L’Express

Salon de l’agriculture : après une matinée sous tension, Macron poursuit sa visite

Le président de la République Emmanuel Macron visite le Salon de l'agriculture, le 24 février 2024, à Paris




Après le fiasco de l’organisation d’un « grand débat » par l’Elysée à l’occasion du Salon de l’agriculture, le président de la République Emmanuel Macron est arrivé sur place ce samedi 24 février au matin, dans un contexte de grande tension. Des dizaines de manifestants ont forcé une grille pour entrer dans les lieux avant l’heure, provoquant le retard de l’ouverture du Salon. Après un petit-déjeuner avec les syndicats, le chef d’Etat a improvisé un débat avec des agriculteurs. Et a inauguré le Salon avec plusieurs heures de retard, sous les huées des manifestants.Les infos à retenir⇒ Après des heurts tôt ce matin, Emmanuel Macron a débattu avec des agriculteurs⇒ Le président veut reconnaître dans la loi l’agriculture et l’alimentation « comme un intérêt général majeur »⇒ Sous les huées, le chef d’Etat a inauguré le Salon de l’agriculture avec plusieurs heures de retardLa FNSEA au cœur de la crise agricole : son influence, sa capacité de nuisance… et ses faillesLe syndicat agricole majoritaire fait trembler la Macronie et son puissant lobbying s’étend jusqu’à Bruxelles. Mais son autorité est de plus en plus contestée par sa base.Dans les rangs du pouvoir, ces derniers jours, on s’est interrogé sur la capacité d’Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, à refléter les attentes de sa base. Son tweet du 12 février, dans lequel il évoque un « curetage » des fossés et non un « curage », a fait sourire ou affligé pour sa déconnexion avec les réalités du terrain. Ses exigences de grand prince, désirant être reçu au plus haut niveau, agacent ceux qui se démènent pour trouver une issue à la crise…Relire notre enquête >> La FNSEA au cœur de la crise agricole : son influence, sa capacité de nuisance… et ses faillesSur l’agriculture, Macron tacle le projet du RNAu Salon de l’agriculture, après une matinée agitée, Emmanuel Macron s’en est pris au Rassemblement national (RN), dénonçant un « projet de décroissance et de bêtise » qui consisterait à « sortir de l’Europe ». « Le Rassemblement national, c’est le parti du Frexit, de la sortie de l’euro. Maintenant, ce sont des transformistes du Frexit. Je vais vous dire s’il n’y a pas d’Europe, il n’y a pas d’agriculture », a martelé, pendant sa visite, le président de la République, à la veille de la venue de Jordan Bardella.Les agriculteurs payés pour leurs « services environnementaux » ? Ces obstacles qui subsistentLa filière dispose déjà de plusieurs solutions de financement en échange de pratiques plus durables. Mais leur développement reste poussif.Rémunérer davantage les agriculteurs tout en favorisant un changement de modèle, plus respectueux de l’environnement. L’idée fait rêver. Avec près de 20 % des émissions des gaz à effet de serre de la France en 2021, selon les chiffres du Haut conseil pour le climat, l’agriculture est l’un des principaux leviers de décarbonation en France…Lire notre article >> Les agriculteurs payés pour leurs « services environnementaux » ? Ces obstacles qui subsistentMacron hué lors de l’inauguration du SalonLe président Emmanuel Macron a inauguré ce samedi sous les huées le Salon de l’agriculture, quatre heures et demie plus tard que prévu, en raison de heurts et manifestations à son arrivée. « Macron démission », « fumier », « barre-toi », ont entendu notamment des journalistes de l’AFP au moment où le président a officiellement coupé le ruban, donnant le coup d’envoi de neuf jours d’un Salon marqué par la crise agricole.Emmanuel Macron a promis d' »ouvrir » le Salon de l’agriculture »Bien sûr, je vais l’ouvrir, moi je veux l’ouvrir », que ce soit « calme ou pas calme », a déclaré le chef de l’Etat, alors que des dizaines de manifestants l’attendent sur les lieux où il doit symboliquement couper le ruban. « Moi je veux aller au contact de tout le monde », a insisté Emmanuel Macron, alors que l’incertitude régnait quant à sa capacité à pouvoir arpenter comme à l’accoutumée les allées du Salon, après