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Boeing : la mort soudaine d’un deuxième lanceur d’alerte

Le constructeur aéronautique américain Boeing est dans la tourmente depuis plusieurs mois, après la révélation de graves problèmes de sécurité sur ses avions.




Il avait 45 ans, et se battait depuis près de deux ans contre les problèmes de sécurité des avions construits par Boeing. Le lanceur d’alerte américain Joshua Dean est mort ce mardi d’une suite d’infections sévères, en particulier au SARM, une forme de staphylocoque doré particulièrement dangereuse et dure à traiter. Une disparition qui fait suite à celle de John Barnett, il y a deux mois, lui aussi engagé contre le florilège de défaillances résultant de manquements imputables à Boeing.Joshua Dean s’était fait connaître à partir d’octobre 2022. Travaillant comme technicien qualité pour une usine d’un fournisseur principal de Boeing, Spirit AeroSystem, il avait rapporté à sa direction de graves défauts de fabrication sur la chaîne de fabrication du 737 Max, sans que celle-ci ne prenne la moindre décision pour améliorer la situation. Des révélations qui font écho aux très nombreux incidents qui ont touché des avions du constructeur américain ces derniers mois, d’une porte arrachée en plein vol sur un 737 MAX à la perte d’un pneu forçant un atterrissage d’urgence, en passant par un moteur prenant feu, ou encore l’ouverture en plein vol de la soute d’un avion.Finalement licencié en avril 2023, après que de nombreux problèmes de sécurité de Spirit et de Boeing sont devenus publics, Joshua Dean avait déposé une plainte contre son ancien employeur auprès de l’administration fédérale de l’aviation américaine, mettant en avant « une faute grave et grossière de la part des responsables de la qualité de la chaîne de production du 737 » chez Spirit. En novembre, il avait également déposé une plainte auprès du ministère du travail américain pour licenciement abusif de la part de Spirit, une affaire qui était toujours en cours au moment de son décès. « Je pense qu’ils voulaient envoyer un message à tous les autres. Si vous êtes trop bruyant, nous vous ferons taire », avait déclaré celui qui était devenu l’un des principaux lanceurs d’alerte sur le sujet, à la radio américaine NPR en février dernier.Des pressions mises sur les salariésCar au-delà des problèmes de fabrication révélés, c’est également la façon dont Boeing et Spirit ont cherché à étouffer l’affaire qui pose beaucoup question. « Il est connu chez Spirit que si vous faites trop de bruit et causez trop de problèmes, vous serez muté », avait déclaré Joshua Dean au Wall Street Journal en janvier dernier. Plusieurs employés du fournisseur ont également raconté au journal américain Time avoir fait l’objet de pressions pour qu’ils minimisent les défauts qu’ils avaient trouvés lors du processus de fabrication des pièces de l’avion.Les témoignages et preuves accablantes n’ont depuis cessé de s’accumuler contre Boeing. Un ancien collègue de Joshua Dean, Lance Thompson, a ainsi publiquement soutenu les affirmations de ce dernier, affirmant auprès du Seattle Times que les délais de production étaient privilégiés par rapport à la sécurité dans l’usine Spirit de Wichita, celle où travaillait Joshua Dean. Enfin, un audit de l’administration fédérale de l’aviation américaine, portant sur Boeing et Spirit, avait révélé en mars que les deux entreprises n’avaient pas respecté les exigences légales en matière de contrôle de la qualité.Un deuxième lanceur d’alerte qui décède en deux moisSelon le Seattle Times, Joshua Dean n’avait rencontré aucun pépin de santé particulier auparavant, et était réputé pour avoir un mode de vie sain. Jusqu’à de ça deux semaines, où celui-ci a commencé à avoir de très grandes difficultés pour respirer, avant d’être hospitalisé. Depuis, la détérioration de son état ne fut que « brutale » et « déchirante », a déclaré sa tante. Testé positif à la grippe B et à la bactérie du SARM, il a développé une pneumonie, tandis que des examens ont également montré qu’il avait subi un AVC. Les médecins sont allés jusqu’à envisager de lui amputer ses mains et ses pieds, devenus noirs en raison du manque d’oxygène, rapportent les médias américains. « Nous ne savons pas exactement de quoi il est mort », a déclaré Virginia Green, la mère de Dean, à la radio publique américaine NPR, ajoutant qu’elle avait demandé une autopsie. « Nous savons qu’il avait un tas de virus. Mais nous ne savons pas si quelqu’un lui a fait quelque chose ou s’il est simplement tombé malade ».Car cette disparition brutale fait forcément écho à celle d’un autre lanceur d’alerte contre Boeing, John Barnett. Âgé de 62 ans, l’ancien salarié du groupe avait également publiquement dénoncé la pression mise sur les salariés dans les usines du constructeur américain, qui ne pouvait selon lui qu’aboutir aux graves défaillances de sécurité qui se sont produites. Se décidant à s’engager dans des poursuites judiciaires, il est finalement retrouvé mort dans son camion le 9 mars dernier, d’une « blessure par balle auto-infligée » selon les autorités, alors qu’une enquête est toujours en cours.Brian Knowles, l’un des avocats de Joshua Dean, a déclaré qu’il ne souhaitait pas spéculer sur la proximité temporelle et les circonstances des deux décès. « Les lanceurs d’alerte sont nécessaires. Ils mettent en lumière les actes répréhensibles et la corruption, pour l’intérêt de la société. Il faut beaucoup de courage pour se lever et résister », a-t-il déclaré. « Il s’agit d’un ensemble de circonstances difficiles. Nos pensées vont maintenant à la famille de John et à la famille de Josh ». De son côté, Spirit AeroSystem a également réagi dans un communiqué. « Nos pensées vont à la famille de Josh Dean. Cette perte soudaine est une nouvelle stupéfiante ici pour ses proches ».



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Publish date : 2024-05-03 16:59:31

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