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On ne pleurera pas la mort de Hassan Nasrallah et d’une partie de son état-major. Pas nous. Pas la France, visée à de multiples reprises par le Hezbollah. Explosion du Drakkar à Beyrouth, attentats dans Paris, prises d’otages au Liban, mort de Michel Seurat, de Louis Delamarre… Le Hezbollah a du sang français sur les mains. On ne la pleurera pas davantage en Syrie, où le Parti de Dieu participe sans relâche aux basses œuvres de Bachar el-Assad.Au Liban, on n’oublie pas la litanie des assassinats commis par le Hezbollah, ou auxquels il a prêté main-forte. On se souvient que la mort de Rafic Hariri comme l’explosion du port de Beyrouth sont restées impunies. On est pleinement conscient que depuis plusieurs années, les institutions libanaises sont bloquées et prises en otage par le parti chiite, qui s’attelle à ce qu’il n’y ait pas de Président et presque plus d’Etat. On n’ignore pas par quels trafics le Hezbollah se finance et combien il contribue au risque que le Liban tout entier ne vire au narco-Etat. On fait la fête en Israël, visé depuis des décennies par les attentats et les attaques de la milice chiite, dans le Nord du pays comme à travers le monde.La cause est entendue, ou devrait l’être : lorsque les Etats-Unis ont éliminé Oussama Ben Laden, personne ne s’est lamenté. Le Conseil de Sécurité des Nations unies a sobrement rappelé que le chef d’Al-Qaeda ne serait « plus jamais en capacité de commettre des attentats terroristes ». Le secrétaire général de l’ONU d’alors, Ban Ki-moon, était allé plus loin : « Les crimes d’Al-Qaeda ont touché la plupart des continents, semant la tragédie et la mort de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. C’est un jour où se souvenir des victimes. Je suis personnellement soulagé que justice ait été rendue pour un tel dirigeant du terrorisme international. »Faillite moraleOn aimerait une même clarté aujourd’hui, mais elle est rare. Tout laisse à penser depuis le 7 octobre que n’importe quel pays peut lutter contre le terrorisme à l’exception d’un seul, Israël. Il y a dans une partie de notre classe politique une dérive et une faillite morale qui suscitent colère et dégoût. Qu’une partie de l’opinion publique y soit perméable dit deux choses : la première est que nous n’avons plus de mémoire et ne réagissons que par l’émotion de l’instant présent, facilement exploitable et dangereuse pour nos démocraties. La seconde est que le gouvernement de Benyamin Netanyahou et de ses alliés d’extrême droite porte, par ses excès, sérieusement atteinte au crédit d’Israël et à la solidarité qui lui est due. L’élimination ciblée de terroristes avérés est une chose. La brutalité sans limite de l’opération militaire à Gaza et les violences encouragées des colons de Cisjordanie en sont une autre, qui entachent inévitablement le crédit d’Israël.Empêcher une nouvelle SyrieReste le Liban et son avenir. Si la France, comme elle le dit, aime vraiment le Liban, elle doit ouvrir les yeux, et vite, et agir en conséquence. Le pays est en danger, depuis longtemps et nous n’avons pas su empêcher sa lente agonie. L’économie comme l’Etat sont en lambeaux, les factions font la loi, l’exode des Libanais se poursuit et s’accélère. L’intérêt général a depuis longtemps cédé la place au chacun pour soi et au sauve-qui-peut. Israël ferait bien de se souvenir que l’euphorie qui a suivi la chute de Saddam Hussein ou celle de Kadhafi n’a été que de courte durée, faute d’alternative sérieuse et crédible en Irak comme en Libye. C’est au peuple libanais de se saisir de ce moment de bascule où tout est possible, le pire comme le meilleur.Nous pouvons, nous devons l’aider dans la mesure de nos moyens, mais jamais nous substituer à lui. Trop souvent, trop longtemps, nous avons agi comme si le Liban était encore sous protectorat français. Chaque fois, nous avons créé des attentes que nous avons déçues. Aujourd’hui, la mort de Hassan Nasrallah ouvre la voie à un nouveau Liban. Aux Libanais d’en écrire l’Histoire. Aux amis du Liban d’empêcher une nouvelle Syrie.
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Publish date : 2024-09-30 05:45:00
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