Le bras de fer se poursuit entre Viktor Orban et l’Union européenne. Et la pomme de discorde qui oppose le dirigeant hongrois aux Vingt-Sept depuis plusieurs semaines n’est autre que le fonds d’aide à l’Ukraine. Quelque 50 milliards d’euros. Lors du Conseil européen du 15 décembre dernier, Budapest a refusé de valider la révision à mi-parcours du budget européen multi-annuel, bloquant ainsi le versement des fonds jugés cruciaux pour Kiev dont les stocks de munitions s’amenuisent à mesure que le conflit s’enlise.Une situation dont Viktor Orban compte bien tirer profit. En conditionnant entre autres, la levée de son veto au déblocage des fonds hongrois. Au total, 21 milliards d’euros, gelés par l’Union européenne en raison de manquements à l’Etat de droit en Hongrie. Mi-décembre, plusieurs députés européens ont notamment reproché à Bruxelles d’avoir « cédé au chantage » de Viktor Orban en débloquant la coquette somme de 10 milliards d’euros.L’offensive d’Orban »La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen verse le plus gros pot-de-vin de l’histoire de l’UE à l’autocrate et ami de Poutine, Viktor Orban. Le signal est désastreux : le chantage […] porte ses fruits », a réagi l’eurodéputé écologiste allemand Daniel Freund.Des accusations balayées d’un revers de manche par la Commission, et par l’intéressé lui-même. « Mon expérience de plus de quarante ans en politique m’a appris qu’il ne faut jamais établir de lien entre des questions techniques telles que l’argent et des défis historiques. Sinon, on risque un chaos total. », a fait valoir Viktor Orban dans une interview au Point paru le 8 décembre dernier, soit une semaine avant le Conseil européen.Sans surprise donc, ce premier versement n’aura eu aucun effet sur la décision du Premier ministre hongrois qui ne semble pas avoir bougé d’un iota sur son refus de maintenir un fonds européen d’aide à l’Ukraine. Et dont la position a été rappelée ce jeudi 18 janvier par son ministre des Affaires européennes.Interrogé par nos confrères du Monde, Janos Boka suggère ainsi de créer un « fond doté par les Etats membres et les acteurs internationaux », indépendant du budget de l’Union européenne. De quoi doucher les espoirs de voir Viktor Orban céder à la pression de ses partenaires lors du Conseil européen extraordinaire qui se tiendra le 1er février prochain.La pétition qui tente de priver la Hongrie de son droit de voteFace au spectre d’un blocage prolongé, une contre-attaque se prépare dans les allées du Parlement européen. Une pétition circule depuis plusieurs jours. Lancée par le Finlandais du PPE (chrétien-démocrate) Petri Sarvama, le texte réclame le déclenchement de la privation des droits de la Hongrie, en vertu de la procédure de l’article 7-2 du traité sur l’Union européenne.La méthode est à rebours de celle utilisée par certains dirigeants européens, qui optent plutôt pour une approche en douceur. C’est le cas d’Emmanuel Macron, qui a invité le dirigeant hongrois à l’hommage national rendu à Jacques Delors le 5 janvier dernier. Une présence remarquée à l’issue d’une matinée qui s’est soldée par un déjeuner à l’Elysée en compagnie de onze autres dirigeants européens et de l’ancien président François Hollande. Et un récit du leader hongrois sur la période de transition post-communiste. C’est ce qui s’appelle, faire flèche de tout bois.
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Author : Ambre Xerri
Publish date : 2024-01-18 18:57:36
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Aide de l’UE à l’Ukraine : le chantage répété de Viktor Orban
