L’Express

Ursula von der Leyen : la nouvelle affaire qui fragilise la présidente de la Commission européenne

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le 22 mars 2024 à Bruxelles




Eviter les maladresses, les couacs de communication. Se tenir à distance des scandales. Tel est l’agenda d’un candidat à quelques mois d’une élection qu’il compte briguer. Ainsi, à moins de 12 semaines du renouvellement de la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen raréfie sa parole : pas un tweet depuis plus d’un mois. Pèse ses mots. Mais n’échappe pas aux controverses.Après s’être pris les pieds dans le Pfizergate, voilà que la présidente de la Commission se trouve enkystée dans une nouvelle affaire. Le « PieperGate », selon la formule des journalistes David Carretta et Christian Spillmann, sur leur blog « La Matinale Européenne ». Le scandale serait né d’une lettre adressée à la présidente de la Commission européenne par une partie du Collège des commissaires : le vice-président et haut représentant, Josep Borrell, et les commissaires Thierry Breton, Paolo Gentiloni et Nicolas Schmit.Dans ce courrier en date du 17 mars, les hauts fonctionnaires européens contestent la récente nomination de Markus Pieper. Ce député européen allemand, patron de la délégation de la CDU-CSU au sein du Parti populaire européen (PPE), a été désigné le 31 janvier dernier envoyé de l’UE pour les petites et moyennes entreprises. Un poste censé suppléer le commissaire au Marché intérieur. Mais le choix de Markus Pieper suscite « des questions sur la transparence et l’impartialité du processus de nomination », étrillent les quatre commissaires dans leur lettre.Un précieux soutien pour rempiler à la tête de la Commission ?Plus généralement, au sein des institutions européennes, nombreux s’interrogent sur le flou qui entoure cette nomination. Primo, celle-ci a été actée en l’absence du commissaire responsable, qui n’est autre que Thierry Breton, co-auteur de la lettre. Le haut fonctionnaire français avait notamment fait part de ses préférences pour un autre visage. Deuxio, d’après La Matinale Européenne, cette nomination n’a été précédée d’aucune discussion entre les chefs de cabinet des commissaires. Tertio, Markus Pieper a été choisi alors même que ses adversaires pour occuper le poste ont obtenu une meilleure note lors de l’évaluation des comités de sélection indépendants. Sur les trois personnalités figurant sur la « liste restreinte » dressée en interne, Markus Pieper est arrivé dernier, derrière la Tchèque Martina Dlabajová et la Suédoise Anna Stellinger.En somme, tous les ingrédients sont réunis pour nourrir les soupçons de favoritisme. D’autant qu’Ursula von der Leyen et Markus Pieper ne partagent pas seulement une nationalité. Ils appartiennent également à la même famille politique : la CDU, le parti conservateur allemand. Ainsi, pour une partie du Collège des Commissaires, aucun doute : Ursula von der Leyen a offert cette position généreusement rétribuée – entre quinze et vingt mille euros par mois – à Markus Pieper afin d’obtenir le soutien de son parti en juin prochain lors de l’élection du nouveau président de la Commission.Markus Pieper, maintenu à son posteLe 1er mars déjà, quatorze députés européens, verts, socialistes et démocrates, avaient épinglé la promotion de Markus Pieper. Au détour d’une question écrite prioritaire, les élus interrogeaient la Commission : quels sont les résultats des évaluations internes et externes de Markus Pieper ? Quelles qualifications supplémentaires ont justifié ce choix au détriment de meilleures candidatures ? Et bien évidemment : l’affiliation à la CDU a-t-elle joué un rôle dans cette nomination ? Une demande de clarification restée depuis, lettre morte.Lors d’un point presse le 4 avril dernier, le porte-parole en chef de la Commission a tenté de minimiser ce que de nombreux observateurs désignent comme un scandale politique : « La présidente [Ursula von der Leyen] a pleinement confiance dans le fait que le processus [de nomination] a été mené conformément à toutes les procédures pertinentes ». Autrement dit, tout a été fait selon les règles de l’art, circulez, il n’y a rien à voir, Markus Pieper reste en poste. Ce qui n’est pour l’heure, pas chose assurée pour Ursula von der Leyen.



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-04-08 13:04:20

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