deux heures d’un débat improvisé avec plusieurs agriculteurs.Le débat est terminé mais la situation ne s’est pas calmée dans les travées du salon de l’agriculture. Insultes, sifflets, huées… Des vaches ont même dû être déplacées pour que les forces de l’ordre prennent place la déambulation | @LEXPRESS pic.twitter.com/ZkneLQ0YiR— Olivier Pérou (@OlivierPerou) February 24, 2024Macron ne veut « pas dresser un portrait catastrophiste » de la situationReconnaissant des « difficultés » sectorielles, Emmanuel Macron a toutefois appelé les agriculteurs, lors d’un débat improvisé au Salon de la profession, à ne « pas dresser un portrait catastrophiste » de la situation, car « la ferme France reste forte ». « La ferme France, c’est faux de dire qu’elle est en train de se casser la gueule », a lancé le chef de l’Etat. « Il y a des gens qui sont en très grande difficulté » mais « il ne faut pas dresser un portrait catastrophiste de notre agriculture ». « Je dis juste qu’il y a une réalité : la ferme France, elle reste forte, elle produit » et « elle exporte », a-t-il insisté.Salaires, Ukraine, lourdeurs administratives… Macron écoute les doléances des paysansAccoudé sur une table mange-debout, veste de costume tombée, le président a recueilli les doléances des agriculteurs regroupés autour de lui, chacun portant un signe distinctif de son organisation syndicale : bonnets jaunes, casquettes vertes ou rouges. Le chef de l’Etat, entouré de ses ministres Marc Fesneau et Agnès Pannier-Runacher, veut tenter de calmer la colère qui s’est exprimée plus tôt dans la matinée au Salon de l’agriculture… Et aussi parvenir à tenir un débat, après avoir annulé le grand échange, un temps espéré. »Je suis en train de vous dire que le boulot est fait sur le terrain, on a repris les copies, on est en train de faire toute la simplification », a-t-il déclaré devant des représentants de trois syndicats, FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale, notamment. « Je préfère toujours le dialogue à la confrontation […] La confrontation, ça ne produit rien », a asséné le chef de l’Etat.L’un des interlocuteurs du président a notamment souhaité aborder le thème du suicide, précisant avoir lui-même « failli passer à l’acte » au mois d’août. Notant les questions sur une feuille de papier, tentant parfois difficilement de répondre entre les éclats de voix et protestations, Emmanuel Macron a notamment été interpellé pêle-mêle sur les conséquences de la guerre en Ukraine, la simplification administrative, l’écologie vécue comme « punitive » par certains agriculteurs ou encore la rémunération des agriculteurs.Macron improvise un débat avec les agriculteursMalgré les vives tensions à son arrivée au SIA, Emmanuel Macron débat avec des agriculteurs et des représentants des différentes organisations syndicales, a annoncé l’Elysée. Les différents syndicats avec lesquels le président de la République a pris le petit-déjeuner doivent chacun envoyer une représentation pour ce débat, qui se tient malgré l’annulation du « grand débat » initialement prévu. Notre journaliste Olivier Pérou assiste à l’échange.Première demande des délégations à Emmanuel Macron : « relâchez nos collègues qui ont été embarqués ce matin. » Évocation de la crise… « Ça ne tient pas qu’à moi » dit Emmanuel Macron. « Ah si si si » grondent les agriculteurs | @LEXPRESS pic.twitter.com/x0W1JJvbMa— Olivier Pérou (@OlivierPerou) February 24, 2024Le Salon de l’agriculture ouvre (enfin) ses portes au publicCette ouverture s’est faite avec du retard en raison des heurts qui ont eu lieu ce matin lors de l’arrivée d’Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture. L’ensemble du site semble être ouvert, à l’exception du hall investi par des manifestants.Après son appel au calme, Emmanuel Macron se prépare à déambulerAprès un discours sur les mesures et une réunion avec les syndicats, Emmanuel Macron prévoit pour l’instant de déambuler. À 10 heures, l’ouverture du Salon n’a toujours pas été lancée.Emmanuel Macron assure vouloir déambuler dans les allées du salon de l’agriculture quadrillé par les forces de l’ordre, alors que, maintenus au