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« Fallout », « The Last of Us », « The Handmaid’s Tale »… Pourquoi les dystopies nous fascinent

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C’est l’une des sorties les plus attendues de 2024. Fallout, adaptation de la saga de jeux vidéo, arrivera sur Prime Video le 12 avril. Se déroulant sur une Terre dévastée par une catastrophe nucléaire, cette fiction d’anticipation envisage un futur proche transformé en cauchemar. Dans le jargon, l’exercice prend le doux nom de dystopie, un genre qui a envahi le petit écran depuis quelques années. Citons Black Mirror, sorti en décembre 2011, qui imaginait les dérives possibles de l’usage des nouvelles technologies. Ou bien l’univers totalitaire de The Handmaid’s Tale, dans lequel les femmes fertiles sont exploitées par une élite sans enfant. Sans oublier le récent récit post-apocalyptique (et pandémique) The Last of Us, un des grands succès de 2023 (deuxième meilleur lancement de la décennie sur HBO).Un signe de notre bonne santé mentaleCovid-19, guerre au Proche-Orient et aux portes de l’Europe, crise climatique… Dans un contexte international anxiogène, comment expliquer cette fascination ? D’abord, par intérêt pour ces sujets. « Les sériephiles que j’ai interrogés sont inquiets du monde actuel, mais ils voient ces séries comme des aides à penser, analyse Marine Malet, docteure en sciences de l’information et de la communication, chercheuse à l’université de Bergen, à l’origine d’une thèse sur le sujet. Pour certains, c’est presque un geste citoyen, une manière de se sensibiliser et de se documenter sur les thématiques abordées. Et puis, il y a une fonction cathartique à les regarder. »Mais cet engouement est aussi à relier directement à la période actuelle. La production dystopique a connu des évolutions tout au long de l’Histoire, précise Aurélie Huz, maîtresse de conférence en littérature française à l’université Paris-Nanterre, spécialiste de la science-fiction et des cultures médiatiques : « En littérature, on voit que le genre monte en puissance en même temps que l’inquiétude autour de l‘arrivée de nouvelles idéologies politiques, capitalisme et socialisme, dans la première moitié du XXe siècle. Dans les années 1960, il fait florès quand on commence à prendre conscience des conséquences de l’industrialisation sur l’environnement ou la population. » A regarder les grands succès de ces dernières années, nos angoisses se concentreraient donc sur les dérives des technologies numériques, la crise climatique ou encore le transhumanisme.Rassurez-vous, toutefois : désenchanté, le spectateur de 2024 jouit néanmoins d’une bonne santé mentale. « Si la dystopie a pour fonction principale d’alerter, ce geste d’anticipation est lui-même porteur d’espoir : celui de mettre en garde afin d’éviter, collectivement, la survenue des situations imaginées », explique Marine Malet. Tout n’est donc pas noir dans les séries dystopiques, qui restent d’abord un plaisir à regarder. « Leur visionnage n’a rien à voir avec la lecture d’un rapport du Giec, nous rassure Aurélie Huz. La fiction permet ce détour vers des thématiques que nous n’aimons pas voir dans la réalité. On les aborde parce que l’on sait que l’on est dans l’imaginaire. Et il ne faut pas oublier que ce qui fait récit, c’est la difficulté et l’affrontement. Il y a aussi des impératifs narratifs. » Certaines séries, comme la post-apocalyptique Station Eleven, diffusée en France fin 2022, sont même teintées d’optimisme. Dans cette fiction, où une grippe mortelle a décimé la population, les survivants vont tenter de reconstruire un monde, tout en essayant de garder le meilleur de l’ancien. Utopique, vous dites ?



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Author : Ide Parenty

Publish date : 2024-01-22 19:00:00

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