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Moldavie : la Transnistrie, cette région où plane l’ombre de la Russie

Des gens portent un drapeau russe (C) et un drapeau avec un portrait du président russe Vladimir Poutine sur lequel on peut lire "Nous sommes pour Poutine !" à Tiraspol, la principale ville de la région séparatiste de Transnistrie en Moldavie, le 9 mai 2014.




Ce petit territoire au sud-est de la Moldavie, à la frontière de l’Ukraine, va-t-il être un nouveau terrain de guerre pour la Russie ? Ce mercredi 28 février au soir, les autorités de Transnistrie ont adopté une déclaration officielle demandant la « protection » de la Russie face à la Moldavie, qui a récemment adopté des mesures de rétorsion économique à son encontre. La Transnistrie est confrontée à des « menaces sans précédent de nature économique, socio-humanitaire et militaro-politique », est-il écrit dans une déclaration.La diplomatie russe a rapidement répondu, assurant avoir pour « priorité » la « protection » des habitants de la Transnistrie et ajoutant que Moscou allait « examiner avec attention » la demande de Tiraspol, sans donner plus de précisions. Tandis que le gouvernement moldave a quant à lui dit « rejeter la propagande » des dirigeants séparatistes et affirmé que la région bénéficiait des « politiques de paix, de sécurité et d’intégration économique » dans le cadre de ses liens avec l’Union européenne.L’enchaînement de ces événements rappelle toutefois au stade actuel celui similaire de février 2022, lorsque l’appel des séparatistes pro russes de l’Est de l’Ukraine avait ensuite été l’un des prétextes mis en avant par le président russe Vladimir Poutine pour déclencher une attaque de grande ampleur contre ce pays. Pour mieux comprendre les enjeux de cette déclaration, L’Express fait le point sur cette région séparatiste pro russe peu connue.Que s’est-il passé ?Les députés de Transnistrie se sont réunis à Tiraspol, la capitale, en congrès extraordinaire, et ont réclamé au Parlement russe de « mettre en œuvre des mesures pour protéger » leur petit territoire où vivent « plus de 220 000 citoyens russes » face à une « pression accrue de la part de la Moldavie ». Les autorités séparatistes ont fait savoir que ce congrès, auquel ont participé 620 députés, est une réaction à la récente introduction de droits de douane par le gouvernement moldave sur les importations en provenance de Transnistrie.Dans son discours cité par les médias, le président local, un pro russe, Vadim Krasnosselski, a assuré que ce territoire subissait « une politique de génocide », via des pressions économiques, « physiques », juridiques et linguistiques. Dans leur résolution, les députés s’adressent également à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), au Parlement européen, à la Croix-Rouge ainsi qu’au secrétariat général de l’ONU, les exhortant à empêcher « des provocations » pouvant conduire à « une escalade des tensions ».Qu’est-ce que la Transnistrie ?C’est une étroite bande de terre, longue d’à peine 200 kilomètres et de 20 kilomètres de large, située entre la Moldavie et l’Ukraine. La Transnistrie, qui compte officiellement 465 000 habitants, a fait sécession de la Moldavie après une brève guerre civile. Majoritairement russophone, la Transnistrie a unilatéralement proclamé son indépendance en 1990, de peur d’une « romanisation » de la Moldavie, qui cherchait alors à sortir de l’orbite soviétique. Un conflit armé, qui s’est achevé en juillet 1992, s’est soldé par plusieurs centaines de morts et l’intervention de l’armée russe.La Transdniestrie, territoire séparatiste prorusseLe territoire qui longe le Dniestr n’est pas reconnu en tant qu’État par la communauté internationale, y compris par Moscou, qui le considère comme une tête de pont non loin des frontières de l’Union européenne. La Russie y maintient d’ailleurs 1 500 militaires censés notamment assurer une mission de maintien de la paix.Qui sont les pro-russes ?Les deux présidents qu’a connus la Transnistrie, l’actuel Vadim Krasnosselski, et l’ancien Igor Smirnov (1991-2011), sont des pro-russes. Dans un référendum en septembre 2006 dont le résultat n’est pas reconnu par la communauté internationale, le territoire avait voté à 97,1 % pour son rattachement au territoire russe. Le territoire est fortement dépendant économiquement de la Russie, qui lui fournit gratuitement du gaz. Son économie repose sur l’industrie lourde et sur de multiples trafics, en particulier à partir du port ukrainien d’Odessa, mais le niveau de vie reste très bas. Le groupe « Sheriff », fondé au début des années 1990 par deux anciens policiers soviétiques et régulièrement accusé de corruption, jouit d’un quasi-monopole économique et politique en Transnistrie.Depuis le début de l’assaut russe en Ukraine il y a deux ans, les craintes d’un élargissement du conflit à la Transnistrie ont rejailli à plusieurs reprises. Des conjectures ressurgissent régulièrement quant à une éventuelle attaque russe à partir de la Transnistrie en direction de la grande ville portuaire ukrainienne d’Odessa, sur la mer Noire. L’an passé, les autorités de cet État autoproclamé avaient notamment accusé Kiev de vouloir l’attaquer après avoir affirmé avoir déjoué en mars un attentat ayant visé ses dirigeants. Le ministère russe de la Défense a encore assuré la semaine dernière, sans présenter de preuves, que l’Ukraine préparait une « provocation armée » contre la Transnistrie.Quelles sont les réactions de la communauté internationale ?La diplomatie ukrainienne a mis en garde mercredi contre toute « interférence extérieure destructrice » en Transnistrie. Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a appelé dans un communiqué « à une résolution pacifique des questions économiques, sociales et humanitaires entre la Moldavie et la Transnistrie, sans aucune ingérence extérieure destructrice », allusion à peine voilée à la Russie.A Washington, le porte-parole du Département d’Etat Matthew Miller a déclaré que « les Etats-Unis soutiennent fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Moldavie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ». Premier pays européen à réagir officiellement, la Pologne, par la voix de son Premier ministre Donald Tusk, a jugé « dangereuses » les tensions dans la région.Plus tôt dans la journée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en Albanie pour un sommet de dirigeants d’Etats d’Europe du Sud-Est, a indiqué avoir rencontré son homologue moldave Maia Sandu, avec laquelle il a discuté « des récents développements dans la région moldave de Transnistrie, des efforts de la Russie pour déstabiliser la région et de moyens efficaces pour contrer l’influence néfaste de l’Etat agresseur ».



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Publish date : 2024-02-29 09:56:03

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