loin, des agriculteurs continuent de mettre la pression. « En général, je ne redoute pas (d’être sifflé), ça m’est égal. » | @LEXPRESS pic.twitter.com/ze49QzDWYA— Olivier Pérou (@OlivierPerou) February 24, 2024Grand débat : Macron dit n’avoir « jamais songé » inviter les Soulèvements de la TerreEmmanuel Macron a affirmé n’avoir « jamais songé initier » une invitation au collectif écologiste radical des Soulèvements de la Terre à un grand débat au premier jour du Salon de l’agriculture, une nouvelle qui avait provoqué la colère des agriculteurs et déclenché un boycott du syndicat majoritaire. »Je démens totalement cette information. Totalement. Je n’ai jamais songé initier une telle invitation. Et vous parlez au président de la République qui a assumé de faire passer en Conseil des ministres la dissolution des Soulèvement de la Terre », a-t-il déclaré aux journalistes. « Toute cette histoire m’a mis en colère à un point que vous ne pouvez pas imaginer […] C’est n’importe quoi ». »Il y a eu une erreur qui a été faite quand ce groupement a été cité, mais c’est faux. Il y a eu la volonté d’organiser un débat avec toutes les parties prenantes, avec les distributeurs, avec la grande distribution, avec les industries agroalimentaires et avec les organisations qui sont dans les conseils, c’est-à-dire les organisations qui ont pignon sur rue, qui sont pacifiques et qu’on retrouve dans les conseils Ecophyto, etc », a-t-il dit, citant WWF et Greenpeace. « Les organisations qui pratiquent la menace, qui détruisent : jamais », a ajouté Emmanuel Macron.Macron souhaite la mise en place de « prix plancher » dans chaque filièreEmmanuel Macron a annoncé ce samedi matin qu’il souhaite la mise en place d’un indicateur du coût de production dans chaque filière qui devra « servir de prix plancher pour permettre de garantir justement le revenu agricole ». « Nous lancerons un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner », a-t-il encore déclaré.L’agriculture et l’alimentation bientôt « intérêt général majeur » ?Emmanuel Macron veut reconnaître dans la loi l’agriculture et l’alimentation « comme un intérêt général majeur » de la France, a-t-il indiqué lors de sa visite au Salon de l’agriculture. Le président a également annoncé que le projet de loi agricole, plusieurs fois repoussé, sera présenté en conseil des ministres le 20 mars, et qu’il tiendra une réunion avec « l’ensemble des organisations syndicales » dans trois semaines à l’Elysée. « Nous avons besoin de mettre de la reconnaissance, du respect, de la fierté pour le modèle agricole et pour nos agriculteurs », a-t-il détaillé, reconnaissant en la colère actuelle une triple crise « de revenu, de confiance et de reconnaissance » du monde agricole.À l’occasion de ce nouveau rendez-vous, le chef de l’Etat souhaite « consolider les mesures d’urgence » annoncées par l’exécutif, « consolider et officialiser les engagements nationaux et européens » et « bâtir un plan d’avenir agricole français et européen à 2040 ». « Il y a un besoin de vision, de cap pour notre agriculture qui est essentielle à la nation. Ceci suppose de continuer à travailler avec calme, méthode et détermination », a déclaré le chef de l’Etat.Emmanuel Macron appelle à ce que le « Salon se passe bien » »On ne répondra pas en quelques heures à cette crise agricole […] et le Salon de l’agriculture est un moment important pour nos agriculteurs, donc il faut que ce Salon se passe bien », a appelé Emmanuel Macron lors d’un point presse après une réunion avec les syndicats agricoles. « Je condamne toutes les violences, il n’y a pas de violence dans la République », a déclaré le président au sujet des heurts qui se sont déroulés à son arrivée au salon de l’agriculture. »Je le dis pour tous les agriculteurs : vous n’aidez aucun de vos collègues en cassant des stands, vous n’aidez aucun de vos collègues en rendant le Salon impossible et, en quelque sorte, en faisant peur aux familles d’y venir », a-t-il lancé, estimant que ce mode de revendication est « contreproductif ».Les organisateurs envisagent d’ouvrir partiellement le Salon de l’agriculture après les heurtsLes organisateurs du