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L’Express

Antonio Guterres « indésirable » en Israël : aux origines du divorce diplomatique

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, le 18 avril 2024 à New York




Un point de rupture est atteint, entre l’ONU et l’Etat d’Israël. Ce mercredi 2 octobre, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, a annoncé avoir déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, « persona non grata en Israël ». Pour justifier cette décision, le représentant du gouvernement de Benyamin Netanyahou lui reproche de ne pas avoir condamné nommément l’Iran pour son attaque massive contre Israël mardi soir.Si Israël était déjà très critique vis-à-vis des Nations unies, cette décision marque une nouvelle étape dans la lente détérioration des liens entre l’organisation internationale et le gouvernement israélien. Une relation conflictuelle née de l’occupation israélienne des territoires palestiniens et qui s’est rapidement envenimée depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.Une condamnation de l’escalade sans mentionner l’IranPour le gouvernement israélien, la rupture de ce mercredi trouve son origine dans une déclaration mardi du secrétaire général de l’ONU. Après l’attaque de l’Iran qui a tiré dans la soirée près de 200 missiles sur Israël, Antonio Guterres a condamné « l’élargissement du conflit au Moyen-Orient », en déplorant « l’escalade après escalade ». Estimant qu’une « guerre totale au Liban doit être évitée à tout prix », il a ainsi réclamé « un cessez-le-feu » entre l’armée israélienne et le Hezbollah.I condemn the broadening of the Middle East conflict with escalation after escalation.

This must stop.

We absolutely need a ceasefire.— António Guterres (@antonioguterres) October 1, 2024Quelques heures plus tard, le couperet tombe côté israélien : « Quiconque ne peut condamner sans équivoque l’attaque odieuse de l’Iran contre Israël ne mérite pas de fouler le sol israélien. Nous avons affaire à un secrétaire général anti-israélien qui soutient les terroristes, les violeurs et les assassins », a affirmé Israël Katz dans un communiqué ce mercredi.Le ministre des Affaires étrangères a également justifié cette décision par le fait que Guterres n’a « pas encore dénoncé le massacre du 7 octobre, […] ni condamné le recours à la violence sexuelle par le Hamas », rapporte le quotidien israélien Jerusalem Post. Deux affirmations pourtant démenties et contredites par l’ONU en octobre 2023 et mars 2024. « Israël continuera à défendre ses citoyens et à défendre sa dignité nationale, avec ou sans Antonio Guterres », a conclu Israël Katz, cité par le journal israélien.Le fossé se creuse depuis le 7 octobreBien qu’Antonio Guterres ait finalement « condamné avec force l’attaque massive aux missiles par l’Iran sur Israël » quelques heures plus tard, la déclaration du ministre israélien illustre la rupture accélérée des relations entre l’Etat israélien et l’ONU, depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Peu après le début de la guerre d’Israël à Gaza contre le mouvement islamiste, les appels israéliens à la démission d’Antonio Guterres ont débuté, lorsqu’il a souligné que l’attaque du Hamas ne s’était « pas produite dans le vide » et que « le peuple palestinien [avait] été soumis à 56 ans d’occupation étouffante ». Une référence à la politique israélienne d’occupation de territoires palestiniens initiée en 1967.Les tensions se sont ensuite accentuées autour « du rôle de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA. En janvier, Israël a affirmé qu’un certain nombre de membres du personnel de l’agence avaient été impliqués dans les attaques du 7 octobre », rappelle ce mercredi la BBC. Après une investigation ayant mené au licenciement de 9 des 13 000 employés de l’UNRWA à Gaza, l’agence onusienne a dénoncé la destruction de ses infrastructures dans la bande de Gaza, où 220 membres ont été tués.Par la suite, les multiples alertes de l’ONU concernant les conséquences humanitaires des représailles israéliennes et la qualification de « génocide » parmi les rangs onusiens ont creusé le fossé. La semaine dernière, c’est du haut de la tribune même de l’Assemblée générale de l’ONU que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a de nouveau sonné la charge : « Jusqu’à ce qu’Israël […] soit traité comme les autres nations, jusqu’à ce que ce marécage antisémite soit asséché, l’ONU sera considérée par les gens justes comme rien de plus qu’une farce méprisante », a-t-il lancé jeudi 26 septembre.Un soutien initial brisé par la colonisation israélienneLes relations n’ont pourtant pas toujours été aussi houleuses, tempère la radio allemande Deutsche Welle. Au-delà du rôle « de sage-femme » attribué à l’ONU dans la création de l’Etat israélien en 1947, le média racontait fin mars qu’Israël s’était rapproché de l’exécutif onusien ces dernières années. « En 2012, par exemple, le pays a nommé pour la première fois un vice-président de l’Assemblée générale et, en 2016, un Israélien a été nommé président de la Commission des affaires juridiques ».Les choses changent pourtant « après la guerre des Six Jours de 1967 et l’occupation israélienne des territoires palestiniens », résume la Deutsche Welle : « Les relations entre Israël et l’ONU se sont considérablement détériorées et le nombre de résolutions critiques à l’égard d’Israël adoptées par l’Assemblée générale a grimpé en flèche ». Depuis la création du Conseil des droits de l’homme en 2006, plus d’un tiers des 300 résolutions de condamnation ont visé Israël, affirme auprès de l’AFP son ambassadeur à Genève. Une insistance perçue par Israël comme un biais de l’ONU à son encontre.Plus largement, le pays ignore depuis sa création en 1948 une multitude de résolutions de l’ONU et de décisions de tribunaux internationaux condamnant ses actions. Ni la résolution 194 sur le droit au retour des Palestiniens chassés lors de la création d’Israël, ni la condamnation de l’occupation des territoires conquis en 1967, ni celle de la création de colonies illégales n’ont été respectées. Dès lors, plusieurs experts du Conseil des droits de l’homme (CDH) s’inquiètent auprès de l’AFP des conséquences à long terme pour une Organisation des Nations unies constamment remise en cause ou ignorée. Pour Pedro Arrojo-Agudo, l’expert sur le droit à l’eau potable du CDH, « nous allons faire exploser l’ONU si nous ne réagissons pas ».



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Publish date : 2024-10-02 19:44:12

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