L’Express

Nucléaire : l’étonnante conversion d’Oliver Stone à l’atome

Le cinéaste américain Oliver Stone arrive pour la projection de son film "Snowden", au festival du cinéma à Rome, le 14 octobre 2016




Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis. Pour le cinéaste américain Oliver Stone, le virage s’est produit en 2019 après avoir lu A Bright Future de Joshua Goldstein et Staffan Qvist. « Avant, j’étais comme vous. J’avais peur du nucléaire », confie-t-il. Désormais, le célèbre metteur en scène – 77 ans et plus de 30 films à son actif -, abonné aux polémiques, promeut l’énergie de l’atome partout où il passe. Dans son dernier documentaire Nuclear Now – un cauchemar à financer, personne n’en voulait à Hollywood -, le nucléaire est même présenté comme une énergie indispensable pour l’avenir. La seule à la hauteur des enjeux climatiques et énergétiques.Attention spoiler : « Le monde va devoir produire des réacteurs à la chaîne, comme il l’a fait pour les avions de ligne », prévient Oliver Stone à la fin de sa nouvelle œuvre, avec sa voix de prophète usée par le temps. La Chine se met déjà en ordre de bataille, avec dix-neuf gros réacteurs en construction et une capacité impressionnante à connecter une nouvelle machine à son réseau électrique tous les trois mois. Pendant ce temps, les Etats-Unis et d’autres pays tergiversent. Il faut dire que le nucléaire souffre encore d’une mauvaise réputation. Les coupables ? Les craintes liées aux accidents mais aussi les discours trompeurs des ennemis de la filière – associations écolos, industriels du gaz et du pétrole – ou même la pop culture – Godzilla, Les Simpsons – toujours prompte à caricaturer les effets des radiations.Pas de contradicteurSur ces sujets, Oliver Stone tente de remettre les pendules à l’heure. Il met en balance le rendement du nucléaire et celui des énergies renouvelables, rappelle nos besoins croissants en électricité, ose comparer le nombre de morts attribués aux accidents nucléaires passés à ceux provenant des pollutions chimiques ou des accidents de la route… L’argumentation fait mouche. Le nucléaire souffre effectivement d’une mauvaise réputation, d’une confusion entre applications civiles et militaires. Il nous faut certainement reconsidérer cette énergie, sans laquelle nos objectifs climatiques seront difficiles à atteindre.Mais à trop vouloir convaincre, Oliver Stone en oublie les bonnes pratiques journalistiques. Son documentaire laisse peu de place aux énergies renouvelables, qui font partie de la solution. Il ne s’attarde pas non plus sur les questions de sobriété, pourtant essentielles. Enfin, il oublie – sans doute volontairement – les questions du coût et de la complexité des chantiers nucléaires, préférant pour le passage dédié à la France, mettre en avant la centrale de Civaux plutôt que le site de Flamanville. Un documentaire sans contradicteur. La méthode rappelle celle de Conversations avec Poutine, le film/documentaire complaisant consacré au maître du Kremlin qui lui avait valu tant de critiques.Oliver Stone n’est sans doute pas le défenseur dont rêvait la filière. Toutefois, sa conversion récente témoigne d’un basculement intéressant. Face aux enjeux énergétiques et climatiques, de plus en plus de personnalités défendent le nucléaire civil. Tirant un trait sur ses erreurs de jeunesse, le groupe U2 soutient désormais l’énergie de l’atome, y compris dans l’une de ses chansons (Atomic City). Diplômée d’une école d’ingénieur, Miss Amérique 2023 est devenue incollable sur le sujet. Elle poursuit sans relâche son travail d’évangélisation. Même Patrick Moore, le cofondateur du mouvement Greenpeace en 1971, a fini par rallier la cause. Oliver Stone n’est finalement que le dernier d’une liste… très anglo-saxonne. Vivement un film de Yann Arthus-Bertrand sur le sujet !



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Author : Sébastien Julian

Publish date : 2024-05-04 10:30:00

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