Salon de l’agriculture ont indiqué à l’AFP qu’ils espéraient ouvrir partiellement les portes au public samedi, une décision encore suspendue à l’évolution de la situation sur place où des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre et des manifestants. Ils envisagent que des « endroits restent inaccessibles » au public, en particulier le pavillon 1 – celui des vaches, moutons, cochons et chèvres – où ont convergé des centaines d’agriculteurs avant l’ouverture officielle de l’évènement au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris.L’événement, le plus grand salon de France qui attend 600 000 visiteurs sur neuf jours, ouvre d’ordinaire ses portes à 9 heures. À 10 heures, l’ouverture du Salon n’a toujours pas été lancée.Tensions à l’arrivée d’Emmanuel MacronLe président est arrivé autour de 8 heures au Salon de l’agriculture pour y rencontrer des syndicats de la profession. Il a été accueilli par les « Macron démission » et « rendez-le » de manifestants à l’intérieur du parc des expositions de la Porte de Versailles.Au même moment, des militants des syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale ont forcé une grille et fait irruption dans l’enceinte, ont constaté des journalistes de l’AFP. Certains, munis de sifflets, se sont précipités dans l’entrée principale. Des heurts ont éclaté entre manifestants et des membres du service d’ordre du Salon. Des CRS ont été obligés d’intervenir pour tenter de ramener le calme, au vu de la confusion et de la tension. »On ne voulait pas que Macron entre sans avoir donné sa vision pour l’agriculture sur 20 ans. Ça fait 22 jours qu’on attend des réponses et on n’a pas le début d’une réponse c’est inadmissible », a indiqué à l’AFP un manifestant, Jean Lefèvre, un agriculteur de la FNSEA venu de l’Oise. « Je ne suis pas étonné par ce qui se passe. On l’avait dit, on avait prévenu. C’est évident que ça allait se passer comme ça », a-t-il ajouté à propos des tensions.Macron annule son grand débat : récit d’une débâcleLe chef de l’Etat voulait reprendre l’initiative avec une formule déjà éprouvée avec les gilets jaunes. Le couac avec les Soulèvements de la Terre et le refus de la FNSEA ont révélé la vacuité de l’exercice.Improvisation totale ? Orgueil démesuré à vouloir réunir des ennemis autour d’une même table ? Méconnaissance de l’ampleur de la colère agricole ? Un mélange des trois, sans doute. En décidant de convier les Soulèvements de la Terre au « grand débat » prévu en ouverture du 60e Salon international de l’agriculture, samedi matin 24 février, l’Elysée a ruiné d’entrée son initiative…Relire notre récit >> Salon de l’agriculture, Macron annule le grand débat : récit d’une débâcleLe président de la FNSEA va « écouter ce que le président a à nous dire »Le président du syndicat majoritaire FNSEA a déclaré ce samedi matin vouloir « écouter ce que le président a à nous dire » au premier jour du Salon de l’Agriculture « dans une forme de respect du cadre », même « si ça risque parfois d’être un peu tendu ». « On veut regarder devant, on veut écouter ce que le président de la République a à nous dire sur sa vision de l’agriculture et sur la manière dont il entend porter l’ambition de ce secteur qui lui fait remonter des messages depuis des mois », a déclaré Arnaud Rousseau à la presse à son arrivée devant le parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris. »Ce que je souhaite, c’est que ça se fasse dans une forme de respect du cadre », a ajouté le patron de la FNSEA. « Même si ça risque parfois d’être un peu tendu, il faut que pour autant, on puisse faire passer le message. Et pour faire passer des messages, il faut qu’il puisse y avoir un dialogue », a-t-il complété. « On attend des réponses très claires, une vision très claire. Il a toutes les clés en main pour amener des réponses. A lui de jouer, à lui de redonner un vrai cap à cette agriculture », a complété son homologue du syndicat allié Jeunes agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot.



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Publish date : 2024-02-24 17:12:35

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