L’Express

Chrysoula Zacharopoulou : « Aux JO de 2004, la Grèce lance un appel universel à la paix »

Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État chargée du Développement, arrive à l'Elysée, le 10 juin 2022 à Paris




Été 2004 : « Jeux Olympiques, bienvenue de nouveau en Grèce ! ». Retour aux origines.Les Jeux d’Athènes s’ouvrent sur cette formule mythique et tout le stade s’embrase ! Une fête à ciel ouvert commence. Tellement attendue, tellement rêvée. Je ne suis pas à Athènes mais l’énergie qui s’en dégage me gagne vite. Je suis à Rome. Première année de mon internat en gynécologie-obstétrique. Ce jour-là, je suis de garde. Malgré mes obligations, j’essaie, dès que possible, de profiter de la cérémonie d’ouverture qui passe à la télé de la salle de repos de l’équipe médicale. Je suis captivée par le rythme de cette « immense fête pour les citoyens du monde ». Le rythme est donné par les tambours grecs ; un rythme entraînant que j’ai encore dans la peau ; un rythme entêtant que je garderai toujours en mémoire !Dans le bassin qui est au cœur du stade d’Athènes, un homme frappe sur son tambour. Sur l’écran géant qui s’élève devant lui, un second musicien lui répond depuis le stade d’Olympie. Leurs percussions font communier le passé et le présent. A cet instant, elles nous reconnectent aux origines ! Le stade entier vibre avec ce rythme. La foule est euphorique. Puis une surprise vient rompre cette chamade : l’eau du bassin prend feu. Cinq anneaux se forment dans les flammes. Ils projettent la lumière olympique aux yeux du monde entier ! Sa lueur d’espoir rayonne partout ! Le message est univoque : la Grèce appelle toutes les Nations à porter les valeurs olympiques qu’elle a fièrement fondées, celle de la trêve sacrée. Un appel universel à la paix ! La cérémonie continue. Une petite barque blanche, un « karavaki », s’élance sur l’eau du bassin central. Elle est portée par la mélodie douce d’Hatzidakis et conduite par un seul matelot. C’est un enfant. Il tient un petit drapeau bleu et blanc, les couleurs grecs, avec lequel il salue la foule. Candide capitaine, il sourit à toute la Terre. Sans un mot, il nous parle de l’essentiel : de la joie d’être rassemblés ; de sa foi dans l’humanité ; de cet avenir qui lui appartient, aussi.20 ans plus tard, tout cela me revient d’un coup. Tout ! La liesse sincère dans chaque village, l’ambiance folle sur chaque place et la joie authentique dans chaque café… les cris pour chaque médaille, la fierté de tous les Grecs, et la musique qui anime cette fête populaire ! Une fête qui fait Nation !La chorégraphie du silence sacréPrintemps 2024 : « Bienvenue en Grèce ». Retour aux origines.La cérémonie d’allumage de la flamme olympique commence. Cette fois-ci, je suis là. Ce 16 avril, je suis à Olympie. Assise entre oliviers et officiels. Nous sommes à quelques mètres du temple d’Héra. Au cœur des ruines originelles. Une voix familière ouvre la cérémonie avec cette phrase qui fait écho à 2004. C’est Nikos Aliagas. A son tour de faire le lien. Entre la Grèce et la France ; entre le public et le rituel : le « bruissement du silence sacré » se fait doucement entendre. Dans un vœu à Zeus et Apollon, la grande prêtresse appelle à la paix des peuples puis allume la torche. Une colombe vient de fendre le stade : le tout premier stade olympique. Par dessus nos têtes, elle survole 3 000 ans d’Histoire. Et le passage de relais : le champion grec, Stefanos Ndoukos transmet la flamme à la championne française, Laure Manaudou. Et la flamme commence son voyage. Je suis ici, à Olympie. Je suis là, témoin de ce moment. Devant moi, à quelques mètres, un enfant tient la main de l’une des prêtresses. Et avec l’autre main tient un rameau d’olivier. Son visage porte la même innocence, le même espoir que celui que j’ai vu à la télé il y a vingt ans. Cette image m’émeut et me trouble.Puis le rythme du tambour percute à nouveau mon tympan. Étrange. Je n’en vois pas autour de moi. Il n’y a que la chorégraphie du silence sacré. Mais ce son ne me quitte pas. Une larme que je ne peux plus tenir m’échappe. 2024 me fait revivre 2004. Réminiscences joyeuses. Vingt ans séparent ces deux moments, mais je n’en vis qu’un, au même instant… alors que tant de choses ont changé dans ma vie entre-temps. Un frisson me traverse : l’ubiquité pourrait-elle devenir un sport olympique ?



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Publish date : 2024-04-19 13:07:21

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