les images affreuses d’un porte‐hélicoptères amphibie (PHA) français qui s’abîme en baie d’Alger, l’équipage fuyant pour éviter de couler, tournent en boucle sur toutes les chaînes de télévision. L’opération d’évacuation est globalement considérée comme un succès, mais quatre militaires sont morts. […]Chaos algérienAlors qu’une cérémonie d’hommage aux soldats décédés a lieu aux Invalides, Emmanuel Macron apprend qu’un deuxième missile Iskander tiré par la junte a visé la base militaire de Toulon. […] « Aujourd’hui, un tel événement est inimaginable. Mais dans le cadre d’un effondrement complet, de phobie d’une action française plus d’une junte mal contrôlée ? estime Elie Tenenbaum. La question de la réplique serait épineuse. » […]Dans la plus grande discrétion, une opération spéciale conjointe avec les militaires algériens fidèles au pouvoir est menée sur le sol algérien pour arrêter les responsables. Deux Rafale M s’envolent depuis le porte‐avions Charles-de-Gaulle. Guidés par les militaires algériens sur le terrain, ils effectuent plusieurs frappes ciblées. Dix jours plus tard, on apprend par voie de presse l’exécution des commanditaires. Malgré l’élimination d’une partie de la junte, l’Algérie s’enfonce dans le chaos.



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Author : Alexandra Saviana

Publish date : 2024-05-13 18:25:51

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