Le 4 février 1945, Staline, Roosevelt et Churchill se réunissaient au bord de la mer Noire, en Crimée, pour fixer les bases de la paix. La conférence de Yalta allait déboucher sur un partage du monde – et en particulier de l’Europe – entre les trois futurs grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Quatre-vingts ans plus tard, verra-t-on Donald Trump et Vladimir Poutine s’asseoir autour d’une table de négociations pour mettre fin à cette guerre en Ukraine qui s’apprête à basculer dans sa quatrième année ? Le futur président américain l’a promis : il réglera le conflit en moins de vingt-quatre heures. Mais comme Roosevelt en 1945, il aura besoin de la coopération de Moscou s’il veut parvenir à ses fins. On se souvient de l’illusoire “dialogue exigeant”, mené par Emmanuel Macron avec l’hôte du Kremlin quelques jours avant l’invasion russe de l’Ukraine : peut-on réellement discuter avec Vladimir Poutine, un dictateur qui envoie ses soldats à la boucherie pour tenter de grignoter quelques kilomètres carrés supplémentaires afin d’apparaître en position de force au moment de négocier ?Pour l’heure, les Ukrainiens continuent de montrer au reste du monde leur courage héroïque. “On se bat parce que c’est notre maison. Nous n’avons pas le choix”, résume Maryna Kumeda, auteure du Journal d’une Ukrainienne (Editions de l’Aube, 2023).Dans les chancelleries, les diplomates échafaudent des scénarios. Avec plusieurs convictions. Primo, 2025 constituera bien un tournant dans cette guerre. Aussi imprévisible soit-il, Donald Trump va sans doute permettre de débloquer la situation. Celui qui rêve déjà du prix Nobel de la paix en a en tout cas l’ambition. “Il représente une difficulté mais aussi beaucoup d’opportunités aux yeux des Ukrainiens”, estime Anna Colin Lebedev, maîtresse de conférences en science politique à Paris-Nanterre.Mais de quelle paix parle-t-on ? Car, et c’est la seconde conviction, il faudra pour l’Ukraine accepter des pertes territoriales. A condition d’obtenir des garanties solides tant sur la souveraineté du pays que sur sa sécurité physique. Mais qui fournira ces assurances, alors que l’aide américaine à Kiev est actuellement en sursis ?”2025 va placer chacun face à ses responsabilités, analyse Camille Grand, chercheur au Conseil européen pour les relations internationales et ancien secrétaire général adjoint de l’Otan. L’Europe devra montrer qu’elle est en capacité à prendre le relais et assumer une plus grande part du fardeau.” L’heure du réveil européen a sonné afin de ne pas laisser Donald Trump et Vladimir Poutine négocier seuls une sortie du conflit ukrainien. Car une paix juste ne peut se concevoir sans l’Ukraine et l’Europe. Il est crucial d’éviter de répéter le jeu de dupes de Yalta. Celui qui fit dire à Churchill, un an seulement après la conférence de Crimée : “Nous ne viendrons pas à bout des difficultés et des dangers en se voilant la face. Nous ne les ferons pas disparaître en attendant simplement de voir ce qui va se passer […]. Ce qu’il faut, c’est un arrangement et plus nous tardons à le conclure, plus il sera difficile à trouver et plus les dangers qui nous menacent deviendront importants.” En 2025, jamais ces dangers n’ont autant menacé l’Europe depuis l’après-guerre.
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Author : Eric Chol
Publish date : 2025-01-01 14:56:00
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